[…] this ballet makes me feel like a bee just gob-smacked by all the pollen out there on stage, bemusedly happy to just sit and watch a swarm of dancers bumble around in all the colors of its endlessness.
Fenella, Better Late than Never. My Spring Season 2025 in Paris : A Beauty Binge: 1/2, Les Balletonautes
J’ai toujours été estomaquée par la différence entre l’apparence et le fond, et surprise aussi que cette différence ne soit pas forcément visible pour tout le monde.
C’est toujours un bouillon-minestrone de se demander ce qu’on fait et pourquoi on le fait […].
Christine Jeanney, block note — lingère, Tentatives
Je passe parfois plus de temps à trouver le livre que je veux lire qu’à le lire.
[…] la déception que c’est de boire un breuvage censé être chaud, mais plus assez chaud ; le soulagement de ne plus être en vacances et avoir à profiter d’elles coûte que coûte […]
Guillaume Vissac, 200825, Fuir est une pulsion
Et je vois déjà mon élan naturel, celui de venir très proche […] comment le partiel donne à voir la partie invisible de l’ensemble, comment le caractère d’un détail révèle ce que l’on ne voit pas de l’ensemble.
Karl, horizons, Les carnets Web de La Grange
La photo-synecdoque, je pratique aussi. C’était un sujet de plaisanterie avec G. : lui, des vues d’ensemble où l’on ne voit rien (de ce qu’il a vu) ; moi, des plans rapprochés sur des détails où l’on ne voit rien (autrement que je l’ai vu).
But lately I realised hyperfocusing on optimising is ironically making me live a suboptimal life. […] I have been missing the forest for the trees.
Winnie Lim, ageing, uncertainty, and creative flexibility
Trying to optimise too much will lead to a sub-optimal experience.
Winnie Lim, meeting a place where it is
L’un des plaisirs de la lecture de blogs personnels est de voir des motifs se dessiner et être repris de billet en billet. Dans le second, il s’agit d’une expérience que j’ai souvent faite, d’avoir du mal à être dans l’instant en voyage — sans regretter tout ce qu’on aurait pu faire autre ou mieux, si seulement, si on avait juste. (Si on était des tours opérateurs, on le saurait pour une prochaine fois, mais on fait rarement le même voyage itinérant plusieurs fois.)
I should meet a place where it is, instead of wondering why is it not adhering to some fantasy in my head.
There are so many things the locals take for granted which we would go gaga over.
To go gaga over <3
Quant à l’énergie dont je me pensais dépourvu, elle se révèle quand je pars courir une heure et huit minutes […]
Guillaume Vissac, 230825, Fuir est une pulsion
Même étonnement quand l’énergie revient en donnant cours (et juste après, il faudrait dormir ?).
Tu ne reverras pas ta maison
[…] te voir là, dans cet espace de ta vie
qui fut une part de la nôtre.
Latmosphérique, Le chemin de la tendre enfance, Accrocher la lumière
Hier, à mon échelle j’ai gravi un petit sommet. […] mon sommet n’était pas plus haut que la motte de terre que laisse une taupe sur le gazon, sauf que, comme Alice, je n’avais pas ma taille normale mais celle d’un scarabée ou d’une fourmi.
Christine Jeanney, block note – support, Tentatives
Vite aller au bout du monde, car il faudra revenir aussi vite.
Karl, vers Nara, Les carnets Web de La Grange
Je compulse les choses à faire et arranger, des choses qui ne sont pourtant pas des tâches mais des espoirs, des petits voyages : pour nous divertir, nous envelopper, il faut toujours s’accommoder de quelques organisations nécessaires. […] Inspirer. Expirer. Détendre la mâchoire. Relâcher les épaules. J’ai le temps de tout vivre.
Mathilde, Journal culturel #6, Tant qu’il nous reste des dimanches
Si je mentionne ces trois ou quatre choses dans le journal, c’est qu’elles répondent, chacune à leur façon, tout en n’y répondant pas, à la question que m’est-il arrivé aujourd’hui qui ne me soit pas déjà arrivé hier.
Guillaume Vissac, 280825, Fuir est une pulsion
On note ce qui diffère et on oublie ce qui était commun, ce qui, le présent passé, aura constitué la trame du quotidien. C’est encore plus difficile à relever sur l’instant.
La fin de journée chuchote les mots de la nuit charbon, encre, obsidienne et tourmaline, goudron, corneille, truffe, réglisse, khôl. Un apaisement abondant de la tranquillité, de la sérénité, de la respiration lente, du va et vient bourdonne déborde le temps.
Karl, obscur, Les carnets Web de La Grange
Relire ceci, le début de la deuxième phrase, m’apaise.
Shibuya est l’un des synonymes de toutes ces villes dans le monde où les touristes viennent voir des touristes faire des courses. […] Les touristes occidentaux probablement ne s’en rendent pas compte également. La majorité du tourisme à Tokyo étant asiatique, il n’est pas « visible » (il s’entend).
Karl, obscur, Les carnets Web de La Grange
Je ne m’en étais effectivement pas rendue compte. J’y ai repensé devant des images du carrefour à passage piéton oblique, dans un de ces documentaires web sur de la cuisine japonaise qui fait saliver le boyfriend.
On veut l’écho. On veut entendre l’impact de notre écho. Même à un tout petit niveau. […] Et les échos qu’on n’a pas eu suintent d’amertume pour les gens les plus secs, de peine pour les plus tendres. Je voudrais l’écrire à des fins curatives, pour n’être ni peinée ni amère.
Christine Jeanney, block note — sens, Tentatives
C’est probablement ça qui fait attendre un commentaire, un like, une statistique différente quand on publie en ligne : on veut l’écho. Cela s’est pas mal émoussé pour moi avec le blog, mais c’est encore très (trop) vif avec la newsletter danse.
When it comes to self-care people may think about treating themselves to a day at a spa, having some quality alone time, or spending some time on hobbies, but as I grew older I realised the most important parts of self-care are tedious, boring and potentially anxiety-inducing.
I guess I have gotten to the point in my life when I realise self-care is not just doing nice things for myself, but the willingness to do things I don’t actually want to do because the outcome of doing those things is much better for me.
[…] age has taught me that the important things in life are not exciting, glamorous, fulfilling or joyful. It is the capacity to show up for my self in mundane, boring, painful, stressful times – on a regular basis. […] The boring, tedious, stressful things that have to be done on a regular basis builds the foundation to a life that has the potential for excitement, fulfilment and joy.
Winnie Lim, the unlikeable parts of self-care
Ma reconversion comme prof de danse a rendu plus visible encore l’ambivalence de ce soin de soi. M’étirer et de me masser (avec du baume du tigre, une balle de tennis, le foam roller) sont indispensables après une grosse journée de cours si je veux être capable de rempiler sans trop souffrir le lendemain, mais même prendre une douche chaude, la seconde de la journée, m’apparaît en soirée comme un effort supplémentaire que je n’ai plus envie de fournir : je suis déjà restée plus de six heures debout aujourd’hui et je dois encore me tenir debout dans la douche, activer mes muscles pour me savonner, alors que je peux enfin m’affaler sur le canapé ? (L’absence de baignoire est mon plus gros regret concernant cet appart’ ; je repense souvent avec nostalgie à la baignoire que j’avais dans mon studio parisien, que j’ai si rarement utilisée comme telle à l’époque…)
L’auto-massage et le tartinage de baume du tigre ne me donnent pas l’impression de prendre soin de moi sur le moment. Ce sont des actions que je trouve à peu près aussi épanouissantes que vider le lave-vaisselle ou me brosser les dents. Quand je me brosse les dents, m’épile ou me mets de la crème sur le visage, je n’ai pas l’impression de prendre soin de moi, mais plutôt de faire de la maintenance. Et (ce dont ne parle pas Winnie Lim), la frontière est souvent fine entre ce que je fais pour moi, pour ma santé (bucco-dentaire) ou pour correspondre à des attentes de la société que j’ai plus ou moins bien intériorisées (l’épilation, sérieux, ça me vénère) — même si pour la crème sur le visage, c’est clair : j’ai abandonné toute idée de soigner mon acné, osef, la crème c’est une fois tous les 36 du mois quand la peau commence à tirer.
In fine, « Prends soin de toi » : tendre attention ou injonction à un effort supplémentaire ?
L’exemple que développe le plus Winnie Lim concerne la préparation des repas, cuisiner étant le moyen le plus efficace de manger sainement. Là encore, ça fait écho :
Storing a wide variety of ingredients stresses me out because I’ll forget and end up wasting them.
Comme Winnie Lim, j’ai peur de gâcher, si bien qu’un frigo qui se vide me rassure, tout est sous contrôle, je ne vais pas gâcher, alors qu’un frigo qui se vide stresse le boyfriend, rassuré par le plein à ras bord qui offre mille possibles — là où cela induit chez moi une tension d’optimisation (de fait, cela le dérange beaucoup moins que moi de jeter des aliments à la poubelle).
So if I do cook, I try to keep things really simple. Which means most of the time they taste simple too, but I crave complex-tasting foods.
Si, en voyage, je mange plusieurs jours d’affilée au restaurant, je vais finir par avoir envie d’une tomate-mozza ou de pâtes à rien. Mais l’inverse est beaucoup plus fréquent : à force de me faire des choses simples à manger, je finis par avoir envie de plats plus travaillés — cuisinés, pas simplement assemblés. Complex-tasting foods, c’est exactement ça.
[…] le temps m’a manqué, mais surtout la disponibilité d’esprit, le courage peut-être aussi […]
[…] j’ai pensé qu’il y a quelque chose de très émouvant à être chez quelqu’un en son absence, picorer les livres qui peuplent les bibliothèques (j’ai avalé plein de bonnes bds) et de la manière dont les membres de ce logement vivent, s’organisent, créent et s’aiment (du moins ce qu’on en perçoit).
[…] c’est le moment où, tandis que je suis (devrais être) en train d’écrire tout autre chose, une belle idée toute fraîche, plus neuve, plus belle, plus vive, vient frapper à la porte et me faire croire à son urgence. Et il faut résister – tout en ne négligeant pas ce nouvel amour, il faut le garder au chaud pour plus tard, le nourrir juste assez pour qu’il reste vivant sans grandir trop vite.
Coline Pierré, Notes de l’été à rebours, latte avoine et chat sur les genoux
J’aime cette idée de l’idée qu’il faut garder au chaud pour qu’elle grandisse mais pas trop, comme un levain dans son bocal.