Rien eu, le voleur non plus

J’ai senti quelque chose, ou plutôt je n’ai plus senti de poids et je me suis retournée, dérobant mon sac – ouvert – à la main qui allait plonger dedans et qui, dépitée, s’est agitée au niveau de la tempe pour signifier que j’étais folle et mes protestations, de simples affabulations. On ne m’avait rien volé, que ma tranquilité. Prise de tremblements, j’ai vérifié l’hypothèse selon laquelle l’avoir est le prolongement de l’être.

2 réflexions sur « Rien eu, le voleur non plus »

  1. Un sac à main, un vrai ? Ce réticule croquignolet, gonflé de zinzins mous, de crémachose, de frisotteurs à cils, de farfouillongles et de bigoudis-minutes, sans oublier les préservatifs sous une médaille de Sainte-Thérèse ? Mettre la main là-dedans, mon Dieu, mais c’est la plonger dans une chevelure de Méduse, un lac du Sheol, le réacteur n°4 de Fukushima… Quelle misère, vivement que Sarko passe la main, quand même !

    1. Non, un simple sac à dos avec ce que contiennent habituellement les poches des hommes, téléphone, porte-monnaie, clés, à quoi il faut ajouter un agenda d’étudiant, un goûter de gamin, un bouquin et remplacer les préservatifs par une plaquette de pilule. Si vous êtes déçu, peut-être que le sac des jours qui s’enchaînent sans repasser chez moi sera plus à votre goût, agrémenté de sous-vêtements de rechange. Les jours de spectacle, il y a aussi des jumelles, pour l’expression des danseuses et le corps des hommes. Mais dans l’ensemble, c’est loin de la caverne des trésors que vous décrivez avec une verve qui me rappelle la « Rencontre dans la forêt » de Michaux :

      « D’abord il l’épie à travers les branches.
      De loin, il la humine, en saligorons, en nalais.
      Elle : une blonde rêveuse un peu vatte.

      Ça le soursouille, ça le salave,
      Ça le prend partout, en bas, en haute, en han, en hahan.
      Il pâtemine. Il n’en peut plus.

      Donc, il s’approche en subcul,
      L’arrape et, par violence et par terreur la renverse
      sur les feuilles sales et froides de la forêt silencieuse.

      Il la déjupe ; puis à l’aise il la troulache,
      la ziliche, la bourbouse et l’arronvesse,
      (lui gridote sa trilite, la dilèche).
      Ivre d’immonde, fou de son corps doux,
      il l’envanule et la majalecte.
      Ahanant éperdu à gouille et à gnouille
      – gonilles et vogonilles –
      il ranoule et l’embonchonne,
      l’assalive, la bouzète, l’embrumanne et la goliphatte.
      Enfin ! triomphant, il l’engangre !
      Immense cuve d’un instant !
      Forêt, femme, ciel animal des grands fonds !
      Il bourbiote béatement.
      Elle se redresse hagarde. Sale rêve et pis qu’un rêve !
      « Mais plus de peur, voyons, il est parti maintenant le vagabond…
      et léger comme une plume, Madame. » »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *