Khrônique

    Entrée en khâgne, en plein dans l’âpreté du cas K. Envolée l’insouciance  de cheval fougueux hypokhâgneux. Cheval de somme pour commencer :

Cheval de trait, car cette année débute sous le signe du déméngament. Non solum j’ai passé la journée dans les cartons et la poussière, sed etiam il a fallu transbahuter tables et chaises et pour écouter le discours si novateur de notre cher proviseur (à croire qu’ils n’avaient pas tout le monde sur leur liste) et pour aménager notre salle (la khâgne ulm est extraordinairement peuplée par rapport aux années précédentes : nous avons du aller piller la salle voisine des hec pour que tout le monde ait une place assise –ce qui est préférable pour écouter les blagues de Mimi, fidèle à lui-même, toujours une petite référence à l’Estonie en passant) ;

Somme mathématique, car il me faut vous faire réviser votre géomètrie littéraire, à vous, lecteur, potentiellement ignorant des vocables prépaïens. La mosaïque se compose d’une vingtaine de carrés khârrés, i.e. nous autres, ex-hypokhâgneux, et de six cubes khûbes, qui ont le privilège de commencer leur seconde khâgne et ce faisant d’explorer une nouvelle dimension. Qui ne semble pas outre mesure exaltante pour nous, humbles kharrés : les khûbes n’ont pas l’air drôles et les profs le leur rendent bien. « Je vous préviens, les khûbes, si jamais personne n’a fait de commentaire la semaine prochaine, vous passez en improvisé, et ça ne me dérange pas que ce soit Montaigne. » En bon khârré, vous vous aplatissez ; le khûbe a sûrement l’esprit plus volumineux.

Volumineux (plus aucune maîtrise des transitions, comme vous pouvez le constater) est aussi le travail donné. L’imminence de la dissertation de français et du commentaire de philo recommanderait d’arrêter ces khrôniques. Le prof de philo a réussi à me traumatiser en nous demander de préciser quel était notre rythme de lecture, combien d’ouvrages philosophiques nous lisions en une semaine ou un mois (de mon côté, on serait contraint de rajouter l’échelon annuel). Et nous ne sommes que six en option philo – qu’Aristote ne soit pas loué. Par conséquent,  j’ai ressemblé les deux premiers jours à une pile électrique – angoisse panique- trop d’exigences en électrons libres. Rentrée dans le circuit, câblée à mon Gaffiot et alimentée en conversations (dans cette bonne bonne vieille cantine, où nous avons eu le droit à un nouveau mélange de légumes : chou fleur croquant, haricots verts, carottes et tomates – on a les scoops qu’on peut), le courant passe à nouveau et fait redémarrer le moral – ne reste plus que la volonté de se remettre dans le bain. Parée aux étincelles !

 

6 réflexions sur « Khrônique »

  1. Surtout, continuer ces chroniques. Au pire, y intégrer des citations de philosophes pour se donner bonne conscience. Mais tu comprends, j’en ai besoin… faut que je me prépare psychologiquement à ce qui m’attend (j’espère) l’année prochaine.

    1. ça fait très langage martien, les kh partout 🙂

      dans le genre, les bicas, ça a l’air assez marrant aussi : deuxième jour, colle de version latine à la place du déjeuner… XD

    2. Chaque fois qu’on me demande de remplir une petite fiche en début d’année pour la philo, j’observe la catégorie « ouvrages lus en philosophie » d’un air songeur et je mets un petit trait de travers bien droit bien net. Cette année, pour une fois que j’aurais eu UN livre à mettre (L’Existentialisme est un humanisme, oui, c’est peut être pour ça que j’aime Sartre, c’est à peu près le seul que je comprenne, oui, je suis archi nulle de nulle en philo, c’est la cata), le prof nous sort « livres lus cet été ». Ahah… Pas de bol. Un peu honteuse, je note alors « le début du corpus sur la Liberté ». Soit 20 pages…

    3. Bienvenue parmi les fhânâtiques qui mettent des « kh » partout pour « faire » (hypo)khâgneux ; )

      Belle description de cette première journée/semaine khâgneuse, c’est comme si je l’avais vécu… ah oui, zut, je l’ai vécu ^o)

      Et maintenant, la deuxième semaine (les HEC vont t’en vouloir si tu les dépouilles encore une fois de leurs chaises… attention aux vengeances des HEC ! )

    4. Six en otpion philo… hum… combien en lettres classiques? Le sais-tu très chère?
      PS: Ne pas confondre Mimi et Mimy! De l’importance du i-grec.

    5. Aleks >> Le pire est à venir. Tu vas bouffer de la citation… ^^

      Teckel >> Mais c’est une manie de latiniste de vouloir nous faire sauter le déjeuner ? L’heure de soutien latin (réalité déguisée pour dire une heure supplémentaire durant laquelle on révisera notre grammaire au rythme où on l’oubliera. Mais d’oubli en oubli, ça rentre), l’heure de soutien latin, disais-je est aussi sur l’heure du déjeuner. Il va falloir remédier à la chose…

      Misty >> Le pire, c’est en option philo où il nous demande oralement à chacun jusqu’où on a lu. Ce qui est très drôle, c’est d’observer comment la version de la cantine selon laquelle « j’ai rien foutu » se transforme dans la salle de classe en un « j’ai lu le premier chapitre » ou « j’ai parcouru l’ensemble ».

      zED >> Khârrement.
      Les hec ont autre chose à faire que de se soucier de nous (sauf quand il s’agit de nous vendre des places pour les soirées en boîte). Et ils ne sont pas en meilleure posture d’après leur panneau « DIRECTION HECatombe ».

      Inci >> Je n’ai pas compté les optionnaires lettres classiques. A vue de nez, je dirais quelque chose comme une demi-douzaine.
      [interdiction de confondre i et y sauf lors des ds d’histoire, ça m’arrangerait]

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