



Chroniquettes de la souris
Après vous avoir inondé de photos sur Twitter et Instagram, voici un article avec les infos pratiques qui pourraient vous être utiles si vous décidez de vous rendre sur les îles Lofoten et d’explorer la côte du Nordland.
Mum et moi avons élaboré notre itinéraire en nous aidant du guide de Lonely Planet – et de Google Maps pour estimer les temps de trajet. Le guide suggérait de faire les trajets du Sud au Nord ; pour des raisons pratiques de location de voiture et d’avion, nous l’avons fait en sens inverse. Je ne pense pas que cela change grand-chose, sauf à concevoir une excitation particulière à franchir la frontière du cercle polaire arctique.
La capitale (2 jours pleins)
Nordland (3 jours)
Les îles Lofoten (3 nuits à Flakstad, 3 nuits à Svolvær)
Wow :
Mouais, aka sachez à quoi vous attendre, ça peut être survendu par votre guide :
Ce qu’on ferait différemment a posteriori ?
Pas grand-chose, en réalité. Peut-être :
L’avion : il y a à peine moins de kilomètres entre Oslo et les Îles Lofoten par la route qu’entre Oslo et Paris à vol d’oiseau, d’où le choix d’un vol intérieur (RIP bilan carbone).
La voiture : difficile de faire sans, mais la circulation est loin d’être dense et le réseau si simple qu’il est difficile de se perdre. Les routes sont en parfait état, constamment refaites sous vos yeux ébahis, mesdames et messieurs. Et quand les travaux ont lieu dans un tunnel, une voiture avec un panneau Følg me vous escorte comme des VIP.
À noter que les différentes îles des Lofoten sont toutes reliées par des ponts ou des tunnels.
Les ferrys : toujours un bonheur de fluidité dans l’organisation. Même plus besoin de préparer sa CB comme c’était le cas il y a 3 ans ; les plaques d’immatriculation sont photographiées pendant qu’on attend dans la file (Mum attend la douloureuse sur son compte bancaire). On navigue comme sur des roulettes. Sur le continent du moins… pour les traversées entre les îles Lofoten et le continent, vous renseigner sur les horaires de ferry au moment de préparer votre voyage peut être une bonne idée (que nous n’avons pas eue). Cela vous évitera de flipper en voyant les ferrys de milieu de journée déjà réservés (Bodø -> Moskenes) ou de vous lever à 7h du mat’ pour prendre l’un des deux seuls ferrys de la journée (Svolvær -> Skutvik). Si vous ne trouvez pas les horaires sur le site de Torghatten, appelez-les, ils décrochent assez vite et parlent anglais.
Le vélo : on a croisé plein de gens à vélo sur les îles Lofoten et leur caractéristique commune, c’était d’avoir l’air au bout de leur vie.
Les pieds : je m’imaginais faire de belles randonnées sur les îles Lofoten, mais la vérité, c’est qu’en-dehors des promenades sur les plages et dans les villages, il n’y a pas beaucoup d’alternatives entre marcher sur le bord de la route et grimper de manière hardcore. Les rares zones de plaine sont souvent préemptées par les particuliers, et je ne me vois pas marcher chez les gens.
Le bus et le tram (à Oslo) : vous pouvez télécharger à l’avance l’application Ruter pour acheter ensuite vos billets à la volée (de mémoire, quelque chose comme 3,50€ le billet).
Un bras ou un rein.
La monnaie est le krone, et il faut approximativement diviser les prix par 10 pour retrouver le prix en euros – pratique, jusqu’au moment où on s’aperçoit qu’on a une légère tendance à vouloir diviser par 100.
La Norvège, ça arrache, surtout si comme nous, vous êtes des princesses qui ne veulent pas faire de camping ni partager une salle de bain en rorbu (les princesses constipées aiment faire caca tranquillement). Comptez entre 95 et 150 € la nuit pour deux en hôtel ou AirBnB au mois de juin, sachant que c’est pire en juillet (le même hôtel à Bodø avait déjà pris 50 € à une semaine d’intervalle).
Pour la nourriture, c’est simple : imaginez que vous vivez à l’aéroport. À titre d’exemple, la bouteille de Coca-Cola en 500 ml coûte 3€50 (en ville comme à l’aéroport, donc), un roulé à la cannelle artisanal 5€. Dans un pays où il est difficile de trouver un plat à moins de 19€ au restaurant, le pique-nique devient vite un art de vivre.
Pratique : pas besoin de changer d’argent, tout peut se payer en carte bancaire – y compris les toilettes publiques sur la plage de Ramberg. Et quand vous avez atteint votre maximum de paiement sans contact, la machine ne bugue pas, obligeant le commerçant à recommencer l’opération : elle vous demande simplement votre code PIN.
La pandémie semble ne plus avoir cours en Norvège : les rares masques croisés étaient portés par des touristes descendus de leur car. Soyez néanmoins prévoyant et emportez une trousse à pharmacie, en y glissant des auto-tests. 8 ml de collyre pour conjonctivite m’ont coûté 30€ et les tarifs affichés à l’aéroport pour les tests Covid étaient prohibitifs : 89€ pour un antigénique, 250€ pour un PCR (certes en urgence).
À Oslo, ça tournait autour de 20 degrés. Une température manifestement suffisante pour que les autochtones sortent les robes d’été… voire piquent une tête dans le port (eau à 14 degrés, non Bretons s’abstenir). Personnellement, je supportais très bien mon blouson et j’ai baigné quatre phalanges.
Le temps est très changeant sur les îles Lofoten, d’une heure à l’autre voire d’un versant de montagne à l’autre. Il ne faut pas perdre de vue que l’on est au-delà du cercle polaire arctique ; en juin, les températures tournent autour de 10 degrés – parfois moins en ressenti avec le vent et l’humidité. Je ne saurais que trop recommander la technique de l’oignon, testée et approuvée avec deux couches de cachemire dont un hoodie avec capuche, une mini-doudoune et un coupe-vent imperméable.
Au-delà du cercle polaire arctique, il n’y a plus de nuit : n’oubliez pas votre masque-à-yeux pour avoir une chance de dormir car il n’y a de volet nulle part et les stores occultants sont en option (je ne vous raconte pas les installations McGyver à base de coussins et de plaids que nous avons parfois réalisées…). Si, comme moi, vous êtes particulièrement sensible à la lumière, cela peut valoir le coup d’investir dans un masque comme celui-ci (cadeau du boyfriend, je l’aime d’amour) ; il évite le jour qui ne manque pas de se faire autour du nez avec les masques distribués dans les longs courriers.
À Oslo
À Bodø
Sur les Îles Lofoten
Un an après, je me rends compte que je n’en ai rien montré : quelques souvenirs de mon voyage d’un mois en Asie. Les trois premières photos ont été prises à Singapour, les deux dernières à Hong Kong, toutes celles du milieu à Hanoï.
(Des maisons, en vrai, souvent pas petites.)
C’est rare qu’un souvenir soit d’abord olfactif. C’est d’autant plus étonnant dans le cas des églises en bois debout que l’architecture en met plein la vue : leurs toits ressemblent à des navires vikings qui reposeraient sur le reste de l’édifice sans y être arrimés – des constructions qu’on dirait à la fois branlantes et pleines de force.
La couleur, aussi, est étonnante, ce bois presque noir de Borgund, qui s’incruste dans la mémoire comme la couleur des églises en bois debout, quand bien même d’autres sont en bois clair, voire carrément peintes en blanc, comme à Undredal. Nous sommes empressées de lui retirer son qualificatif : une église en bois, oui, en bois tout court, pas debout. Pourquoi pas allongé ou assis, d’ailleurs. Nous apprenons dans le musée de Borgund que ce nom étrange d’église en bois debout fait référence au pilier central : stav, structure de la stavkirke (ou stavkyrkje parce que le norvégien a deux graphies, kill me now). L’étrangeté se déplace sur la traduction.
Plus que le pilier, cependant, plus que les toits vikings ou même leur couleur, c’est l’odeur qui définit pour moi la stavkirke, une odeur brûlée, forte, âcre, qui vous emplit les naseaux. Je ne visite pas l’église de Borgund, je ne suis pas « bouleversée » par « son intérieur simple et son autel subtilement rustique » (ce qu’on a pu rire avec cette phrase du guide) : je la renifle, la crache au besoin par les narines quand elle devient trop forte.
J’ai essayé de prendre en photo ce qui génère cette odeur, le mélange de charbon et de résine de pin dont sont enduits les murs et les tuiles, elles aussi en bois, pour les protéger contre les intempéries et éviter que l’église moisisse par le haut (des socles de pierre assainissent le bas). De la sève et du bois brûlé, carbonisé, pour protéger le bois séché : on sent la continuité végétale, elle empeste, elle embaume. On ne la voit pas pourtant, même si elle dégouline des tuiles en mini-stalactites et craquèle les piliers de goudron – une peau de crocodile aux problèmes dermatologiques. C’est crade et puissant, animal. Pas du tout subtilement rustique, contrairement à l’intérieur, peut-être, aux gravures des linteaux.
Quand on s’éloigne, l’odeur diminue sans disparaître (elle reste un moment dans le nez) et l’on voit reparaître les ornements architecturaux, le toit avec ses baïonnettes vikings photographiées sous toutes les couture – ci-dessous d’un peu plus loin, derrière un autre toit typique en Norvège : le toit végétal, que l’on trouve un peu partout, sur les maisons, les cabanons de jardin, les boutiques de Geiranger et les abribus le long de la route. Il ne date pas du Moyen-Âge, celui-là, mais il ne manque pas de charme.