Dune 2, c’est le film parfait à aller voir en couple.
Le boyfriend s’émerveille de la beauté de Zendaya.
Je m’émerveille du visage taillé à la serpe de Timothé Chalamet.
Ensemble nous nous émerveillons de la beauté du désert.
Il ne me restera pas grand-chose d’autre du film (l’intrigue me rentre par une oreille et en ressort par l’autre), mais ça en valait le coup quand même.
Deux pics d’excitation bonus :
1. La souris-kangourou du désert !
Paul-Timothée Chalamet a senti que cette souris risquait de le détrôner dans mon cœur, et a repris son nom dans la langue des Fremens : je peux ainsi kiffer Muad’Dib sans avoir à préciser s’il s’agit de Paul ou de la super-souris.
2. La très poétique danse des Fremens
Pour ne pas se faire bouffer par les gros vers du désert qui sont attirés par le rythme régulier de la marche, les Fremens se déplacent en dansant. Les pas entrecoupés de glissades et ronds de jambe laissent sur le sable des traces qui ressemblent à une partition en notation Feuillet, ça m’a réjouie. En cherchant (en vain) une illustration, j’ai d’ailleurs découvert que c’est Benjamin Millepied qui a réglé cette courte chorégraphie.
Pour les spectateurs de Dune qui seraient aussi balletomanes, je suis obligée de partager ce meme de niche mais de qualité.
Distinguerez-vous les séries que j’ai regardées seule et celles que j’ai regardées avec le boyfriend ? Level : archi-débutant.
Série préférée de l’année : En thérapie
Catégorie balletomane & 10 ans après tout le monde : Graines d’étoiles
Catégorie série arrêtée en cours de route par lassitude après un début kiffant sur les chapeaux de roue : Mr. Robot
Catégorie on ne s’en lasse pas ou presque : Sex Education (saison 3)
Catégorie ça passe sous Tramadol, mais c’est bien parce qu’il y a Virginie Effira : Tout va bien
Catégorie mon petit cœur adore : Heartstopper (saison 1)
Catégorie bonne surprise improbable : Spy Family (saison 1)
Le père est espion, la mère est tueuse à gage et la fille adoptive, qui lit dans les pensées, est la seule à connaître la vérité sur chacun. Si vous avez les mangas, n’hésitez pas.
L’année cinématographique avait bien commencé, puis… La paranoïa des punaises de lit a coïncidé avec le tunnel de la reprise des cours et ma hernie discale (les fauteuils de cinéma n’offrent pas vraiment le soutien idéal quand il ne faut surtout pas arrondir la colonne) : cela fait donc quatre mois que je fais du mécénat avec ma carte UGC et hésite à la résilier. Je résiste encore un peu et mise sur la nouvelle année.
Les films que je conseillerais ou reverrais volontiers :
Le Tourbillon de la vie
Tu choisiras la vie
Aftersun
Dancing Pina
Bonne conduite
The Wonder
Les films que, vraiment, vous pouvez vous épargner :
Awakenings
Non ma fille tu n’iras pas danser
Vers un avenir radieux
Vie aquatique
Les acteurs, mais surtout actrices, que j’ai eu plaisir à retrouver :
Et aussi Mia Wasikowska dans The Devil All the Time et Aimee Lou Wood dans Vivre. Bonus midinette : Lyna Khoudri et François Civil dans Les Trois Mousquetaires.
… I can brush your hair, undress you everywhere Imagination, life is your creation
Barbie au cinéma. Je ne sais pas trop quoi en penser sur le moment. Le rythme, calé sur la parodie de l’émerveillement de stereotypical-Barbie-qui-voit-la-vie-en-rose, empêche que ce soit vraiment drôle sur la durée, alors que ça a tout pour l’être. Cela me fait un peu le même effet que la seconde de trop du komisch allemand (dans un tout autre genre, oui). Et ça me fout dans l’incertitude : le kitsch ultime de la scène entre Barbie et sa créatrice vieillie est-il du premier ou du second degré ? On sort la carte de la créatrice comme un joker : si Barbie a été créée par une femme, alors tout va bien — exit le male gaze intériorisé. On peut fermer les yeux sur ses mensurations improbables ; d’ailleurs, vous avez vu, toutes les corpulences sont représentées au casting.
Il y a dans cette scène un effet de sourdine sur l’ironie, comme si le regard de Mattel se faisait pesant sur le film de Greta Gerwig. D’accord pour inclure toutes les dénonciations possible, l’autodérision est bonne pour la marque ; mais pas sur la fin, la fin c’est marketing. À la fin boys will be boys et Barbie will be Barbie. La réalisatrice ne peut plus se permettre d’être cinglante, et s’en remet au double-tranchant du kitsch, dont la force perdure même quand on l’expose pour le tourner en ridicule (big up Kundera). Le premier degré (qui doit faire kiffer Mattel) n’est donc pas annulé par le second (orchestré par Greta Gerwig). Oui, mais : la permanence du premier degré (en rassurant Mattel) permet aussi le second, et ça, c’est franchement bien joué, Greta Gerwig. Finement joué, in fine, même si j’aurais davantage ri sur plus cinglant (l’unique incursion extra-diététique d’une voix off était savoureuse, et aurait pu être réutilisée plus fréquemment). La scène finale est une plaisanterie sans conséquence, mais avec mordant ; pas de demi-teinte, tout le monde repart léger — en rose, baby.
Je n’ai jamais été très Barbie, mais j’ai été ado dans les années 2000 : mon âme de trentenaire a kiffé les extraits de la chanson d’Aqua au générique… en citation dans un remix (toujours cette même distance mi-précautionneuse mi-ironique).
Comme beaucoup l’ont dit : Barbie n’est pas parfait, mais il a le mérite d’exister. C’est typiquement un film que je suis plus contente d’avoir vu que de voir : le casting de bons acteurs fait qu’à petites doses en reaction gif et autres références joyeusement martelées, ce sera tout à fait savoureux.
Les gif font d’ailleurs manifestement partie du dossier de presse, à en croire le hashtag :
Margot Robbie, parfaite en stereotypical Barbie. Ici dans une scène qui avait un petit goût de The Good Place (pas certaine que ce soit une référence voulue, contrairement à la scène d’introduction ?).
Ryan Gosling est impayable en Ken, tour à tour prétentieux, insecure (incel materiel), pathétique, ridicule et presque touchant.
J’espère qu’on aura plus de gif sur les cadres de Mattel (celui-ci n’est pas terrible) ; il y a des passages croquignolesques.
Quand on ouvre les fenêtres en voiture alors qu’on roule vite, il me faut toujours un moment avant de trouver mon souffle, cinglée par l’air. C’est pareil pour Everything, everywhere, all at once, que j’avais lancé pour me détendre, sans me douter de l’exigence du rythme : j’ai interrompu deux fois le visionnage avant de me faire à l’afflux visuel et d’entrer vraiment dans le délire. Je ne suis pas certaine d’avoir retenu grand-chose de l’histoire mère-fille qui se joue, noyée dans une myriade d’univers avec des doigts-Knacki et un bagel-trou noir destructeur de l’humanité, mais j’ai passé un bon moment. Puis j’ai toujours une tendresse particulière envers les gens qui déploient des trésors d’imagination pour nous rassurer sur nos choix de vie, postulant pléthores de vies parallèles alternatives pour vérifier qu’on ne peut pas tout avoir, et que la plus éclatante n’est pas nécessairement la plus heureuse.
Je verrai toujours vos visages
L’essentiel du film consiste en séances de parole entre détenus et victimes d’infractions similaires, préparées en amont par des médiateurs. Comprendre, non pour pardonner à l’autre, mais pour se réparer soi : c’est tout l’intérêt de ce dispositif de justice restaurative. Je verrai toujours vos visages est optimiste sans être joyeux, un concentré d’humain trop humain porté par une pléiade de bons acteurs (notamment Leïla Bekhti, Élodie Bouchez et Gilles Lellouche).
Dancing Pina
La danse de Pina Bausch se prête décidément bien au documentaire. Pour un peu, elle passerait mieux à la caméra que sur scène, lorsque le geste est explicité dans la transmission, et les émotions qu’il remue chez les interprètes, captées à fleur d’instant.
J’ai aimé qu’il n’y ait pas de voix off, seulement les artistes qui s’expriment, danseurs et passeurs. J’ai aimé qu’on suive à la fois une transmission tout ce qu’il y a de plus classique, à une compagnie classique européenne, et celle, plus ébouriffante, de l’École des sables, rassemblant des artistes de toute l’Afrique aux parcours plus divers, avec une performance finale du Sacre du printemps dansée non pas dans un théâtre, la scène préalablement recouverte de terre apportée par bennes, mais sur le sable, sur la plage, avec le vent et quelques badauds qui n’ont pas été contenus hors-champ, un simple sillon délimitant l’espace de représentation. C’est un peu dingue.
À la fin de la séance, un monsieur se tourne vers moi (envie de parler) et me raconte qu’en je-ne-sais-plus-combien, il avait eu la chance (envie de parler de lui, bon), alors qu’il était à l’école normale de Lille (envie de faire l’important, va pas falloir que ça dure trop), d’assister à une masterclasse… de Béjart. J’avoue, je n’avais pas vu venir la chute. (Pour l’envie de faire celui qui s’y connaît, c’est un peu raté, mais c’est mignon.)
Awakenings (sur Amazon prime)
Première heure de film : les bons sentiments, une belle histoire édifiante, bon, pourquoi pas.
Seconde heure de film : les bons sentiments sans rythme, avec enlisement dans le pathos, c’est non.
Une histoire toonesque, but make it animation, make it Wes Anderson. À la fois décalé et attendu. Drôle.
Le boyfriend, avec son œil de graphiste, a remarqué que Wes Anderson adorait les plans symétriques, centrés. Impossible de ne plus le voir une fois qu’on l’a vu.