Impossible n’est pas parisien

Mission impossible, Fallout. Un film du vendredi vu un jeudi soir, rien ne va plus.

Tom Cruise ouvre un vieil exemplaire de l’Odyssée et une cassette old-school se met à chuinter Your mission, should you accept it… C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes — les rues de Paris comme vermicelles : d’un champ-contrechamp, on passe de Pyramides à la place de l’Étoile.

Carte de Richard Ying. Les pointillés indiquent les « téléportations ».

Une grande part du plaisir tient dans la réinvention ou même simplement la présence d’une topographie bien connue. Je sens ma lointaine voisine de rangée se tourner vers moi quand je sautille-glousse en voyant le jardin du Palais royal entièrement vide à l’exception des deux protagonistes, et me souviens soudain du quartier bouclé pour le tournage, des camions et des camions de matériels et de techniciens, un pass autour du cou, à attendre, comme les badauds tenus à distance qui murmurent, motos, cascades, stunts, Tom Cruise en point d’interrogation.

Ethan Cruise a un type de femme tellement défini qu’à la fin, je mets bien trente secondes à distinguer ses deux amours ; je suis alors persuadée que l’une d’elle va ôter son visage en latex, et qu’il s’agira de… de… Déjà la caméra zoome sur Ilsa (Rebecca Ferguson), sur sa réaction face à son double qui la démasque, mais on en reste là, sans filmer aucun des coéquipiers qui devraient réagir, et je finis par comprendre et chercher les traits qui distinguent ces deux femmes à la beauté aveuglante. C’est ma seule excuse-explication : la beauté aveuglante.

Aussi, sur cette beauté : je suis un peu gênée au début, par le rêve qu’Ethan fait de son mariage avec Julia (Michelle Monahan). Observateur de la scène, sans aucune prise sur elle, il lui demande de ne pas l’écouter, de ne pas accepter, la prévient qu’il va la trahir, et pendant qu’il énumère ce qu’elle subira malgré lui mais par sa faute, on la voit sourire béatement, belle, incroyablement belle – seulement belle, dans l’ignorance. Il faut du temps pour que cela change, que l’on passe doucement de Julia (la femme à protéger) à Ilsa (la comparse qui défend ses propres intérêts). A moins de prendre un raccourci avec la badass veuve blanche (Vanessa Kirby).

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