(En)boîte(ment) de nuit et de rangement

    Ou des effets bénéfiques d’aller en boîte le lendemain d’une nuit écourtée à son commencement pour cause de dissertation philosophique – je ne vous rappellerai pas la jouissance du point final à deux heures du matin, quand à cette magnifique question qu’est « Qu’est-ce que bien juger ? », vous pouvez déclarer l’affaire classée. Vu le caractère tardif des délibérations – je plaide coupable-, il n’est pas garanti que le procès verbal soit exempt d’erreurs judiciaires. Qu’importe : un point final, adjugé vendu, petit coup de marteau – nul besoin alors de massue pour vous endormir.

    Le lendemain matin fut particulièrement éprouvant ; l’éternité, c’est long, surtout sur la fin de la matinée. Réduites à parler des lectures guimauve-romantiques de nos dix ans. Pour s’apercevoir avec ma voisine que nous avions lu les mêmes. On ne se rend pas compte de l’ampleur du monopole dans ce domaine. Un conformisme de clichés souriants – ce serait un album familial, passe encore, mais cela relève plus de l’album d’autocollants Panini à collectionner. Voilà, voilà. Donc si un rire niais vous échappe quand votre plume vous démange, mesdemoiselles, il y a un créneau à prendre.

    Tout ça pour dire que nous étions épuisées et qu’un passage en boîte –nous passerons les délibérations sous ellipse- a fait du bien. Un prépateux, c’est comme un téléphone, il faut le vider entièrement pour que la batterie soit convenablement rechargée. [Vous mettrez la comparaison sur le compte du manque de sommeil, je suis en cours de chargement.] Et au retour : le délice du pain au chocolat encore tiède et fondant, qui n’a pas eu le temps de sécher et vous laisse les mains toutes graisseuses, la boulangerie tout juste ouverte, l’apprenti en train de fournir les présentoirs.

    J’en viens à ce que fait la raison du titre : le lien entre boîte de nuit et de rangement. Ce dernier est l’activité me tenant éveillée sans grand effort mental la plus utile que j’ai trouvée. Il faut en effet quelque chose de vraiment simple ; j’ai tout de même mis dix bonnes secondes à me demander si Montaigne, c’était avant Montesquieu (dans l’ordre alphabétique et donc sur mon étagère). L’automatisme dans la bonne humeur, voilà ce qu’il faut. Mika, donc, comme si je n’avais pas assez entendu de musique. Et le rangement de mes cours. Dissocier les cours empilés alternativement dans le sens de la longueur et de la largeur, édifiant une pile digne d’une tour de Kapla – et aussi prompte à se casser la figure. Vider chaque volet du trieur. Les ajouter au corpus du bureau  correspondant. Versions d’un côté, commentaires de textes de l’autre. Ouvrir les anneaux voraces de mon classeur de philo et lui donner en pâture l’analyse du premier livre de la Physique d’Aristote. Indigeste mais il dévore. Saisir une pochette plastique à droite, les feuilles à gauche et unir en un mariage heureux chaque texte latin à sa traduction. Bénir l’agrafeuse d’avoir mâché le travail. Mettre le dictionnaire de thème latin sur l’étagère du dessus, moins accessible. Redresser les classeurs et prendre celui qu’on vient de ranger quelques minutes auparavant pour y ajouter une feuille esseulée retrouvée dans la corbeille de papiers. Verbe – complément. Mika fait un bis puis un ter de tout son album.

Début des vacances : reeeelax, take it eeeeeaaaaaasy
Fin de vacances : no hope, no love, no glory, no happy ending ?

 

15 réflexions sur « (En)boîte(ment) de nuit et de rangement »

  1. Ravi d’être en mesure de lire un de tes articles ! (ce qui signifie : chouette, j’ai à nouveau le net à ma disposition, presque deux semaines !)

    Tu as de la chance de posséder le Georges Edon, tout de même moins sympathique qu’Anatole ou Félix ; j’attends la désertion d’un optionnaire lettres classiques pour lui racheter insidieusement cet objet onéreux (je peux toujours rêver, nous ne sommes déjà plus beaucoup dans cette option…)

    « De la jouissance du point final », parfaitement d’accord avec toi ; l’espace d’un instant, les soucis s’envolent, un apaisement complet nous gagne… un instant, seulement…
    Reste à se demander comment nous vivrons le « point final » de cette année de khâgne… (comment ça, « je m’en pose de ces questions » !)

    Ouh ! Je suis aussi bavard que Démosthène dans ses grands jours ; l’émotion de vous retrouver après 3 semaines, cher(e)s ami(e)s bloggeurs !

    1. Ravi d’être en mesure de lire un de tes articles ! (ce qui signifie : chouette, j’ai à nouveau le net à ma disposition, presque deux semaines !)

      Tu as de la chance de posséder le Georges Edon, tout de même moins sympathique qu’Anatole ou Félix ; j’attends la désertion d’un optionnaire lettres classiques pour lui racheter insidieusement cet objet onéreux (je peux toujours rêver, nous ne sommes déjà plus beaucoup dans cette option…)

      « De la jouissance du point final », parfaitement d’accord avec toi ; l’espace d’un instant, les soucis s’envolent, un apaisement complet nous gagne… un instant, seulement…
      Reste à se demander comment nous vivrons le « point final » de cette année de khâgne… (comment ça, « je m’en pose de ces questions » !)

      Ouh ! Je suis aussi bavard que Démosthène dans ses grands jours ; l’émotion de vous retrouver après 3 semaines, cher(e)s ami(e)s bloggeurs !

    2. Oh non, pas de Georges Edon, un tout petit dictionnaire de thème, genre abrégé pour la survie de l’hypokhâgneux. N’étant pas en lettres classiques, je ne fais plus de thème cette année…

      Je crains que nous finissions par changer le point final de la khâgne par des points de suspension et de repousser la question d’une année.

      Parlez, parlez, l’émotion des retrouvailles est partagée. Que je ne sois pas la seule accro à bloguer le lendemain d’une nuit blanche en boîte, tout de même !

    3. Oréééééoooooo tu es la comète de la nuit, je ne peux mêm pas bloguer tout mon être est anesthésié, quelllle nuuuit … d’allieurs à ce propos ton titre est fort ambigu 😉

    4. Ben oui j’ai cédé, c’est à cause de vous autres qui tenez des blogs, vous m’avez pervertie!

      Moi qui m’étais efforcée de suivre le droit chemin…

      Ah, peut-être qu’Aristote suit la logique de la prépa.

      Mdr ton professeur d’anglais! Je me demande si les profs communistes farouchement athées ne sont pas mieux (j’en connais peu, j’ai fait toute ma scolarité dans un établissement catholique…)!

      Mais je sais que LB, c’est bien: j’y ai même postulé! Mais je suis restée sur liste d’attente. La responsable des prépas m’a conseillé de re-postuler en khâgne. On verra.

      On a une bouilloire, une cafetière, du sucre (Daddy s’il-te-plaît), du cappucino, du chocolat à saupoudrer sur le cappucino, du Lipton au citron, du Twinings pomme-canelle et caramel. On ramène souvent un paquet de BN au chocolat (parce qu’à la vanille c’est dégueu), du marbré, du quatre-quarts. On pense qu’à bouffer, ce qui nuit à l’ingestion de la manne spirituelle, selon mon professeur d’Histoire. Mais bon, le jour où j’écouterai un prof d’Histoire…

      Pour ce qui est des épiciers, ben écoute, on n’a pas vraiment le choix… Il y a cinq garçons dans ma classe, tous très différents les uns des autres (ce qui pallie un peu leur faible nombre): il y en a des pas mal, mais aucun ne m’attire vraiment (enfin, si, un… mais bon). En khâgne, il n’y a qu’un garçon (mais je soupçonne qu’il n’en est pas un vrai). Et chez les taupins, il n’y a rien de bon selon des copines (je ne peux même pas corroborer ces dires, étant donné que ces énergumènes ne quittent jamais leur trou, et donc que je ne les ai jamais vus). Ah si! J’en ai vu un, qui lui-même reconnaît qu’un taupin ça craint. Une copine a une toooooouche avec lui.

      Sinon, dans le genre bouquin guimauve-romantique, j’ai lu « Tiens bon, Rachel » de Judy Blume. L’histoire de trois filles en classe de cinquième, qui fantasment sur un quatrième trop sexy qui porte un blouson sur lequel est imprimé un dragon et qui suit les cours de maths pour les surdoués. Qu’est-ce-que j’ai kiffé ce livre…

    5. Melendili >> Je n’avais même pas pensé à l’ambiguïté, innocente que je suis. Ca doit être l’inconscient qui parle. Faudrait vraiment que je pense à réveiller mon surmoi. 😉
      Mais si je suis la comète de la nuit, tu es celle du jour, dear, avec ta chevelure flamboyante (je m’entraîne pour l’écriture des clichés – faudrait ajouter un petit mouvement l’Oréal, coz’ you’re worth it).
      Et j’espère que tu vas reprendre le bloggage dès que tout ton être sera remis. J’attends de pied ferme. Et zED aussi apparemment. Quoique peut-être d’un pied moins ferme… rha ces gens qui boivent, vraiment. ^^

      Piperata puella >> Vraiment, en onomastique fantaisiste, je suis sûre que piperata, c’est de la même racine que pipelette. Tu es la seule personne qui fasse des commentaires plus longs que les miens. ^^.
      D’abord, je ne pervertis personne. Que faisais-tu déjà là, à traîner sur les blogs, petite dévergondée ? Tout le monde sait que c’est l’antre de la débauche, on reste collés à l’écran comme des papillons à une lampe par une belle nuit obscure (promis, je ne ferai pas de poésie).
      Par contre si on commence à amener de la bouffe, c’est la fin des haricots. Et mes camarades de classe ne comprendrons plus pourquoi mon ventre fait toujours du bruit. En même temps, j’avoue que le moelleux au chocolat apporté pour l’anniversaire d’une khâgneuse, c’était pas mal…
      Epiciers ou autre. Prépa casée, prépa ratée. C’est ce qu’on dit et je n’ai pas eu l’occasion de vérifier. Alors, mieux vaut penser que c’est précisement parce que je n’étais pas casée que je n’ai pas raté ma première année. Je fais des syllogismes réconfortants quand je veux, d’abord.
      Mein Gott, Judy Blum ! Je me souviens bien du nom de cet auteur, mais pas des innombrables bouquins que j’ai lu. Et ton résumé ne me rappelle rien.

      Et un jour, j’arrêterai de commencer toutes mes phrases de réponse de commentaire par « et ». Latinisme ?

    6. « en onomastique fantaisiste, je suis sûre que piperata, c’est de la même racine que pipelette. »

      ==> sûrement. Depuis la première section de maternelle (c’est-à-dire depuis que j’ai 2 ans et demi), ma mère est convoquée par les professeurs à cause de mon irrépressible faconde.

      « Latinisme ? »

      ==> bien sûr. La polysyndète est une déformation professionnelle très répandue due à une pratique abusive de la version (et du thème!) latine.

      « Epiciers ou autre. Prépa casée, prépa ratée. C’est ce qu’on dit et je n’ai pas eu l’occasion de vérifier. Alors, mieux vaut penser que c’est précisement parce que je n’étais pas casée que je n’ai pas raté ma première année. Je fais des syllogismes réconfortants quand je veux, d’abord. »

      ==> Alors là, tu me désespères. Mais où rencontrerai-je donc le grand amour de ma vie?

    7. Comment ça « je bois » ? 😀

      Même pas vrai… (mes nouveaux posts auraient-ils donc l’air d’une confession d’un khâgneux ivre, qui titube, une bouteille dans une main, un Gaffiot dans l’autre ?)

      Mimy, je suis toujours terriblement embarrassé par mon bizuth qui me demande toujours la traduction de « vaisselle sale » en latin… (cri de désespoir) Je crois que je vais convoquer la grande, la merveilleuse, l’excellente Inci’ pour me porter secours (et je verrai si elle mérite le titre de SpiderMan du latin)

      ^ ^

    8. Piperata puella >> Oui, faire désesperer les gens est une bonne manière de ne pas désespérer soi-même.

      zED >> Que nenni. Vos posts sont toujours d’une vérité criante. In vino veritas, pas vrai ?
      Et comme je te sens dans une détresse extrême, pour toi, j’ai fait pivoté ma chaise, j’ai étendu le bras pour atteindre l’étagère supérieure et j’en ai tiré mon mini dico de thème. Alors, vaisselle, tu as le choix entre vasa, orum, npl. ou supellex, ectilis, f. (Supellex, ça fait un peu école d’ingénieur ou marque de machine à laver la vaisselle, m’enfin…). Et qu’en dit gros Gaffiot que je viens de faire sortir de son hibernage pour vérifier ? Que vasa, c’est plus vaseux et apparemment plus orienté vers le vin, tandis que supellex, c’est carrément « équipement ménager, ustensiles de ménage, vaisselle ». Mais comme pour les deux, tu as l’aval de Cicéron, it’s up to you. (Après Cicéron le grand orateur, Cicéron le grand homme de ménage ?). Tu vas donc pouvoir sermoner ton HK : « Supellex immunda lavanda est » (ou delenda est, pour plus de rapidité et s’il a eu la présence d’esprit de prendre des assiettes en carton).

    9. Comment ça les gens qui boivent ? je me joins aux protestations de Zed !!! Avoue que cette fois ci mes perceptions étaient fort claires et distinctes, et je n’ai mêm pas rembarré quelq’un en latin ^^ ( aude rêve d’entendre ça ! )

    10. elendili >> Tacete ! 😉
      C’est vrai, tu étais très (trop) lucide. Au point de nous achever à 5h du mat’ : métro ou rer ? « ah… mais qu’est-ce que bien juger? »
      Bon, aux prochaines vacances, aph et tu nous montreras que tu n’as pas perdu ton latin. Comme ça Aude pourra assister à ce moment culte.

    11. Mimy > tu me sors du pétrin ! Dans 20 ans on retrouvera le manuscrit du « De supelectile cartone » de Cicéron…

      Elendili > si je comprends bien, tu es née au mauvais endroit ; les Vosges auraient été un choix plus judicieux (nos amis vosgiens qui boivent au goulot du cubi de rosé, ça c’est fort !)

    12. Tiens, il se trouve que tes occupations ressemblent étrangement aux miennes…
      Vendredi soir, afin de fêter dignement les vacances (que pour ma part j’avais auto-proclamées en sortant de kholle de bio, mais passons), j’ai enfin laissé l’étudiante libre qui sommeillait en moi se montrer au monde (comprendre : j’ai squatté le podium du Tiffany’s club, haut lieu de la clubberie messine, comme son nom l’indique). Et ça fait foutrement plaisir, ma foi.
      Le lendemain mat.. après-midi, rangement de mes cours de maths et physique, ce qui m’a pris au bas mot 4 heures. Accompagnée dans ma douleur par Benjamin Biolay, qui a eu le temps de chanter 4 fois son nouvel album. Je n’ai pas encore oser m’atteler au rangement des cours de bio. J’ai peur. Priez pour moi. Que la force de Mika soit avec moi. Si Mika voulait être avec moi tout court, je suis pas contre, cela dit…

      Bisous très chère !

    13. Accompagnée dans ma douleur par Benjamin Biolay, qui a eu le temps de chanter 4 fois son nouvel album )))) J’aime bien aussi le nouveau. Particulièrement Douloureux Dedans et Dans ta bouche (des titres assez imagés il faut le dire…)

      Bon André Gide m’attend moi !

      Bonne nuit ou bon jour 🙂

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