J’ai poussé successivement la porte du dictionnaire de littérature, de la bibliothèque, du bâtiment puis du lycée. Je suis rentrée dehors. Comme d’habitude, au signal du bip de la porte, l’avenue de Paris s’est déployée devant moi en un gigantesque pop-up. Avec klaxon, couleurs de la glace vespérale déclinante et pollution intégrée. Un praticable pour pouvoir avancer le long des décors cartonnés, pour qu’au milieu des maisons illusions se perde la mienne, la seule bien réelle dans laquelle je m’essayerai à mon bureau comme un Playmobil sur sa chaise. Toujours est-il que je traverse l’animation. Le froid entoure ma tête et oblige mes frileuses pensées à se rétracter. En un joyeux bazar. Mais soufflées, elles ne disent mot ; la stupeur les rend muette et me rend la parole. Elles se taisent et je peux suivre les lignes de l’architecture urbaine. Carré, rectangulaire, arrondi, reposant. Je suis simplement. La mécanique de mes pas. Je tâte le sensible mais il ne me touche pas. L’écho vibrant de mes pas s’arrête quelque part entre le nombril et mes côtes – les jambes en eaux internationales. Froid existant. Tout à l’heure mes pensées se dilateront dans la chaleur de l’appartement. Je suis simplement. Eparpillement.
Désordre ordonné ? Infini infiniment moins infini que l’infini qui le comprend sans en être une partie ? Pascal ? Le silence de ces espaces infinis m’effraye. Les feux des voitures aussi, par contrecoup. Et ces journées terriblement finies pour une tâche qui ne l’est pas. Tache de jus de mangue. Pas idée de goûter au lieu de se nourir de la susbtantifique moëlle du style littéraire. Purs esprits – très fantômatiques.
Je deviens folle. Mais ça, vous n’avez pas besoin de moi pour vous en rendre compte. Enfin si. Mais non. Bref.
Dès fois, je voudrais réfléchir comme un miroir. Folle et feux follets.