Il y aurait tant de choses à dire sur les notes en bas de pages… Entre les indications scolaires tautologiques comme « on notera l’effet de ce rythme ternaire », les précisions sur les circonstances d’inspiration à côté desquelles l’an 40 est un souci présent en permanence à nos esprits, et les biffures de vieux rancis légitimées par la publication, du genre « cette scène ne présente pas grand intérêt et se comprend encore moins que la précédente » (que la Bacchanta frappe d’un « nul« ), on est servi. Et puis parfois, outre des notes utiles pour comprendre l’emberlificotement de tel ou tel raisonnement, on trouve un sourire du commentateur, la petite pause ironique qu’il s’est permise dans son travail obscur (car en police 4). Dans la 5ème régle pour la direction de l’esprit, Descartes s’emballe un peu dans ses comparaisons (une autre curiosité plaisante que le quart d’heure poétique des philosophes) :
« cette règle doit être suivie par qui veut accéder à la connaissance des choses, aussi fermement que le fil de Thésée par qui voulait voulait pénétrer dans le labyrinthe ».
Et J. Brunschwig d’ajouter :
« Il va sans dire qu’il s’agit de ce que nous appelons (plus poliment) fil d’Ariane. »
Il aurait pu mettre « (moins mysoginement) », aussi.
Encore que l’attribution de Descartes trahit plus sûrement son contentement à faire des découvertes par lui-même, quitte à se les attribuer dans son enthousiasme, quand bien même elles auraient déjà été assurées par la terre entière auparavant : ce sera donc à celui qui agit dans l’instant (Thésée, Descartes) et non à celle qui en a eu l’idée (Ariane est disqualifiée, elle n’entre pas dans le labyrinthe – une idée non actuellement pensée est négligeable, voyons ! Et la mémoire est chose si instable.) que sera attribué le mérite de la chose. Cette insincerité en toute bonne foi a quelque chose d’enfantin.
Souvent amusantes les notes de bas de page, tout de même…! 🙂