Trois coups qui martèlent trois zoom out sur un retable doré : The Monuments Men s’ouvre sur des hommes d’église qui enferment les tableaux dans des caisses pour les mettre à l’abri. Le pillage des œuvres d’art par les nazis est un épisode souvent oublié de la seconde guerre mondiale, dont George Clooney a eu la bonne idée de s’emparer en adoptant le point de vue du détachement de l’armée américaine envoyé récupérer les œuvres volées.
Toute la réussite du film est de passer du registre l’héroïcomique (la lutte de cette escouade de conservateurs pour sauvegarder tableaux et sculptures semble dérisoire en comparaison du combat dans lequel des hommes perdent la vie) au registre burlesque (la découverte d’une statue de la vierge qui a coûté la vie à l’un des leurs entraîne un véritable chapelet de Holy shit !). Le rire et la dérision désamorcent la noirceur de l’époque, insufflant l’espoir à dose hollywoodienne. C’est ricain que ça en peut plus, les héros sauvant les fondements de la civilisation occidentale avec un dévouement que n’égale que la rapacité des Russes, lesquels sauvent les œuvres d’art non pour les restituer à leurs propriétaires (dont la plupart sont morts) mais pour en garnir leurs propres musées (l’Hermitage a quelques salles remplies de ces tableaux « trouvés pendant la seconde guerre mondiale », dixit les panneaux officiels du musée).
C’est ricain que ça en peut plus, peut-être, mais c’est bon enfant et quand on voit à quel point Jean Dujardin joue mal, on ne s’étonne pas que les scénaristes le fassent rapidement mourir (d’une mort d’opérette qui rejoindra certainement celle de Marion Cotillard dans la légende). Mon seul regret concerne la scène finale, lorsqu’on demande à Clooney-chef si l’on se souviendra encore dans 70 ans que des hommes ont perdu la vie au nom de l’art et que son pauvre « Oui » a besoin d’un vieillard, d’un enfant, d’une église et d’une lumière messianique pour être sauvé de la platitude. Il fallait répondre que non, personne ne s’en souviendrait, mais qu’on continuerait à être ému en contemplant ces chefs-d’œuvre, miroir de l’humanité. Oui, bon, j’avais la foi.
Mit Palpatine