La faim du confinement

Sesame noodles wih ginger and peanut butter

Les nouilles épicées de Din Tai Fung, c’est une sauce à la cacahuète qui me fait complètement disjoncter les neurones, au point d’oublier d’une fois sur l’autre que j’aurai la bouche en feu, et qu’il faudra lutter contre le piment pour ne pas laisser un éclat de cacahuète. J’ai découvert ça à Hong Kong, et jamais retrouvé les saveurs par ici. Jusqu’à tomber sur cette recette des sesame noodles d’OwiOwi. Double avantage : c’est une recette entièrement végétarienne (pas de bouillon de bœuf comme à Hong Kong), et on peut doser la quantité de piquant pour que ce soit excitant, mais pas éprouvant.

S’il fallait un plat pour incarner le confinement, ce serait celui-ci ; son mélange inimitable de sésame, gingembre et cacahuètes en fait mon nouveau plat de comfort food favori. Je l’ai déjà fait assez de fois pour ne plus avoir besoin de consulter la recette : soja, vinaigre de riz, huile de sésame, miel, pâte de cacahuète… je verse directement toutes mes petites cuillères dans l’un des grands bols à ramen offerts par Palpatine. Moyens du bord, ajustements et préférences m’ont conduite à faire plusieurs essais, qui se sont pérennisés en une nouvelle variation. Dans les sesame noodles d’OwiOwi de la souris, il y a :

  • veto sur les oignon crus et l’ail,
  • une soupçon de purée de piment à la place de la sauce pimentée toute faite (qui comporte de l’ail)(je n’aime pas l’ail, on l’aura compris),
  • de l’huile de sésame uniquement,
  • autant de gingembre que j’ai la patience d’en râper,
  • des nouilles soba, mi-sarrasin mi-blé,
  • et surtout, surtout, de la purée de cacahuète (l’avantage de la purée sur le beurre, c’est qu’il n’y a pas de sucre ajouté) plutôt que du tahini (de toutes façons, vous aviez terminé le pot avec votre dernier houmous).
Fluffly pancakes

Encore un coup d’OwiOwi : des pancakes hyper fluffy comme à San Francisco, qu’on peut décider de faire sur un coup de tête au réveil (la pâte ne repose que 10 minutes, soit le temps de ranger la cuisine avant de s’attabler).

Curcuma et feta, tel est le secret de ces golden eggs, éventé par OwiOwi. L’aneth donne un petit goût hyper stylé, mais c’est aussi très bon avec des herbes de Provence.

Carottes rôties

Des carottes rôties au four dans leurs épices (plus une patate douce qui trainait). Encore un coup d’OwiOwi : vous aurez compris à présent mon statut de fan girl absolue.

Grâtiné : tartes, polenta et croziflette

Tarte oignons-raisins sec et tarte épinards-bleu-parmesan-raisins secs : des classiques de ma maman (on aime le sucré-salé de mère en fille).
Pour la bonne mesure fromagère : croziflette et polenta poêlée avec du gorgonzola fondu dessus – tant d’années à croire que j’aimais le bleu alors que c’était de gorgonzola dont je me languissais…

Salades improvisées pour faire venir l'été

Rechigner à faire les courses rend inventif. Renouvellement côté salades composées, avec l’objectif que ce soit à la fois croquant et calant :

  • en haut à gauche : sarrasin grillé, chèvre, radis, câpres,
  • en bas à gauche : sarrasin grillé, feta, asperges, noisettes, huile de noisette,
  • en bas à droite : nouilles soba froides, soja, sésame, fèves et algues wakame,
  • en haut à droite : tartine de chèvre, poivrons et herbes de Provence sur pain Poilâne.

Si vous avez des mélanges favoris, je les veux bien en commentaire. Je ne me suis toujours pas remise du combo lentilles-pomme fruit de Melendili, que j’ai adopté après l’avoir découvert à l’un de ses pique-niques d’anniversaire.

Pain, pain, pain, pain

Sans levain mais avec levure boulangère et pain complet, je me suis lancée. Après plusieurs essais (dont un avec du lait ribot – le scone géant en bas à gauche), j’ai fini par me fixer sur un mix d’une recette de Mum et d’OwiOwi, avec moins de sel, moins de sucre, et surtout des graines de sésame et de lin pour faire un peu de texture et masquer le goût de la levure chimique. Je ne mettrai pas les boulangeries au chômage technique, mais ça a bien rempli son office de support à fromage et de truc non sucré à grignoter pour achever de se caler après un repas trop léger.

Estomac sur pattes, mode d’emploi

Vous avez fait URL ou IRL la connaissance d’un charmant animal une charmante demoiselle souris de compagnie. Parce qu’on ne devrait jamais se livrer sans mode d’emploi, voici celui de l’estomac sur pattes. 

La règle de base

L’estomac sur pattes a faim toutes les quatre heures. Fréquent, vous trouvez ? Cela correspond à l’âge d’or de l’enfance où l’on vous donne la becquée à heure fixe : petit-déjeuner à huit heure, déjeuner à midi, sacro-saint goûter à quatre heure (après avoir fixé pendant vingt-cinq minutes cette feignasse de grande aiguille qui tarde à pointer vers le 12), dîner à vingt heure. En grandissant, il faut logiquement rajouter le goûter de minuit (alternance sucré-salé oblige). Mais retenez bien ça, c’est la clé de l’entente cordiale : 8, 12, 16, 20. 

Les risques encourus en cas d’infraction à la règle 8.12.16.20

Un estomac sur pattes qui a faim n’a pas seulement envie de manger, il en a besoin. Après les gargouillis, signal d’alerte fort heureusement audible, cela se traduit par une crise de manque qui se transforme en envie de vomir. Alors, selon le tempérament de votre estomac sur pattes, soit il se transforme en mollusque apathique auquel vous ne pouvez rien demander qui nécessite une connexion neuronale, soit vous n’avez pas de chance et il devient agressif. Comme Ron dans le dernier tome (oui, c’est pour ça qu’il est insupportable). Comme moi. Si elle n’est pas nourrie avant minuit, la souris se métamorphose ainsi en gremlins – alors que je suis un si mignon mogwaï le reste du temps (comment ça, ce n’est pas crédible ? Il est midi seize et je vous dis que si !). 

Dans son environnement naturel

On ne remarque pas que l’estomac sur pattes en est un quand il est chez lui. Il a toujours une galette de riz à grignoter avec un morceau de gruyère en attendant que l’heure du filet de limande au four ait sonné. 

Chez vous

Si vous avez toujours une galette de riz à grignoter avec un morceau de gruyère, vous ne remarquerez pas non plus que l’estomac sur pattes en est un. Sauf à constater la vitesse à laquelle vous devez renouveler le stock – proportionnelle au temps que vous laissez passer entre deux repas. Est-ce que les chips peuvent remplacer les galettes de riz, qui vous donnent l’impression de bouffer du polystyrène ? Non, désolée. L’estomac sur pattes fait attention à sa ligne, et comme il sait qu’il a besoin de beaucoup manger, il mange sain. Ce raisonnement ne s’applique pas aux tablettes de chocolat, l’estomac sur pattes les aimant au moins autant que leur homonyme abdominal. Et si vos placards sont vides ? Malheureux, vous avez intérêt à retrouver un paquet de pâtes et à rappliquer dare-dare au premier « À table ». 

Au restaurant

Si vous tenez vraiment à inviter un estomac sur pattes au restaurant, il faut savoir ceci : l’estomac sur pattes préférera payer sa part plutôt que se priver de dessert pour alléger votre note. Le dessert fait partie intégrante du repas et il peut même influencer le choix du plat, s’il a l’air vraiment très bon et très sucré. Ne demandez donc pas à votre estomac sur patte s’il a la même carte que vous ; il l’a seulement prise par la fin. Ne lui parlez pas du tout, d’ailleurs : le choix est crucial et l’hésitation parfois cornélienne ; vous risquez de le déconcentrer dans sa comparaison entre le petit jarret de porc rôti au miel et épice sur son lit de choucroute du chef, le colombo de dinde aux amandes et ananas servi avec du riz grillé, et la pastilla de canard au miel et aux épices douces mit pommes nouvelles*. Il est très difficile de tenir une conversation en mettant en balance l’exotisme de l’ananas, la noblesse du canard et l’obélixisme du jarret de porc. Plus vous observerez le silence, plus vite vous pourrez passer la commande et engager la conversation. 

En voyage

C’est généralement lors d’un séjour à l’étranger que se révèle la vraie nature de l’estomac sur pattes, car l’exploration d’une ville ne génère pas forcément la découverte d’un restaurant engageant et abordable toutes les quatre heures. Dès que vous entendez « J’ai faim », ouvrez grands vos yeux et cherchez un point de ravitaillement toute affaire cessante. L’estomac sur pattes, conscient que voyager implique des efforts, s’est déjà retenu avant de lâcher ce J’ai faim et il risque de devenir irritable si ce n’est pas déjà le cas (c’est justement la preuve qu’il s’est retenu). Plus il aura faim, plus il deviendra exigeant, et plus vous aurez envie de l’étrangler avec la dragonne de son appareil photo. Pour éviter d’en arriver à de telles extrêmités, on ne saurait trop recommander le port de la pomme, ce kit de survie à peu près universel, qui permet de retarder l’explostion de la bombe une fois que le compteur, J’ai faim, s’est enclenché. 
Si décalage horaire il y a, ne sautez pas un repas, ajoutez celui de la destination de départ à celui de la destination d’arrivée. Si vous êtes en Allemagne ou assimilé et que vous prenez un gros Frühstück (même qu’une dame vient vous dire que vous mangez « wie ein Berg »), n’espérez pas tenir jusqu’au dîner : estimez-vous heureux de sauter le déjeuner et n’essayez pas de décaller l’heure du goûter. Sauf si vous êtes en Angleterre, auquel cas, on vous autorisera à ne pas faire mentir le five o’clock. Celui-ci revêtant un caractère sacré, préparez-vous à passer du temps dans les salons de thé.  

Chez vos parents

L’estomac sur pattes fait généralement très bon effet auprès des parents, car il honore la cuisine familiale et répond généralement par l’affirmative à la question de savoir s’il en re-veut (pourvu que le plat ne comporte pas de champignons). L’estomac sur pattes passe ainsi pour un bon vivant et il faut au moins lui reconnaître cela : il est contraignant mais pas difficile de lui faire plaisir, puisque manger est une joie qui revient assez souvent. 

* Comme je ne suis pas là pour vous torturer, ces plats existent vraiment, au Café du commerce.