Revue de blog #6

j’avais une enfant depuis un an, j’avais complètement, mais alors complètement oublié, c’est l’autre parent qui s’en occupait […] avais-je seulement accouché […] maintenant que je me souvenais, j’étais condamnée pendant des années à l’amener à l’école le matin et venir la chercher le soir, une immense tristesse m’accablait, ma mère disait se souvenir de mon accouchement, elle avait tapé l’incruste, elle se souvenait de mon test positif aussi, j’étais dépossédée de moi

rechute, Rêver peut-être

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I think being able to endure that discomfort when doing unpleasant things is a learnable skill and can be practised […]

in order to avoid procrastination we have to develop empathy for our future selves

[…] eventually I stopped finding it a chore. I now wash dishes with a neutral state, and I no longer find it dreadful. Times like this I find the plasticity of the brain very fascinating.

Reading was a skill I had to pick up and get used to again. And till today it is still something I have to be very deliberate and intentional about.

[scrolling] I use it to “rest” after doing difficult tasks, but it slowly seeps more of my mental energy away. After “resting”, I find it difficult to embark any task that require a reservoir of mental energy.

Yesterday, I resolved to have a “no reddit during day time” day. […] Strangely by the time I allowed myself to chill with reddit, it felt uninteresting.

Cela commence à me faire la même chose avec Twitter…

It is not because I believe it to be unhealthy per se, but I am curious about the side of myself that would emerge out of this, because I have been so reliant on it for so long.

I think it is important to continually seek inner-enrichment, because when the self changes, the spectrum of future possibilities widens.

Winnie Lim on widening the spectrum of future possibilities

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I have to say there is something about an ebook reader that makes consuming these lengthy books way easier – I don’t get intimidated how never-ending it seems to be […]

Winnie Lim at the library

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Mon algorithme de choix de langue de lecture d’un livre.
– Si le livre est écrit en français ou en anglais, lire dans la langue originale.
– Si le livre est écrit dans une autre langue, vérifier la beauté de la couverture, prendre la version traduite en français ou anglais avec la plus belle couverture.
– Si la couverture est nulle, déprimer.

Papier, Les Carnets Web de La Grange

J’ai ri. Les lecteurs. On est une drôle d’espèce quand même.
Moi aussi : Si le livre est écrit en français ou en anglais, lire dans la langue originale. Sauf que : je n’ai jamais aimé commander mes livres (aucun grand principe, je crise seulement à l’idée qu’ils puissent arriver abîmés) et il n’y a pas de librairie anglo-saxonne à tous les coins de rue ; quand j’en trouvais une, je n’avais plus aucune idée de ce que j’avais espéré y trouver, pouf, évaporé. Tant et si bien que : à force de vouloir lire en anglais dans le texte, je n’ai presque plus lu de littérature anglo-saxonne.

Bizarrement, c’est d’avoir troqué l’achat contre l’emprunt qui me sors peu à peu de cette boucle infinie de non-lecture :  quand je découvre dans les rayonnages qu’un livre est traduit de l’anglais, je ne le referme pas en me disant que j’achèterai sa VO plus tard ou que, plus improbable encore, la médiathèque en fera l’acquisition. Le futur rétréci rouvre sur le présent, je me résous à lire hic et nunc la traduction française.

Il faut que j’ajuste mon algorithme avec créer ma propre couverture en collant des images dessus.

C’est un fantasme qui me poursuit : rendre compte d’une lecture non sous forme de chroniquette, mais en créant une couverture.

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Puis j’ai réalisé que, le matin même, j’avais pris deux livres dans la boîte à livres du square des Batignoles, que je les avais fourrés dans une poche de ma parka (il fait moins quatre ressentis), oubliés là des heures durant, avant de les retrouver le soir venus, et de les redéposer dans la même boîte à livres qu’au matin, réalisant qu’au fond, je n’avais pas vraiment besoin de ces livres, cela me suffisait de les avoir « possédés » quelques heures.

Dans le journal de Guillaume Vissac

Je ne sais pas si c’est la sélection réduite, la gratuité ou l’air de nounours abandonnés des livres mis au rebut, mais les boîtes à livres me poussent à m’emparer de livres que je n’aurais jamais achetés ou empruntés à la médiathèque. Et parfois, après quelques jours, je retourne déposer le larcin facile à l’endroit où je m’en suis emparée. Je me méfie désormais de cet effet déformant, même si je reste irrémédiablement attirée par la maisonnette en bois et, coup d’œil à la piste cyclable, dévie presque à chaque fois du trottoir pour voir ce qui y traîne.

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I’m soon turning 54, but I don’t feel like an adult.
It’s not that I feel like a child. I just feel « non-adult ».
[…] Do you have to become an adult in the « adult » way?

Robert Birming, Feeling Non-Adult

C’est mon non-anniversaire, j’ai 36 ans 1/2 et je me sens non-adulte.

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Courir pour ne pas être gelés, courir pour ne pas avoir peur […]

Karl cite William Chevillon et j’extrais ces quelques mots de l’extrait, totalement hors contexte désormais, car ils m’évoquent la course qui suit les TOC pour quitter mon appartement — TOC qui me mettent au bord du retard et ce faisant me remettent les pendules à l’heure, la course dissolvant l’anxiété qui montait dans les vérifications superflues.

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Je serai mon destin
avant que mon destin ne m’impose sa loi.

Accrocher un espoir sur le blog Accrocher la lumière

Revue de blog #5

On voudrait bien se lover dans un petit écrin dans les souvenirs de nos enfants et petits-enfants, pour que quelque chose subsiste de nous. Mais à chacun la forge de son enfance, où crépite le feu de ce qui fut.

Ricochets sur le blog Fragment d’ombre,
découvert via les Carnets Web de La Grange

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[…] je ne pouvais pas me passer de cette sensation d’apaisement et de sérénité qu’apporte l’écriture.

Sophie Gliocas, Re-aimer son manuscrit (vraiment)

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Aucune critique pour moi, sa fille de dix ans (très, trop silencieuse) est un paratonnerre. […] On parle d’une enfant qui ne parle qu’à peine, ne bouge pas, mais écoute, regarde. Trop silencieuse.

Tout le récit que fait Dame Ambre de la violence latente au sein d’une famille corrodée par les secrets est glaçant, mais cette description de la petite fille… Elle m’a fait penser à cette élève dont je ne crois pas avoir entendu le son de la voix depuis le début de l’année, qui ne s’est pas davantage exprimée lorsque sa mère est venue parler pour elle, exprimant les doutes de la petite fille et les balayant de ses certitudes d’adulte dans le même mouvement. À la vigueur quasi agressive avec laquelle la mère affirmait sa confiance en sa gamine, j’ai mieux compris pourquoi celle-ci se taisait derrière ses grandes lunettes.

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Je me réchauffe en regardant les températures d’autres lieux et en me souvenant le goût qui les accompagne.
Parfois il suffit juste de penser le réconfort pour le matérialiser.

Pensées froides, Carnets Web de La Grange

Karl illustre ce passage d’une capture d’écran d’application Météo. Cela m’a fait sourire, car je conserve moi aussi des lieux où je suis allée, où pour certains je ne retournerai probablement pas. À l’heure où j’écris ces lignes (15h16, jeudi 13 février), il fait 4° à Roubaix, 7° à Paris (le boyfriend) et à Versailles (Mum), 15° à Sanary-sur-Mer, 0° à Flakstad, 4° à Chamonix, 14° à Ciro Marina et 5° à Oxford. Je prends la température affective de ces lieux qui continuent à vivre sans moi.

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[…] c’est la dernière fois que je ferai un tel voyage marathon. Je ne sais pas si j’arriverai à me tenir à cette résolution tant le fomo est grand lorsqu’on explore une destination lointaine dans laquelle on ne reviendra probablement jamais. […] je suis tombée dans le piège de vouloir tout voir, tout faire, et de ne pas assez nous écouter.

Pourtant, souvent, les meilleurs souvenirs que j’ai sont ceux de moments suspendus, de hasards heureux, d’instants imprévus – des souvenirs qui n’ont aucun lien avec la quantité de préparation ou la charge des journées. Pourtant à chaque fois que je pars, j’ai l’impression que c’est une leçon que je dois ré-apprendre ! […] je réfléchis fort à faire évoluer ma conception des voyages, voire des vacances, pour ouvrir un peu plus mes horizons intérieurs plutôt qu’extérieurs.

IX 24 – Séoul, Hypothermia

Un voyage éprouvant mais un récit foisonnant, avec de très belles photos de Séoul.

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You always think you did something wrong
And something terrible you said
But no one cares as much as you do

Paroles d’un chanteur suédois traduites par Robert Birming

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Dans le journal de janvier de Thierry Crouzet :

Barthes discute de la nécessité de changer pour ne pas succomber à l’acédie, sorte d’épuisement de la curiosité, du pouvoir d’aimer, de s’émerveiller.

Ce n’est pas tout à fait la définition que j’avais associée à la découverte de ce mot, mais il continue de m’aimanter.


Combien d’autres choses, d’autres pensées, d’autres habitudes m’encombrent ? Une maison de vieux, c’est une maison remplie de souvenirs, peut-être nécessaires pour stimuler la mémoire. Est-il possible de vieillir dans le minimalisme ? La vieillesse s’accompagne-t-elle d’une ribambelle d’objets poussiéreux ? Les intérieurs des vieux me mettent mal à l’aise.

Je regarde la bibliothèque et me demande pourquoi conserver tous ces livres d’art que je ne consulte plus mais qui ont formé mon regard ? Au cas où ? Même pas. Ils s’imposent par leur pesanteur et parce que la bibliothèque sans livres serait triste. Vestiges d’une époque d’avant internet.

Le premier paragraphe me fait repenser à un passage de Liv Maria, où le personnage éponyme se demande comment elle en est venue à avoir une maison remplie de tous ces objets qui lui semblent utiles et qu’elle n’avait pourtant pas quelques années auparavant.

Pour les livres, je me le demande aussi parfois, et cela ne me semble plus une hérésie de me poser la question comme si, en jaunissant, mes Folio s’étaient détachés de moi — des feuilles qui restent attachées à l’arbre tant qu’aucun coup de vent ne passe par là. À ces rectangles choisis immaculés, aux couvertures souples dont j’ai pris grand soin pour éviter rayures, cornes et craquelures, ne manque dorénavant qu’un rangement en bac plutôt qu’en étagères pour devenir des vieilleries de bouquiniste.


J’aime refaire les mêmes photos pour me prouver que je reste attentif au monde.

Dénicher la variation dans la répétition.
Il faut voir ses photos d’eau et d’infusions de lumière…

Photo de Thierru Crouzet 
Photo de Thierry Crouzet — Ces crampons filaments de lumières semblent enraciner la terre-méduse dans l’eau. Et si on retournait l’image, s’élèverait un spectrogramme de la ville.

Je ne savais pas que je partageais avec Proust une hypersensibilité aux odeurs. Je suis hypersensible aussi aux couleurs, à beaucoup d’autres choses, en particulier à la connerie, ce qui ne m’empêche pas moi-même d’être très con (souvent à cause de mon hypersensibilité qui me rend beaucoup de comportements insupportables).

Lucide.


Peut-être qu’il n’y a jamais plaisir sans souffrance, parce que la souffrance redouble le plaisir par contraste.


[…] je suis de l’espèce de ceux qui voient plus clair quand ils écrivent, qui éprouvent davantage de plaisir, qui pensent plus loin.

[…] s’amplifier les sens pour saisir des lumières fugaces et en jouir pour soi […]
[…] le carnet comme colonne vertébrale, d’où s’échappent des milliers de pattes, ou de neurones, une sorte de forme foisonnante, cérébrale, végétale, cancéreuse, incontrôlable. Ne plus tenter de contenir, de réduire, de borner, laisser les dendrites se déployer, sans souci de les faire aboutir, juste accepter leur écoulement.

Les dendrites <3
S’autoriser deux, trois points, nouer et ne pas couper les fils à ras. Broderie inachevée, collective.

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Est-ce que l’Autre nous fait grandir, dans le sens de gagner en espace intérieur, pas de maturer, parce que ça me gonfle – est-ce que donc l’Autre nous fait grandir sans faire exprès, parce qu’à un moment on a saisi une branche qui n’était pas là spécialement pour nous mais que ce jour-là on a vue ?

Répliques sismiques, Carnet orange

Je n’avais jamais pensé au distingo de grandir, j’adore. Et aussi cette histoire de branche, ça fait écho aux dendrites évoquées par Thierry Crouzet. Ramifier, brancher.

Revue de blog #4

Ma grand-mère ne m’entend pas même lorsque je répète très fort, mais elle est bien là alors elle invente des réponses, dans le doute. Comment tu vas, mamie ? Oui il y a du monde aujourd’hui. Ça me permet de poser plusieurs fois la question et d’avoir tout autant de réponses disparates. Nous inventons une discussion où nous sommes à côté l’une de l’autre, c’est doux, même décalé.

Dame Ambre dans son journal de janvier

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Ils avaient vieilli, oui. Ils avaient l’impression, certains jours, qu’ils n’avaient pas encore commencé à vivre.

Les Choses de Pérec cité par Karl 

Si vous voulez me terroriser en une phrase, vous savez comment. Est-ce un roman qu’on trouve brillant en abordant la vingtaine et terrifiant en vieillissant ? Je ne sais pas si j’aurais envie / le cran de le relire.

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Jamais je n’ai si bien lu retranscrite l’a-logique des rêves que sur le blog Rêver peut-être, toujours compréhensible sans aucun point, sans transition, tout enchaîné de simples virgules et aujourd’hui, cette tournure onirique par excellence qui dissout l’identité dans la semblance (indécise, floue, évidente) :

celui qui semble être mon grand frère […] nous revenons à la maison et rapportons à celle qui semble notre grand-mère deux pommes […]

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Winnie Lim on the minimum effective dose

It may come as a surprise how little time we truly need at the gym to gain strength and muscle. I think it is all about sending our bodies the right signals. With the body it is almost always use it or lose it.

2 semaines pour perdre sa forme physique ; 6 à 8 semaines pour la retrouver : ce sont les chiffres ingrats trouvés dans un manuel de prof de danse, qui se vérifient empiriquement.

I find the concept of the minimum effective dose fascinating. It can be applied to many areas in life, especially when it comes to learning. There are many people who tend to believe that it is all or nothing when it comes to practising things. It is either we commit hours to something, or else it is better to not start at all.

J’ai tendance à être comme ça, moi aussi. Contre le tout ou rien qui mène souvent au rien, je repense parfois au conseil de Klari qu’elle tient de sa pratique du violon mais qui peut s’appliquer à plein d’autres choses : s’obliger à en faire cinq minutes. C’est toujours cinq minutes de pris, qui préservent la régularité. Si après cinq minutes, on a envie d’arrêter, on arrête. Mais souvent le plus dur est de commencer, et on continue volontiers un peu plus. Ça fonctionne pour l’activité physique, l’apprentissage, le ménage…

Learning anything requires a positive feedback loop, and in order to create one, we have to know where is our threshold before it feels too exhausting.

Pas toujours commode à doser.

But instead of trying to optimise or maximise everything, what if I do the minimum for all the things I wish to do instead? I think it can be powerful to remind ourselves how small amounts can really add up and compound over time […] Not every blog post has to be a philosophical essay. I can write small things, draw small things, exercise in small doses. What are the minimum effective doses for me to lead a fulfilling enough life?

Ces deux questions, là. Viser l’effort minimal désamorcerait l’anxiété dans pas mal de cas, je crois. C’était même un conseil de psy (je fais seulement le rapprochement) : faire la même chose en y mettant moins d’énergie. Le seuil arriverait avec la seconde question : quelle intensité d’effort faut-il pour mener une vie épanouissante ? Et pas seulement écoper le quotidien en attendant le week-end / les vacances / un hypothétique changement futur.

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i am thankful that she kindly endures me — the eternal grinch — and in the vast complexities of the universe, our lives have overlapped in such an unfathomable and enlivening manner.

150 months : je ne me lasse pas des déclarations d’amour mensuelles de Winnie Lim à son amoureuse.

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Sa grande tête sur une tige fine dans le Journal éclaté de Joachim Séné

Pourquoi ce livre aussi, pourquoi pas un petit livre que je pourrais terminer dans le temps d’une vie ? C’est justement parce qu’il est impossible, peut-être, que ce livre m’intéresse.

Si ce livre est impossible à traduire dans le temps d’une vie de qui n’est pas traducteur, alors on s’assure que la traduction continue à relever du plaisir ? Une lecture approfondie sans autre but qu’elle-même ?

Je n’avais jamais pensé à traduire pour le plaisir. Ou si, ça m’a traversé l’esprit, sous la forme de l’énorme pavé qu’est Appolo’s Angel, que je n’ai même pas fini de lire. Là aussi, un impossible ?

Après tout, on lit pour soi, pour le plaisir, pourquoi ne traduirait-on pas de même ? Prochaine étape : écrire, tout simplement détaché de tout, sans plus rien attendre ou espérer.

Cela me semble difficile de rien espérer. Sage, mais difficile. D’ailleurs lit-on vraiment pour soi, pour le plaisir, ou pour faire advenir l’écriture ?

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J’ai honte de dire ça, mais je n’aime pas Alicia. […] J’ai honte, parce que je sais qu’il n’y a, derrière son comportement, aucune méchanceté. […] Mais d’où vient qu’elle génère en moi autant de méchanceté, que je parviens à grand-peine à lui répondre aimablement ?

Prof en scène

Si vous saviez comme cet aveu me rassure. Qu’on puisse ne pas aimer un élève, viscéralement, et quand même vouloir lui enseigner aussi bien qu’aux autres. Sur ma centaine d’élèves, j’en ai deux ou trois qui me font sentir comme ça.

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I also personally enjoy it when people write about themselves or obscure topics. Popular writing that cater to the mass are mostly regurgitating mainstream narratives, so I don’t find it interesting.

Winnie Lim answering a blog questions challenge

Racontez-moi vos névroses et autres labyrinthes psychiques.

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on n’est qui on est que par défaut de ne pas être autre chose

Guillaume Vissac, Oscar Wilde pessimiste

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Dans le ciel y’a les étoiles

sur le bitume y’a moi

Entre les deux y’a tous mes états d’âme en équilibre, une petite tour de kapla. Je tire sur un morceau et tout est tombé sur moi.

[…] Les larmes se forment dans le coin de mon oeil et elles descendent pas, elles ont le vertige.

Meredith B, Denial is a river blablabla

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[TW deuil]

Il n’est évidemment pas là comme j’aimerais qu’il soit, en chair et en os, en rires et en mots, en baiser et en caresses mais il est là, de l’autre côté de moi-même et peut-être qu’il sera là pour le reste de ma vie. Et peut-être que c’est ça, l’au-delà.

Et après… ? Ma vie sans lui

Un écho surprenant au post d’Eli sur Les au-delà, publié juste la veille.

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[TW deuil]

Avoir enfin rêvé de lui, l’avoir revu quelques secondes dans mon cerveau endormi ne m’a finalement apporté aucune joie, ni aucun soulagement. Une petite frustration et un grand désarroi. […]

Mais comme l’a dit la psy, ce sont aussi des rêves qui laissent entendre ma volonté de le laisser partir. Pour l’instant, c’est peut-être trop tôt, je suis tiraillée entre ce désir et celui de le garder contre moi, le plus longtemps possible. Et c’est ça le deuil, aussi. Cet écartèlement entre le chagrin de la perte et le souhait de continuer à avancer.

[…] Très sincèrement, je souffre comme s’il était parti il y a quelques jours à peine. […] Et je l’aime comme s’il était encore vivant. C’est le truc le plus fou qui me soit jamais arrivé.

Encore et toujours, Ma vie sans lui

Cela fait quelques semaines maintenant que je lis ce journal de deuil, d’une beauté lancinante.

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J’ai pris un fou rire en regardant un épisode des Bridgerton, un jour, à cause de toutes ces jeunes vierges inexpérimentées de la haute société qui se font des premières fois épiques, enivrantes et couronnées de plaisir mutuellement consenti.

Vous vous souvenez votre première fois, vous ?

Ecco 🤌

Sacrip’Anne, Goofy Love

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Grâce à Karl des Carnets Web de La Grange, je découvre la série Food Treasure de l’artiste Chunbo Zhang : « This series reflects the anxiety I have experienced as a foreigner living in America and adapting to its culture. » Ses aquarelles donnent des airs de porcelaine de Chine à des plats américains, qui en deviennent visuellement immangeables. Certaines œuvres déclinent mécaniquement le principe de la série (les lasagnes, le layer cake…), mais d’autres sont saisissantes :

Aquarelle d'un bagel où la croûte est peinte avec le motif et les reflets d'une porcelaine de Chine Aquarelle d'un biscuit Oreo dans luel on a déjà croqué, le dessus et le dessous avec la texture et le motif d'une porcelaine de Chine Aquarelle de macaron pistache, où la texture du dessus est travaillée de telle sorte qu'on dirait une matière rigide et laquée

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Pour finir cette revue de blog, un blog qui n’en est pas vraiment un, déguisé en newsletter, et qui en bonne logique chronologique ne devrait pas se trouver à la fin, mais au début : j’ai mis du temps à m’en défaire. Dans Le jour où j’ai grimpé la colline, Sophie Gliocas raconte son désir de voir ce qui se cachait derrière la colline de la maison de famille de son enfance, un joli-récit parabole pour se retourner sur une époque qu’on a quittée depuis un moment déjà. On y trouve le temps long de l’enfance et celui qui a passé depuis, des capsules d’éternité atemporelles et des morceaux des années 1990, quand on faisait des choré sur les Spice Girls ou qu’on lisait un vieux Clan des sept. Un mélange de nostalgie et de rire adulte.


[à propos de la maison] « Est-elle jolie ? En toute objectivité, difficile à dire. […] Son charme n’est saisissable que si on éprouve pour elle un attachement profond, irrationnel, démesuré. Un amour d’enfant. »

« Cette maison de campagne s’est construite au fil des gens qui y ont séjourné. Elle a toujours été un voyage dans le passé : quand nous y venions pour un week-end ou pour les vacances, nous finissions toujours par y laisser des objets que nous n’avions pas prévu de ramener. Parfois, nous venions même avec des affaires que nous souhaitions y entreposer pour que ça ne prenne plus de place « chez nous ». Et c’est étrange comme cette habitude de s’y délester de tout ne l’a jamais transformé en débarras.
Au contraire, il s’est passé tout l’inverse.
Elle est devenue le foyer de toute une famille. »

C’est exactement ce que j’ai ressenti dans un appartement de vacances qui n’est pourtant pas à ma famille, mais que ma mère a loué tant d’étés qu’on y a déposé nous-même théière et boule à thé, après avoir inventorié au fil des saisons ce que les uns et les autres ajoutaient ou modifiaient.


« Mes souvenirs les plus précis sont ceux qui datent de l’été. Peut-être parce que le temps y était plus long et si étiré que je ne réalisais pas à quel point je grandissais en seulement quelques semaines. »


« Je n’ai fait quasiment aucune photo des lieux. À la place j’ai préféré m’aventurer dans chaque pièce, j’ai touché chaque poignée de porte, monté et redescendu les marches de l’escalier en bois une multitude de fois, foulé la moquette épaisse à l’étage, caressé les tapisseries sur les murs des chambres, me suis assise sur le minuscule canapé qui me servait de lit quand j’étais encore plus minuscule que lui, humé l’air poussiéreux et renfermé. »

C’est plus au moins ce que j’ai fait en quittant la première maison de mon père. Elle va finir par me filer le bourdon, avait commenté ma belle-mère en me voyant faire mes adieux.


« Tous mes souvenirs sont d’une étonnante clarté, une capsule temporelle disponible en un claquement de doigts. »

Une capsule temporelle, c’est tellement ça ! Des années coagulées en un espace-temps éternel.


[spoiler alert : si les extraits précédents vous ont donné envie de lire la newsletter, allez la lire maintenant ; l’extrait qui suit en est la fin/chute]

« Je suis arrivée tout en haut, à bout de souffle, le front trempé de sueur, les mains sur les cuisses. J’ai relevé la tête et j’ai vu…
… j’ai vu ce que chaque adulte m’avait répété depuis l’enfance.
J’ai vu le terrain plat s’étirant à perte de vue.
J’ai vu les champs à l’abandon.
J’ai vu le désert.
J’ai vu ce que je n’avais jamais voulu croire.
J’ai vu ce que je n’avais pas voulu voir.
J’ai vu ce qu’on ne m’avait pas laissé voir.
J’ai vu qu’il n’y avait rien.
J’ai vu la réalité.
J’ai vu l’étrange parallèle avec toutes les années qui venaient de s’écouler.
Alors ce jour-là, j’ai ri.
J’ai même éclaté de rire.

Encore maintenant, quand je pense à la colline, je pense à ce que le sommet de la colline m’a appris.
Que parfois, on a besoin d’en avoir le cœur net peu importe les avertissements. Que parfois, il nous faut boucler la boucle… même des années après. Qu’un entêtement peut se transformer en rêve voire en fantasme.
Qu’on guérit d’une désillusion, que sa fin douce-amère laisse un drôle de goût sur la langue auquel on s’habitue… et qu’on finit par l’apprécier. »

Cela me donne envie de relire Le Motif dans le tapis, cette nouvelle d’Henry James qui tisse une intrigue fiévreuse autour de… rien ?

Janvier en cuisine : simplissime ?

Cette année, j’aimerais essayer de tester (au moins) une nouvelle recette chaque semaine. J’ai grand besoin de renouveler mon répertoire et le contenu de mes Tupperware (en réalité des bacs à glace et des barquettes plastiques qui ont oublié le palak paneer qu’elles ont un jour contenu — c’est plus léger et hermétique que mes boîtes à bento). Ça tombe bien, le boyfriend m’a offert des livres de recettes végétariennes à Noël ; celles qui suivent sont de J.-F. Mallet, issues de Simplissime, recettes végétariennes les + faciles du monde et Recettes végétariennes rapides et savoureuses.

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Haricots à la provençale

Haricots frais à la provençale. Disons haricots blancs à la provençale : quand on utilise du gaspacho pour faire la sauce, autant être cohérent dans la flemme et utiliser une boîte. J’avais un peu peur de ce donnerait le gaspacho chaud, et effectivement la pointe de concombre est un peu étrange, mais ça fonctionne bien dans l’ensemble. J’en referai sûrement (le week-end)(à distance des cours de danse)(et des gens, d’une manière générale).

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Quiche à la courge et au sésame

Chaque ingrédient est délicieux, mais la cohésion d’équipe est à revoir les gars (à moins que j’ai détruit un équilibre délicat en remplaçant le sésame blond par du noir ?). Cette recette a eu le mérite de me rappeler l’existence du fromage râpé gratiné ; je ne suis pas certaine en revanche que l’emmental soit indiqué avec le l’huile de sésame et la courge. À retenter avec du parmesan ou du pecorino, peut-être ? « Fromage râpé », c’est un peu trop générique.

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Risotto de coquillettes

Risotto de coquillettes et petits pois, au fromage ail et fines herbes : c’est validé, j’en ai même refait. Alors que je n’aime pas l’ail. Mais j’avais quand même très envie d’essayer. J’ai envie d’aimer d’autres goûts. Parce que la récurrences des recettes n’est pas seule responsable de mon impression de manger toujours la même chose : je me dirige toujours vers les mêmes ingrédients. Alors j’ai testé ce risotto de coquillettes à l’ail et aux fines herbes. Ça m’a plu, je crois. J’en ai refait en tous cas, pour finir le pot de fromage que je n’allais certainement pas manger seul avec du pain. Avec des rizoni cette fois, pour que ça fasse davantage risotto. La prochaine étape, c’est de cuire les pâtes sans bouillon pour voir si ça change vraiment le goût final.

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Gratin patate douce et châtaigneIl y a de l’idée, la patate douce et la châtaigne, c’est délicieux, mais le yaourt à la grecque cuit au four, c’est aussi bizarre et peu digeste que ça en a l’air. J.-F. Mallet aime manifestement faire chaud des trucs qui sont meilleurs froid.

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Riz sauté aux noix de cajou

Riz sauté aux noix de cajou. Et à la courgette et au poivron (jaune, y’avait plus qu’un seul rouge au supermarché et il était tout fripé). Tenez-vous bien : je commence à apprécier la courgette. L’ennemie honnie de la cantine, tolérée en ratatouille, vomie en gratin ou en flan (merci de ne pas approcher ce légume d’un quelconque laitage) ne serait pas si mauvaise ? Pas seulement froide et marinée dans beaucoup d’huile d’olive italienne, mais chaude, encore un peu cru-croustillante ? Évidemment, les noix de cajou y sont pour davantage que les courgettes dans le plaisir pris à ce plat, mais c’est une petite victoire. J’en referai, en sortant le riz plus tôt de l’eau pour qu’il ne devienne pas collant en continuant à cuire avec la sauce soja. Et en ajoutant les noix de cajou au dernier moment, histoire de les conserver croustillantes dans les portions suivantes.

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Lasagnes risotto-épinardsLasagnes

Pas mauvais, mais trop sec : je soupçonne l’œuf dans la ricotta et la quantité de sauce tomate. J’adore l’idée de prendre une sauce tomate pour les pâtes déjà cuisinée, mais « un pot » ce n’est pas une quantité, darling : un petit pot, un grand, un moyen ? Les grammes, darling, les grammes. Ou des millilitres si tu préfères, je ne suis pas regardante sur l’unité de mesure.

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Globalement, c’est le reproche qu’on peut faire à Simplissime : non seulement simple n’est pas toujours facile (va éplucher une courge butternut sans la cuire au préalable), mais c’est souvent approximatif : quelle quantité ? quel type de fromage fonctionne le mieux ? comment on fait ? à quoi on voit que c’est bon ? J’apprécie qu’il y ait peu d’ingrédients et de stades de préparation, mais les précisions à la OwiOwi me manquent ; c’est plus facile quand on est guidé. Dorénavant, je Googlerai les recettes proposées pour trouver des variantes et anticiper les ajustements.

Revue de blogs #3

« C’est toujours un petit combat entre le bout de moi qui adore explorer de nouveaux endroits et celui qui anticipe tout ce qui pourrait mal se passer et est-ce qu’on ne serait pas bien roulée en boule sous la couette, par hasard ? »

« Par un de ces hasards hasardeux qui font la vie, je me suis trouvée à faire interprète entre l’agente d’accueil néerlandaise (à l’anglais parfait) et un couple d’italiens qui ne comprenaient pas que tous les billets pour aujourd’hui étaient vendus, qu’il n’y avait pas de place avant lundi. Eh bien soyez épatés, avec mes 221 jours de Duolingo, je leur ai dit que Non ci stanno biglietti per oggi, solo da lunedi. J’espère que ça vous en bouche un coin parce que moi, oui. »

Il doit y avoir un truc avec Duolingo, l’italien et les billets. C’est également dans un contexte de billetterie que j’ai pris conscience que le hibou vert avait déteint dans la vraie vie : avant même de demander confirmation au vendeur anglais, j’ai su qu’il n’y avait plus de billets pour visiter le Christ Church College jusqu’à mercoledi, comme l’annonçait dépitée une Italienne en revenant vers son mari.

« Anne Frank, donc. […] Il y a un phénomène dans cette visite, petit à petit, les enfants se taisent et les adultes pleurent (on s’est échangé un hug amical avec une étrangère de passage en même temps que moi). »

Sacrip’Anne, Dans les rues d’Amsterdam

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« C’est toujours impressionnant de regarder des livres tandis que les éditeurs ou les écrivains ou les traducteurs vous observent ou s’appliquent à ne pas vous observer à quatre-vingt centimètres de l’autre côté de la table. Pour lutter contre la gêne ou la timidité, je me suis appliquée à regarder chaque livre comme si j’étais seule au monde. Cela a pris du temps. »

Petit salon du livre grec chez Alice du fromage

C’est précisément la raison pour laquelle, à rebours de la plupart des « grands lecteurs » je préfère les grandes surfaces du livre (Fnac, Gibert, Furet du Nord…) aux petites librairies, où je me sens observée et rapidement coupable de ne rien acheter. Quant aux salons, je crois que la dernière fois que j’ai bravé mon inconfort, c’était pour Lou Sarabadzic.

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« […] plus personne ne veut prendre le temps de faire les bons choix. Tout le monde est maintenant programmé pour la satisfaction immédiate (donuts, chocolat, réseaux sociaux, gabarits, etc.) plutôt que la projection dans le futur (apprentissage, progression, compréhension, etc.). »

Chantier, Les Carnets Web de La Grange

*éloigne la tablette de chocolat de vingt centimètres*
(Je le sens, le redoute en moi, ma persévérance qui se délite, les gratifications qui deviennent frustrations immédiates.)

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« Toujours, toujours sourire en les accueillant. »
[les élèves]

Prof en scène

Parfois je suis tellement happée par le tumulte de ce qui se passe, vient juste de se passer, à analyser, et de ce qui doit ou ne doit pas arriver, à anticiper, que j’oublie, et soudain je me souviens que j’oublie de sourire. Que c’est plus important pour les enfants que bien montrer l’exercice, marquer les comptes ou donner des corrections judicieuses. Alors je souris.

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« se rend-on bien compte de la quantité d’énergie et de vitalité qu’il faut mobiliser pour jouer cette délirante partition ? »

Prof en scène

Non. Enfin si, on imagine ce qu’implique d’enseigner. Quand on le vit, c’est différent, on comprend dans son corps la nécessité de s’économiser. (Et encore, j’ai peu d’heures et un public qui a priori a choisi d’être là.)

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[à propos de son dentiste] « Il est beau gosse, décontracté, sympa et très loin de ses patients. Je pense qu’il vous a oublié dans la seconde où vous quittez le cabinet. »

Reprise chez Alice du fromage

La dernière phrase, c’est tellement ça. Meilleur portrait de dentiste ever.

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12 mois, 12 photos : j’aime toujours beaucoup lire le bilan annuel de Chloé Vollmer-Lo, photographe et autrice.

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“[…] i’ll continue to champion for writing about one’s failures and shortcomings in public. not because it is an attempt to rebel against the mainstream propensity to display only success and positivity, but simply because failures, flaws, shortcomings, negativity – they are simply part of life and part of the norm. am just advocating the fullest possible spectrum of life be shared, within one’s personal comfort. i do have my skeletons, but everything else i would like to share, because i think reality and life deserves to be whole.”

because reality and life deserves to be whole, Winnie Lim

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“I first started using the word “uneventful” when my traditional chinese medicine physician asked if I had any symptoms between my visits: there were rare times when I would tell her I didn’t have any symptoms in the couple of weeks since I last saw her, and she would respond, “oh so it was uneventful?” – that was when I learnt that having an “uneventful” time was actually a good thing.

[…]

Like my bouts of health that were “uneventful”, I have personally come to realise it is precious to have days when nothing much is happening. In the world we are in now, being able to go about our days without much pain, anxiety, worry or sadness is almost like a miracle.”

2025: may I have an uneventful year, Winnie Lim

L’ataraxie en 2025.

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« Les pierres aussi se fanent quand on les sort de l’eau. »

galets, les carnets Web de La Grange

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« Je lis les deux premières phrases et m’arrête. « Stella s’était précipitée dans le jardin. Elle l’avait vu s’effondrer au sol. » J’ai pensé « une histoire de tremblement de terre ». […] Parce que c’est plus facile à faire qu’à défaire, je vois ça comme une faute. Je dois être trop scientifique. Je n’utilise une variable dans une phrase que si elle est d’abord instanciée. »

(J’ai si spontanément postulé une personne dans le L apostrophe que j’ai dû relire pour comprendre l’incompréhension.)

« L’idée : nous vivons le plus souvent la terre plate (ou vallonnée, voire montagneuse). La terre sphérique est alors perçue comme une narration. Être platiste, c’est donc remettre en question la narration dominante plus que réellement croire que la terre est plate. »

Thierry Crouzet, Décembre 2024

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« Certaines [rencontres] ne durent que quelques secondes, d’autres ne nous lâcheront plus jamais. Il y a les gens avec qui on ne se souvient même pas comment ça a commencé, et ceux dont l’histoire même du premier contact est tellement fondatrice dans la relation qu’elle en devient une sorte de légende.

Le père de Cro-Mi, je l’ai rencontré sur internet à une époque où ça faisait un peu peur de voir en vrai quelqu’un issu du monde virtuel. C’était une très jolie histoire, très « You’ve got mail ». Enfin sauf que je ne suis pas Meg Ryan et qu’il n’est pas Tom Hanks. Bon, et qu’il n’était pas complètement la personne qu’il semblait être. C’est probablement toujours un peu le cas, pour tout le monde. C’est aussi quelque chose de très caractéristique chez lui, mais on s’en fout, c’est du passé. Disons que, pour toujours, j’ai une jolie histoire de rencontre à raconter. »

Des rencontres, Sacrip’Anne

J’ai connu cette époque. « Vous vous êtes rencontrés comment ? » Ça faisait tellement wierdo de répondre « sur Internet » que je précisais toujours « par blogs interposés ». Les sites de rencontre  avaient des relents d’agence matrimoniale pour freaks.

Il n’y a pas que l’époque. Y’a aussi l’histoire à raconter. Et la partie à taire, la personne qui n’est pas uniquement celle qu’elle semble être.

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« Tout – de travers – la journée passe et la sensation de tout manquer se dresse entre moi et le monde. […] Je virevolte entre le chaud, le froid, j’entends le compliment puis le non, j’aperçois un rictus puis un sourire et me demande ce qui est ou n’est pas vrai. Je suis perdue face à l’autre. »

« […] je pose des couleurs sur l’ennui, je colorie le gris de l’hiver, j’invente des planètes, des espaces secrets pour porter mes rêves. Et garder mon espérance, mon enthousiasme, ma confiance, intacts. »

Cocon sur le blog Accrocher la lumière

Emmitouflée dans mon plaid comme dans un cocon géant devant mon écran, la lecture de ce billet m’a provoqué une détente physique dans les trapèzes, un apaisement à l’idée d’un retour à soi et à une pratique artistique qui préserve.

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« Donner aux mômes des supports. Un château de conte de fées, Colette, l’intérieur d’un journal au XIXe siècle. Je suis souvent effaré – sans aucun mépris – du fait que les élèves n’ont aucune idée de quoi parle un texte, parce qu’il leur manque des représentations. […] leur donner un vocabulaire précis. Parce que c’est l’un des premiers discriminants sociaux. […] Ce à quoi j’aspire, c’est à leur donner de quoi s’emparer de la réalité. Qu’ils la subissent moins. »

Prof en scène

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« Des jours, j’écris trop peu, d’ailleurs je lis trop peu, d’ailleurs je tout trop peu, à mon goût, trop de jours d’affilée. »

Interfacécrire chez Joachim Séné

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j’ai vu mes proches perdre le peu de raison qui leur reste

par exemple mes tantes, kabyles et athées, disent ‘les arabes’ et ‘les musulmans” pour parler d’elles par exemple, mon père dit des choses comme : “avec tout ce qu’il se passe on va pas en plus s’engueuler”

c’est vous dire

un ami me dit : j’aime bien penser qu’être vivant c’est influencer la vie des vivants, comme mon père m’influence, il est encore en vie

en 2024 – apprendre à renaître (1) chez Selmakovich

je dis à L. : j’en reviens pas qu’à notre âge, on soit pas mort.e.s.

Alors pour 2025, je nous souhaite :

-de continuer à porter nos mort.e.s sur nos épaules -de fabriquer de toutes petites choses avec nos doigts -de renaître de renaître de renaître.

en 2024 – apprendre à renaître (2) chez Selmakovich

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« Reste à savoir évidemment si lire Proust, aimer Proust, ce n’est pas toujours vouloir écrire. »

Roland Barthes cité par Thierry Crouzet

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« […] mon cœur est allé cogné toutes les parties de mon corps comme une bille de flipper.

Et depuis, ma vie est un long fleuve tranquille… Je vis d’amour et d’eau fraîche, des papillons dans le ventre et des étoiles dans les yeux.
En fait, absolument pas, j’ai l’impression d’être en chute libre, sans parachute et j’attends de m’écraser au sol. Pendant que lui, se laisse porter, plane, serein, confiant, c’est une évidence m’a-t-il dit. Pour moi, c’est une évidence que ça va foirer à un moment. […] J’ai l’impression que ma vie est vide et n’a aucun sens alors qu’avant lui, elle était chouette, je l’aimais bien. […] Je vais mal parce qu’un homme est gentil et ne joue pas avec moi… c’est dingue et ce constat me rend encore plus triste. »

Comédie romantique, sa mère la p*! chez les Sisters Cia

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« Mon pantalon est gris, alors aujourd’hui je porte des chaussettes roses. Je sens bien que la fatigue de la grippe est encore là blottie. »

Rose, Les Carnets Web de La Grange

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“This is how modern oligarchs work. They don’t burn books—they bury them in content. They don’t silence the news—they reframe it as entertainment.”

Citation d’un article de Joan Westenberg
sur Les Carnets Web de La Grange

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« Au coin d’une rue, je trouve un magasin de imagawa-yaki (今川焼き) juste cuisiné, bien chaud, avec de la pâte de haricot rouge à l’intérieur. Voici le bonheur retrouvé de l’enfance des marrons chauds sur les trottoirs de Paris quand de Rouen, nous venions voir les vitrines illuminées et animées des magasins Le Printemps et les Galeries Lafayette avant le jour de Noël près de la gare Saint-Lazare, ou encore la vingtaine de croustillons chauds […] vendus dans un sac papier vite coloré de tâches de gras mais qui brûlait la paume de la main et que l’on mangeait avec les dents pour éviter de se brûler les lèvres et la langue tout en aspirant l’air froid. […] Au moins, ce froid là, aujourd’hui, m’aura fait revivre ces lieux « inoubliés » de mon enfance, à défaut d’être inoubliables. »

Traversée sur Les Carnets Web de La Grange

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“I have also always thought that compassion is an emotional quality, but in recent times I think of it as an intellectual quality. We don’t have to feel for the other, we can simply intellectually believe in doing what is right for the person.”

Winnie Lim on learning the definition of endodontist, and compassion

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“The Thai language has a wonderfully playful, almost childlike, pronunciation. On this trip, I decided to try imitating it. To be honest, it feels both unnatural and strained, as if I’m making fun of their language.

But the response has been absolutely fantastic! I get answered in Thai (talk about shooting yourself in the foot, since I have no idea what they’re saying), they praise my pronunciation, ask how long I’ve lived here, and so on. This despite using the same phrases I have used for years.

[…] Suddenly, as if overnight, she had incredibly good pronunciation. Everyone noticed it. How could she have improved her pronunciation so suddenly?

She explained that she thought Swedes sounded like they were singing when they spoke. With that in mind, she took courage and started « singing » in Swedish. To her ears, it sounded completely crazy, but everyone around her thought it sounded fantastic.”

Don’t hold back de Robert Birmingblog