Ich bin gar kein Berliner, aber…

 

Six jours à Berlin n’ont pas plus fait de moi une Berlinoise que de Kennedy un beignet. Le cosmopolite président, wer denkt, dass sagte, er Berliner war, s’est autoproclamé petit beignet… qui s’appelle bien un Berliner partout en Allemagne, sauf à Berlin où il est relégué au rang de beignet hyperglacé (s’il ne concurrence pas les glaçages des gâteaux américains, c’est uniquement en raison de sa taille, et non par son aspect aussi peu ragoutant – mention spéciale pour les blancs à rayures roses). C’est qu’il y a de quoi éponger la bière…

Pour commencer, les petits-déjeuners peuvent être copieux – pour être honnête, on les a rendus tels, le buffet n’étant en aucun cas un indicateur quantitatif fiable. Aux basics continentaux que sont thé noir, miel, ersatz de Nutella, confiture et céréales, s’ajoute le grain de sel allemand : fromage (assez neutre, genre gruyère ou Philadelphia *Phiiiiiiladelphmiam*, encore que j’ai testé le fromage frais à tartiner à l’ananas (sic) – je sais, le nombre de complément est en soi mauvais signe) et charcuteries diverses (je me suis arrêtée au jambon et à une espèce de bacon non frit, assez mortel pour ne pas s’attaquer à la mortadelle) à manger avec des Brötchen ou du pain noir (avec le Philadelphia *je ne vous le refais pas*). Pour faire glisser, on prendra un peu de verdure, salade et sa sauce un peu inquiétante bien/parce que orange, tomates, concombres et poivrons. Une gorgée de thé pour s’achever, c’est sucré-salé et calculé pour tenir dans le froid berlinois.
Cette séance de goinfrage matinale nous ont permis, à Palpatine et moi (enfin plus à lui qu’à moi d’ailleurs, même si j’engloutissais plus – mais il se défendait bien sur la confiture – ok, j’ai fait jusqu’à 80g en un petit-déjeuner – beau match, non ? rassurez-vous, il n’y avait pas de bataille de boulettes de pain – on s’égare, là) de ne faire qu’un autre repas par jour (je le précise à toutes fins utiles, un bagel ne constitue pas un repas *bagels power* J’ai bien retenu comment on disait cannelle en allemand, faites-moi confiance), un goûter, par exemple, à tout hasard.

Entre deux brunch, drunch et autres contractions aussi sucrées que douteuses, nous avons tout de même pris de véritables repas au cours desquels nous avons mangé de la Kartoffel sous moult formes.
A l’occasion d’une fringale nocturne, le goûter de minuit n’étant pas envisageable, j’ai osé la Currywurst, cette saucisse qui, avant d’être découpé à la barbare, noyée sous la sauce et saupoudrée de curry, frit indéfiniment sur la plaque de cuisson d’un bouiboui (un peu comme le café bouilli des Américains – au sens large, les Canadiens sont aussi très forts), diffusant alentours une nauséabonde odeur de gras. Dans les marchés de Noël, de doux effluves venaient délicatement s’y marier : frites, boulettes, autres charcutailles dans la bière, et beignets en tout genre. La Currywurst ne contribue pas à faire l’haleine fraîche mais, ma foi, c’était plutôt bon.

 

Comme je suis une warrior de la bouffe, après avoir commis la saucisse au curry, ce n’était pas le sucré qui allait m’arrêter. Au salon de thé du Staatsoper, après avoir compulsé le livre de photos des gâteaux, évalué devant l’enfilade des modèles le potentiel écœurant de chacun et m’être rabattue bien sagement sur une part d’Apfeltorte, je n’ai pas pu me résoudre à ne pas tester la crème de la pâtisserie berlinoise, et j’ai commandé ça :

 

 

Une part de Nusscremetorte, pas forcément plus légère que les costumes de Nusscracker (on prend son vocabulaire où l’on peut). Pas mauvais pour autant, même si ça n’arrive pas à la pâte de Dalloyau. Avec le chocolat chaud viennois en prime, la trotte à pied dans le froid pour rejoindre la porte de Brandebourg n’a pas été de trop.

 

Sachertorte de mon estomac co-équipier.

 

J’ai également testé le gâteau au fromage, que certains ont préféré moderniser et renommer New York cheesecake. Il faut bien voir que si la Kartoffel et la Wurst sont des idiosyncrasies culinaires nutritives allemandes, la gastronomie cuisine teutonne rejoint l’américaine sur bien des points, depuis le genre de bouffe (quantité, gras, glaçage) jusqu’aux franchises : Dunkin Donuts *Dunkiiiiin Donuts* ou , plus évidemment encore, Starbucks. Einstein café, sa version locale, ne démérite pas, mais sa franchise n’est pas aussi envahissante. On en a trouvé un avatar un peu par hasard, en cherchant LE Einstein café, à la poursuite duquel on s’est vainement lancé, qu’on a découvert un autre jour et finalement testé avant de reprendre l’avion.

 

La belle et bonne portion d’Apfelstrudel aurait pu être la consécration du séjour si seulement elle était mit Zimt. Mais il faut croire que la cannelle là-dedans est une spécialité autrichienne…

Il faudra y retourner pour tester une choucroute et puis aussi le chocolat chaud blanc (weisse Shokolade, c’est bien ça, non ?)

9 réflexions sur « Ich bin gar kein Berliner, aber… »

  1. *yeux qui pétillent* Ca a l’air un peu lourd, tout ça, mais drôlement bon…

    (New York cheesecake power)

    Et tu sais s’ils ont sorti du Philadelphia (on pourrait même le dire au son du palapapapaaaam du McDo) aux noix?

    1. j’aime bcp vos cadrages bizarres…
      Vos définitions des riens (ça fait bizarre au pluriel, non ?) me fait sourire ou hurler de rire… joli !
      Berlin m’intrigue, m’attire et me repousse depuis longtemps. Merci de vos éclairages…
      Quant à vos photos de bouffe, elles sont énormes ! et comme toutes les photos de bouffe, gore. Remarquez il y a pire : les portraits faits à une table. En cours de repas. Du méga-gore en général. Happy new year ! (et je suis un beignet, aussi, ça me fait hurler de rire…) 😉

    2. Le heisse Weissschokolade (variante linguistique non contractuelle) se trouve chez Angelina. Je dis ça, je dis rien…
      (mais il fait froid en ce moment, il faut compenser. Non?)

    3. La bouffe allemande ne m’avait pas vraiment marqué lors de mon séjour à Berlin. Beaucoup moins en tout cas que la délicieuse sachertorte et les cafés à tomber de Vienne, qui ne sont pourtant pas si loin que ça de la capitale allemande.

    4. Bamboo >> Pas vu de Philadelphia aux noix. En revanche, je peux te certifier qu’ils en ont aux herbes, parce que je me suis faite avoir au petit-déjeuner, pas fait gaffe à l’opercule vert et j’ai refoulé mon erreur…

      Anne D >> C’est vraiment que le pluriel de rien, ce serait plutôt choses. Mais au moins, on ne s’interrogera pas vainement ni doctement comme sur le ptyx.
      Effectivement, les photos de bouffe sont gorissimes. J’admire ceux qui savent rendre leurs clichés appétissants. Et encore plus ceux qui cuisinent les modèles – dégustation d’abord !
      (on a aussi un portrait fait à table, devant deux énoooooooormes pizzas)

      Mo >> Avoue, tu es une envoyée du diable. Ceci dit, cela pourrait faire une occasion de te rencontrer un jour (si on sèche sur quoi se dire, on pourra toujours se jeter sur moult petits gâteaux pour accompagner une boisson qui doit déjà être assez écœurante en elle-même)

      Amélie >> Vienne ! Konditorei ! Apfelstrudel (mit Zimt) !

    5. Tu ne connais pas encore le pouvoir de l’estomac sur pattes, ni ses terribles tentatives de communication gargouillantes… demande un peu à Melendili ou Palpatine, tu verras ^^
      (et oui, je peux être terriblement optimiste)

    6. Ah ,les escargot baveuse ,et les grenouilles sauteuse,et le foie gras des pauvre canard maltraité,et j’en passe c’est mieux,je ne sais pas ou tu as bouffée ,mais en France aussi on peut mal manger ,même très mal et en plus cher. 1 berlinoise

    7. Oh ! une acariâtre ! Alors….

      1° Je n’ai jamais dit que j’avais mal mangé. Ce n’est pas parce je présente les plats comme étranges (étrangers, en fait) que je les ai trouvés mauvais. D’une manière générale, j’adore tout ce qui est masse…

      2° Les bons sentiments pour les canards, bof, vous avez de toutes façons déjà dû en manger, ne serait-ce que laqué chez un chinois. Inutile également de faire la dégoûtée face aux escargots – vous êtes en cela d’autant plus mal tombée que je suis la fille d’un éleveur de ces petits bêtes, et même si je ne parviens pas à oublier l’aspect vivant de la bestiole et que cela me rebute pour les manger, je dois bien reconnaître que la chair en est délicieuse, quand on arrive à en faire abstraction. Puis les grenouilles, c’est un mythe facile, hein, vous n’en croiserez pas au restaurant du coin ; je crois n’en avoir jamais mangé, d’ailleurs.

      3° Ne comparez pas ce qui n’est pas comparable, petits restaurants berlinois et grands restaurants français. Bien sûr que l’on peut mal manger, en France, comme partout ailleurs, mais ayez la bonne foi de reconnaître que ce n’est pas dans les grands restaurants. Je ne me permettrais moi-même pas la comparaison entre gastronomie française et allemande pour la simple et bonne raison que, voulant consacrer le moins d’argent et de temps possible aux repas (histoire d’arpenter la ville – exception pour le salon de thé, qui constitue un temps de repos et de dégustation), je n’ai mangé que dans de petits restaurants, dont la brasserie ou le café lambda serait l’équivalent. Êtes-vous rassurée dans votre honneur national culinaire pour cesser de cracher sur la bouffe française ?

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