Revue de blogs #15 : les lieux qui me serrent le cœur

Chaque voyage en avion est un moment « bittersweet » depuis quelques années. La conscience de réaliser quelque chose qui n’est plus vraiment acceptable avec les circonstances mais dont au combien je comprends le désir de réalisation et la nostalgie qui s’accompagne avec les lieux que l’on laisse derrière soi avec cette anxiété de ne pas pouvoir y revenir. Ce ne sont pas les gens, mais les lieux qui me serrent le cœur. Les lieux ne se déplacent pas. Les lieux ne peuvent pas écrire. Il faut y être pour vivre avec.

Karl, complexité du Web, Les carnets Web de La Grange

…

À quel moment a pu naître le sentiment de paysage ? Quand est-ce que l’animal ou l’humain que nous sommes a pu se sentir un jour heureux à la vue d’un lac noir au pied de monts escarpés ? […] On dit que c’est beau. On veut peut-être dire que c’est vital.

Joachim Séné, Norvège, 6, Journal éclaté

Le sentiment du paysage me travaille depuis Yosemite, je crois.

J’ai eu beaucoup de plaisir à suivre ce journal de Norvège, même si je ne l’ai pas lu dans les conditions prévues par l’auteur, préférant le confort de mon lecteur de flux RSS à la mise en page volontairement chaotique de la page web unique à explorer comme une Google Maps (j’aime beaucoup le concept, beaucoup moins ce que le texte en couleur surimprimé au collage photo fait à mes yeux).

Cet été, j’ai également eu l’occasion de revivre mon voyage au Vietnam à travers les stories d’une camarade de danse. C’est toujours étrange : les lieux continuent d’exister sans nous ? de changer et de rester identique ? Ce voyage vécu de manière si singulière, le voilà dupliqué, commun dans son extraordinaire. Je devine ce qui déborde la carte postale, j’ai vu les interstices des photos de vacances — c’est même pour cela que cela me fait si plaisir de suivre ce voyage dont je ne fais pas partie — et pourtant c’est maintenant que le mien m’apparaît comme carte postale. Expédiée depuis mon passé.

De même, je pourrais illustrer le voyage norvégien de Joachim Séné avec mes propres photos. J’ai assez envie de le faire, même. Il a réveillé des scènes et des pans de paysages précis.

…

C’est au ralenti que le soleil se couche si tard. Comme si le temps s’arrêtait, comme cette idée qu’on a parfois de désirer que la journée s’éternise, comme si ce vœux impossible se réalisait enfin. Dans ce mouvement lent, vient un sentiment de paix, d’éternité, mais aussi un effroi face à la possibilité que la Terre s’arrête de tourner. C’est à la fois la vie prolongée et la vie arrêtée.

Joachim Séné, Norvège, 8, Journal éclaté

Golden hour de minuit sur un champ et les montagnes au bord de la mer
Minuit à Flakstad

…

Bergen est colorée, mais il fait gris. Il y a une foule, de la densité d’une station balnéaire française au plus beau de l’été. J’essaie de ne pas me reprocher d’être là, je ne reproche pas aux gens d’être là. Peut-être aux commerces d’y être. Mais il faut bien vivre.

Joachim Séné, Norvège, 10, Journal éclaté

…

Combien de photographies identiques et ratées sont prises alors ?

Joachim Séné, Norvège, 12, Journal éclaté

Cette question, je crois, a déclenché mon envie d’illustrer ces entrées avec mes photos passées. Ou le fait que, là aussi, dans l’excursion narrée, mes photos ont été ratées.

[…] C’est trop beau pour être dit, trop sauvage, trop pour être visité. Une honte touristique s’empare de moi. Mais je ne regrette pas d’avoir vu. […] La question aussi de savoir pourquoi regarder, pourquoi se souvenir, pourquoi cette nécessité de découvrir ce qui se cache derrière le prochain bras du fjord, derrière cette île, derrière cette paroi, ce qu’il y a au bout du monde sans pourtant rencontrer personne, juste soi dans un environnement qui n’existait pas la minute d’avant.

Sognefjord

Cet extrait m’est spontanément revenu en mémoire quand je suis tombé sur cette photo de Thierry Crouzet dans son journal de juin :

ICM, photo de Thierry Crouzet

Cette photographie serait peu intéressante si les lignes directrices nous menaient à un cul-de-sac — droit dans le mur —, s’il n’y avait ce biseau, ce virage qui nous échappe de l’impasse, nous propulse vers  « cette nécessité de découvrir ce qui se cache […] derrière cette paroi ».
(L’échappée prend encore un tout autre sens quand on apprend que c’est l’institut du cancer où est traitée son épouse.)

…

Tout du long de nos heures (trois) de marche (roncées, ortiées, moucheronnées) nous serons bombardés de beauté […]

Guillaume Vissac, 120725, Fuir est une pulsion

…

On ne peut rien contre la beauté d’un paysage.

Joachim Séné, Norvège, 14, Journal éclaté

…

 Je pensais que ça ne me ferait ni chaud ni froid de quitter cet endroit, mais ce n’est pas vraiment le cas, sans doute car je n’aime pas quand les choses se terminent.

[…] des vies entières, potentielles, miennes sans être miennes, sont oblitérées avant d’être vécues, comme si aller travailler et/ou rentrer chez soi et/ou retranscrire par ces mots ce qui fut traversé sans pour autant avoir été assez touché du doigt pour en faire une expérience véritable était plus important que, eh bien, vivre.

Guillaume Vissac, 230725, Fuir est une pulsion

…

On part toujours à regrets. La tête tournée dans le sens contraire des pas. […] Il faut déjà séparer le corps du lieu.

Karl, pentes, Les carnets Web de La Grange

La gestuelle est si riche que savoir l’observer et la décrire suffit parfois à dire ce que les mots ont émoussé dans leur expression fixe. (Pourquoi je n’en finis pas de la danse.)

Avant de partir à regret de Flakstad

…

Dans le journal de juillet de Thierry Crouzet :

Il y a les côtes sublimes, puis les terres agraires monotones, sans cesse moutonnantes […].

La mer moutonne mieux que les moutons.

Ce matin, j’ai aimé les maisons cossues en surplomb des plages et des falaises. Elles dégageaient une force tranquille, une sorte d’éternité solide. Une opposition frontale aux éléments.

Hopper.
En trois phrases, un tableau de Hopper, sa lumière.
J’ai repensé à ces maisons en Norvège, aussi :

Photo noir et blanc de maisons qui prennent la lumière au bord d'une côte découpée… mais plutôt plate
La plage de Ramberg

Mais un autre paysage surgit dans le récit de Thierry Crouzet :

Photo de Thierry Crouzet

Hopper, oui. La lande aussi, les bruyères comme en Cornouailles. La blancheur des ouvertures closes les évident, font de la maison un manoir de carton-pâte, un décor. Mi-Hopper, mi-Magritte. Non plus une porte sur la plage, mais une ouverture sur le ciel, auquel on ne peut accéder que par là, par le manoir-mandibule.

J’ai toujours été fasciné par le génie du lieu, par ces endroits naturels ou chargés d’histoire qui exhalent une force vitale indéniable, et je prends conscience que nous avons tenté avec notre maison de construire un de ces lieux, de lui donner une force propre, et beaucoup de gens qui y viennent nous disent la ressentir.

…

Août commence déjà. Il y a toute cette lumière qui s’infiltre entre les feuilles.
[…] Je me demande si l’équivalent existe pour les gens. Un mot qui voudrait dire que la lumière d’une personne s’infiltre dans nos failles.
[…] les dentelles d’ombres qui bougent sur le sol sous les arbres et ça m’a fait penser à la trace laissée en nous par la lumière des gens.

ernestinee

La nature boule à facette des gens <3

Revue de blogs #14

 Si j’aime cette phrase, c’est qu’elle est à la fois vraie et fausse, comme souvent les phrases.

Guillaume Vissac, 310525, Fuir est une pulsion

…

Alors je m’assois sur le perron, entre ce qui fut et ce qui sera, et je respire. […] Lire et écrire, ça ne semble rien et pourtant, tremblement de terre dans la jachère furieuse. J’ai envie, c’est inouï.

Mathilde, Du déboisement, Tant qu’il nous reste des dimanches

…

Gilda à propos de Perec :

Je suis loin, très loin, d’avoir lu toute son œuvre, parce que j’ai l’impression de la connaitre déjà.


Comme les copains, oui, ce gars-là me disait Bien sûr que tu peux toi aussi. Et de la même façon que certains et certaines des personnes que je suis sur les plateformes concernant la course à pied : eux font leurs séances dans des allures qui sont la tienne en sprint sur 100 m, mais rien n’empêche de faire la même […] à notre propre allure, notre niveau.
Ils guident au quotidien vers une bonne vie, et grande est ma gratitude envers ces personnes partageuses et l’écrivain pas comme les autres.

Ne pas s’empêcher de faire parce que ça a déjà été fait.

Gilda, Première rencontre avec Perec ? Traces et trajets

…

La possibilité de pouvoir le mouvement d’une main, d’échanger un regard, un sourire, de remarquer ce moment de silence accompagné d’un bouillonnement de pensée avant de vocaliser une réponse, de cette gorgée d’un café, d’un lieu où l’échange s’établit. […] La part essentielle de certaines discussions ne se fait pas dans les idées échangées, mais dans les moments partagées.

Karl, Espace-temps des mots, Les Carnets Web de La Grange

…

I don’t have to vow to love her for the rest of my life, because any alternate reality is unthinkable. There is something more powerful than love. It is the melding that occurs when two people spend a long time together. She is just part of me now.

Winnie Lim, Pride (2025)

…

[…] as I age I tend to find myself more and more drawn to the safe and comfortable zone. […] But I am aware that this causes a chronic shrinkage of my existence.

Winnie Lim, first impressions of khao yai

…

Je n’ai rien modifié ni retranché du texte initial en le saisissant sur ordinateur. Les mots qui se sont déposés sur le papier pour saisir des pensées, des sensations à un moment donné ont pour moi un caractère aussi irréversible que le temps : ils sont le temps lui-même.

Annie Ernaux, Se perdre
cité par Karl dans Tokyo à vélo, Les Carnets Web de La Grange

Pour le même raison, je dois supprimer rapidement les photos ratées ou qui font doublon ; au bout de quelques semaines, elles deviennent des reliques inamovibles du passé.

…

Les souvenirs, la mémoire d’une famille n’existe que dans l’oralité présente et quotidienne de nos collisions physiques. Vivre loin est synonyme d’une mémoire neuve, de celle que nous créons au quotidien. Celle du passé se déforme, se fane. Il n’y a que le souvenir du souvenir. Le souvenir des histoires que l’on nous a racontées. Ce ne sont plus des souvenirs, ce n’est plus l’histoire d’une famille. Il s’agit d’une mythologie familiale dont je suis probablement le mauvais narrateur.

Karl, Souvenir de souvenirs, Les Carnets Web de La Grange

…

Les courses au petit supermarché du coin. Une forme d’extase étrange. Ici, je suis l’étranger. Ici, tout est nouveau. Ici, je comprends les différences.

Karl, Ce que l’on retrouve, Les Carnets Web de La Grange

…

Je pensais avoir la pression du temps, ce qui m’arrangeait bien, comme ça, si ça n’était pas tout à fait ce que j’avais en tête, je pouvais me dire que ce n’était pas de ma faute, pas eu le temps. Maintenant, sans la butée du temps, c’est plus sérieux.

Christine Jeanney, block note — maker, Tentatives

…

C’est ce que j’aime devant un travail artistique : ne pas tout saisir mais sentir la proximité et la surprise, l’augmentation de l’air respirable comme disait Jean-Pierre Faye.

Christine Jeanney, block note — lire, Tentatives

…

Masto en résumé : […] des gens gentils racontent gentiment leur vie. Un air de ville abandonnée reconquise par des babacool vivant dans des baraques délabrées, tous très respectueux des autres, bienveillants, animés de bonnes intentions, mais qui n’ont pas beaucoup d’idées neuves […]

Thierry Crouzet, Ma eVie depuis que j’ai quitté Facebook, Instagram, X, LinkedIn… pour Substack et Mastodon

J’ai souri, il y a de ça. J’y fais un tour de temps en temps, plus par nostalgie de la belle époque de Twitter que par réel intérêt. Pour moi non plus, la mayonnaise ne prend pas (alors que je peux passer un temps infini sur mon compte Instagram danse).

…

[…] avant 2007-08, environ : on n’attendait rien. C’était une situation d’échanges, proche ou loin du clavier, il suffisait de sortir pour s’éloigner, et rentrer allumer l’ordinateur. Ou l’inverse, notez-bien. Il y avait pour toute situation un moyen très simple d’y échapper. C’est ensuite que c’est devenu intrusif et malsain, et je n’ai rien vu venir, c’était là dans ma poche.

Joachim Séné, Nos comportements sont leur plus-value, Journal éclaté

…

L’homme dont le cœur ne dit pas tout à sa tête

…

[…] aux frais du contribuable qui, bien que payant tout, ne consent à rien […]

Guillaume Vissac, 190625, Fuir est une pulsion

Revue de blogs #11

Je n’aime pas l’été, c’est la mort de tout, par cuisson, alors que le printemps est un pétillement de vie.

Bonne humeur : Nom féminin. Synonyme : Colline,
Un peu chaque jour

…

love, is simply being able to be utterly ourselves with each other, and that same love incubates a space for the other to become. as i become more of my self, the more i understand how much of her love plays a part in my becoming, the deeper my love for her goes. i would be so much less of a person without her, because she sees and knows who i am, before i can recognise it in myself.

Winnie Lim, 107 months together

…

[…] sometimes knowing a situation is entirely irredeemable gives us permission to stop struggling

[…] people in general will take every opportunity to dismiss our suffering from a chronic illness – because it is always about their uncomfortable feelings, not ours.

I feel less and less disappointed with people, because the more I accept where I am, the more I understand where they are. I don’t expect much out of people anymore. Maybe people would see that has a positive evolution, but for me it is in tangent with the reality that expectations only develop when there is enough care.

Being aware of the richness that exists in these moments and awareness, knowing that a ton of things have to be in place before they can exist – this is what happiness looks like to me at age 44. Happiness is being capable of noticing the potential and richness of our own lives, […] it is being able to discern what is actually noise and extraneous.

Winnie Lim, 44

…

Enfantillages ? Absolument, mais dans le bon sens du terme.

Anne Savelli, L’enfant en soi

…

Et cette peur que ça brûle revient, augmentée du désir d’incendier tout soi-même.

Extrait de Décor Lafayette d’Anne Savelli
(j’ai envie de le lire maintenant, mais il n’est pas à la médiathèque)

J’étais consciencieuse (j’aurais pu l’être moins) tout en ne mettant aucune implication émotionnelle sérieuse dans ce que je faisais […] je me rendais compte que cela me faisait du bien, de ne ressentir aucun enjeu.

L’implication émotionnelle est réservée à l’écriture […].

L’implication émotionnelle, je ne peux pas y couper non plus quand j’anime des ateliers. Dans ces moments-là, je suis tout entière présente, raison pour laquelle je n’ai jamais voulu exercer ce métier à plein temps. J’ai fait de drôles de choix, de ceux qui sont aujourd’hui valorisés dans les discours de développement personnel (trouver ce pour quoi on est fait, se centrer, aller vers son désir), mais plus difficilement par la société (euphémisme).

Anne Savelli, L’implication émotionnelle

L’implication émotionnelle, voilà un critère important pour un choix de métier — encore que le curseur soit difficile à régler, j’ai toujours un peu envie de repartir en sens inverse. Trop d’investissement crame toutes nos ressources, mais trop peu les éteint à peu près aussi sûrement, j’en ai fait l’expérience en CDI dans un job que je pourrais pourtant exercer à nouveau si je le savais borné à quelques mois — comme un divertissement professionnel qui offrirait un répit à petite dose, mais redeviendrait mortellement ennuyeux sur le long terme.

…

Sacrip’Anne rectifie l’expression : dans les cadeaux, ce n’est pas l’intention, mais l’attention qui compte.

Et ce n’est pas si courant, dans la vie, d’avoir justement l’idée de quelque chose qui plairait à l’autre. Il y a toujours une sorte de pari — des paris, même : celui de louper le coche, de ne pas avoir réussi à transmettre… l’intention.

[…] J’adore quand surgit l’idée d’un cadeau pour quelqu’un. J’ai autant de joie à préparer mon méfait que, j’espère, la personne à qui il est destiné en aura à le recevoir.

Tout pareil, je n’aime pas « les cadeaux-obligations », pour lesquels je manque souvent d’idées. Quand j’en ai trouvé une que j’estime bonne en revanche, je jubile, contente de mon coup (surtout si le destinataire ne s’y attend pas).

…

Le mois d’avril au cours des années est étrangement devenu un mois rempli de bons et mauvais souvenirs. Quel étrange phénomène que celui des événements qui s’accumulent ici plutôt que là par le hasard du vent ou de la géographie du cours de l’existence.

Choses du calendrier, Les Carnets Web de La Grange

J’ai un ami qui prends des photos de ses réalisations culinaires tout au long de l’année. À la fin de chaque année, il en fait un livre qu’il nous envoie. Ses livres/journaux/photographies font partie des livres de poésies les plus beaux sur mes étagères.

Peut-être qu’il faudrait retrouver ce sens de l’adresse. Créer consciemment de petites choses pour un petit nombre — qui n’en serait plus un nombre (ni les choses petites).

…

J’aimerais ne vivre que là, dans cette mélancolie d’enfant de primaire, à bricoler, et perdre à l’occasion cette empreinte terrible de l’âge adulte, la crainte des aiguilles qui tournent. Je vis, et chaque matin pourtant je goûte le jour comme s’il était déjà parti. […] Je me demande comment m’extraire de cette mécanique, celle où je note inconsciemment que bientôt, le temps libre ne sera plus.

Je n’ai rien fait cette semaine. Vécu pourtant, mais qu’en dire ?

Soleil & mots, Tant qu’il nous reste des dimanches

Recopié à J-4 de la reprise.

…

Je n’ai pas assez de temps seulement dans ma journée, pour tout découvrir, lire, tester, me lancer, vivre.

Toutes ces petites choses qui, journal d’avril de Dame Ambre

…

Le bruit dehors et en dedans un silence caressant. Rien n’existe que la lumière qui se faufile.

Des dentelles de douceur, Accrocher la lumière

…

Toujours beaucoup de plaisir à suivre le récap des « trucs créatifs » de Lawrence sur Deadly Breakfast, notamment ses linogravures.

…

The thing with getting used to a place is that you stop seeing beauty everywhere. I love travelling because the stark contrast between the foreign place and my home country makes me drunk in the pleasure of constant marvel.
[…] I have expanded my awareness of beauty.

This is why I like making art, taking photos and even writing. They are basically impressions of my different selves. Behind these things lie an interior world that would only exist in that moment, and to browse these things again it is like time travelling back into those selves […]

Winnie Lim, Taipei after 7 years
(allez voir ses photos)

Un voyage dans le temps des soi successifs <3 On pourrait aussi définir le blog comme ça.

…

De même, je me réfugie souvent dans une longue marche, dans un univers hors-de-portée du « eux. » Je m’extrais de ce « nous » qui ne sait plus être « nous » mais juste des micro-condensations de « nous » entourées de nombreux « eux. »

Orthodoxie, Les carnets Web de La Grange