Ce matin, vers trois heures, alors que j’essayais de me rendormir avec un mouchoir à la main en guise de doudou, j’ai eu l’intuition de saisir la signification métaphysique du rhume : cette banale crève d’hiver que l’on ne parvient qu’à endiguer ou à accélérer alors qu’on guérit des trucs autrement plus virulents est là pour nous rappeler que respirer est un privilège dont on ne bénéficiera pas ad vitam aeternam, qu’un jour l’air ne nous parviendra même plus en se faufilant entre les bouchons de morve dans un sifflement désagréable, que l’impression que l’on va s’étouffer si l’on repose la tête sur l’oreiller n’est sera plus une et qu’on mourra. Curieusement, cela ne m’a pas aidée à me rendormir. Plutôt eu la sensation de me noyer dans l’obligation d’attendre le matin et sa vie bruyante qui tardait à revenir. Lorsque la cage d’ascenseur a résonné, le trafic a repris, des bribes de voix sont entrées par la bouche d’aération, l’eau s’est écoulée dans les canalisations, et les volets des voisins ont claqué avec toute la discrétion de leur sans-gêne, j’ai pu me reposer – Dieu merci, pas en paix.
3 réflexions sur « Rhume inné »
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Belle métaphysique du reniflement. Ce mince filet de morve, qui pourrit la vie – c’est bien ce qu’on appelle « le rû minant » ?
Le rhume est une tradition à l’approche de l’hiver! C’est bizarre de lire les pensées que cela a amenées à ton esprit: aurais-tu pris un médicament louche avant de te coucher? (Sinon j’aime beaucoup ta description auditive du petit matin!)
delest >> Aussi (ou oh, si !)
inci >> Que nenni ; une vague impression d’asphyxier en a été la seule cause.