Bulles de BD, 2020 #2

Un homme se prend la tête dans les mains devant son ordinateur : "Même les messages positifs sont flippants !"

Ce n’est pas toi que j’attendais, de Fabien Toulmé

La rencontre d’un père avec sa petite fille autiste, après l’absence d’amour inné, la perception de l’anormalité comme laideur, la peur d’avoir hérité d’un fardeau à vie… C’est beau parce que le désespoir initial des parents n’est pas éludé – on le surmonte avec eux, pour découvrir autre chose.

La Boucherie, Autopsie d’une histoire d’amour, de Bastien Vivès

Ce n’est pas une histoire d’amour singulière mais générique que Bastien Vivès décortique sous nos yeux. Des vignettes relativement larges, qui vibrent de couleurs crayonnées comme Dans mes yeux, dessinent des instants de vie, de mort amoureuse, lente, aux raisons souterraines, supposées, dérobées dans des sanglots eux-même escamotés. De petites silhouettes métaphoriques à la Marion Fayolle s’immiscent dans ce récit en décomposition – à la décomposition duquel elles participent : ces petites silhouettes anonymes, qui pourraient représenter les personnages mais ne coïncident jamais entièrement avec eux (la couleur des cheveux sert d’indice dans cette distanciation), perturbent la cohérence narrative, explicitant, disséquant les pans qu’elles occultent. On ne comprend pas trop, mais on sent, confusément, qu’il y a là quelque chose – quelque chose d’incarné (le crayonné chatoyant) malgré l’absence de contexte. Et pourtant, le goût de l’amertume se confond avec une impression persistante d’inachevé.

Forté, de Manon Heugel et Kim Consigny (et Anne-Sophie Dumeige pour les couleurs)

Forté trace le parcours musical et initiatique d’une concertiste issue des favelas – sans violons, mais avec piano. Et un trait qui a la grâce tremblotante d’un Sempé. J’ai en outre beaucoup aimé retrouver les salles de concert ou d’opéra que je fréquente ; je crois que je n’avais encore jamais vue la Philharmonie dessinée.

Philharmonie, vue extérieure
Philharmonie, la grande salle
Théâtre des Champs-Elysées, vue extérieure
Théâtre des CHamps-Elysées, vue intérieure
Ces couleurs, ces couleurs… j’adore l’éclairage suggéré, et je ne comprends toujours pas que la personne qui colorise un album ne soit pas citée comme auteur, au même titre que le dessin et le scénario.

Ici, de Richard McGuire

Chroniquette dédiée… ici.

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