Rodin à Meudon

Fin mai, Mum et moi nous sommes retrouvées à Meudon pour visiter la maison de Rodin. Ou plutôt devrais-je dire le domaine de Rodin : le terrain est tel qu’on se croit soudain à la campagne en pleine ville pavillonnaire. Il y a assez de place pour que le sculpteur, excusez du peu, y ait fait construire une réplique du pavillon de l’Alma, bâti pour l’Exposition universelle de 1900.

La sculpture "Le baiser" au premier plan, dans le jardin, avec en arrière-plan des pavillons de banlieue.
Le Baiser, dans le jardin

Dans le jardin, des chaises métalliques vert pomme sont à disposition de nos séants, et on est incroyablement bien là, à discuter au soleil (au soleil !). Ne manquerait plus qu’une ginger beer et une part de gâteau… mais aucune buvette ni boutique de goodies culturels n’a été installée en ce lieu gratuit ouvert à tous tous les week-ends.

J’apprécie la promenade plus encore que les sculptures exposées, lesquelles, ainsi rassemblées, me semblent un peu, pas grossières, non, mais d’un ego mal dégrossi, c’est plutôt ça, un ego boursouflé — de grosses pierres et de grosses cuisses comme démonstration de gros bras gros pénis. Peut-être suis-je un peu déçue et rancunière d’apprendre que Rodin ne sculptait pas lui-même ses marbres : il modelait la sculpture et supervisait ensuite la taille réalisée par des artisans — un peu comme les couturiers qui dessinent les modèles et laissent aux petites mains le soin de les matérialiser.

Machine métallique avec à gauche une toute petite tête sculptée en bronze et à droite une tête trois fois plus grosse dégrossie dans un bloc de glaise (?)

Dans le registre de la copie et de l’artisanat, la découverte de cette machine (ci-dessus) à dupliquer une sculpture en changeant sa dimension m’en bouche un coin — même s’il faut de toute évidence qu’une main experte repasse derrière.

Cette étude pour L’idole éternelle est peut-être l’œuvre qui m’a le plus plu. Je l’ai vue grandeur nature le lendemain au musée Camille Claudel et préfère le petit format — d’autant que l’espace entre le visage de l’homme et le corps de la femme est bien plus érotique que son absence finale.

L’atelier des antiques, collection d’antiquités de Rodin

Un cartel de l’atelier des antiques confirme que ces artistes ne vivaient décidément pas l’art de la même manière que nous, spectateurs de musée : Rodin aimait à faire visiter cette salle le soir à la lueur d’une bougie pour que  les ombres vacillantes animent les formes des statues… Tout de suite plus sensuel, forcément.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *