« Pour cette ultime tournée […], la compagnie n’a pas choisi la facilité […]. » C’est une manière de le dire. Ou bien : n’a pas choisi les pièces les plus enthousiasmantes de Trisha Brown.
Solo Olos
Quatre danseurs déroulent et rembobinent en canon un même enchaînement sous les indications d’un cinquième larron, qui a rapidement rejoint la première rangée des fauteuils. Je me demande si l’exercice est réel ou pré-chorégraphié pour éviter tout carambolage ; ma voisine de derrière tranche : « J’en ai vu un hésiter. » Pourquoi pas.
Son of Gone Fishin’
La danse faite inertie. Les danseurs, nombreux, entrent, sortent, reviennent et perpétuent un mouvement d’une fluidité extrême. Ils ne sont que rarement à l’unisson, mais jamais vraiment non plus en pagaille : chacun poursuit le mouvement qu’il a initié et, lorsque deux trajectoires se rapprochent, les gestes s’harmonisent pour mieux se défaire quelques instants plus tard. (On dirait les gouttes d’eau sur les vitres des trains, qui avancent en parallèle jusqu’à se faire phagocyter par un spermatozoïde déboulant à grande vitesse, aussitôt disparu.) Pour ne rien vous cacher, j’ai du mal à garder les yeux ouverts.
Rogues
Les dernières notes d’harmonica(-like) font naître l’image qui résume le mieux ce duo : les deux hommes sont des virevoltants – si, si, vous savez, ces boules végétales qu’on voit rouler dans les westerns… en plein désert.
Present tense
Du monde sur scène, à nouveau, mais cette fois-ci, il y a du contact, avec des portés-manipulations prenants, des costumes colorés et… de la lumière, enfin. Parce qu’autrement, entre recyclage de phrases chorégraphiques, conservation du mouvement et pénombre omniprésente, c’était plutôt une soirée à économie d’énergie.