C’était le grand silence dans ma tête.
Et là j’ai compris : c’est pas que j’arrivais plus à réflechir
c’est qu’il y avait une idée qui tournait en boucle, et que je voulais pas écouter.
Cette idée, c’était : m’enfuir.
Tout laisser, tout ce poids.
Toutes ces choses auxquelles je ne pouvais rien.
Les laisser là derrière et faire mes propres choix, mes propres pas.
Peu d’attrait pour le trait, mais les couleurs le débordent, et chaudes se mettent à jurer sur les froides, flamboient de leur propre chef, comme si tout était illuminé par un feu secret, intérieur ou hors-champ qui menace d’embraser le reste. J’ai trouvé ça particulièrement réussi dans cette séquence où les draps mis à sécher deviennent des flammes (attention spoiler) :
Le feu est loin de n’être qu’une métaphore passionnelle dans ce récit porté par l’envie de tout cramer. L’ambivalence du feu qui purifie et détruit se retrouve dans la relation entre les deux personnages : fascination libératrice ? influence malsaine ? Impossible de dire si l’héroïne se trouve ou se perd. Sans doute les deux en même temps, d’où un coming of age dérangeant qui sonne un peu comme un manifeste pour la maison d’édition qui le publie (aux côtés de Tout brûler et Un monde plus sale que moi pour ceux que j’ai lu) : La Ville qui brûle, pyromane quand This is fine au milieu des flammes.
le vertige c’est
à la fois une peur
et une attraction
comme un appétit
de soi-même
l’envie de découvrir
ce dont
on est capable
perdre pied
pendant un instant
se rendre compte
de l’immensité
de l’immensité du vide
et vouloir y plonger