Alexandre Desplat ? Le nom ne me disait rien, et pourtant, le programme me révèle que j’ai vu nombre des films pour lesquels il a composé : sept sur les douze prévus pour la soirée (une bonne moyenne pour la médiocre cinéphile que je suis et, encore plus, que j’ai été). La Jeune Fille à la perle, The Queen, The Ghost Writer, Imitation game, The Grand Budapest Hotel, Harry Potter et les reliques de la mort, Le Discours d’un roi… que des bons films. Et pas un dont je puisse chantonner la musique (c’est John Williams qui me vient en tête quand je pense à Harry Potter). Pourtant La Jeune fille à la perle ou The Ghost Writer reposent essentiellement sur une ambiance, lumineuse et sensuelle pour celui-là, dense et tendue pour celui-ci. C’est même ce qui continue à me faire dire que The Ghost Writer est un bon film alors même que je ne me souviens plus du tout des tenants et aboutissants de l’intrigue. Or la musique joue pour beaucoup dans ce que l’on désigne sous le terme vague d’ambiance. Alexandra Desplat doit donc être un bon compositeur de musique de film. Très bon, même. Trop bon, en tous cas, pour être joué en concert : il s’adapte si bien à la spécificité de chaque film que, sans ce film, la musique tombe… oui, désolée… à plat. Pleine de harpe, de célesta et de flûte, elle est du genre à vous faire remarquer les lumières de secours sur les escaliers de la salle, que l’on imaginerait bien s’allumer aléatoirement comme dans l’effort de scruter un ciel étoilé pour y repérer des constellations.
Cela viendrait-il à l’idée de quelqu’un de présenter une variation de Casse-Noisette sans la musique de Tchaïkovsky ? La dépendance est de cet ordre-là. Les images projetées pour certains extraits soulignent cette dépendance plus qu’elles ne la prennent en compte : il ne s’agit pas, en effet, des passages accompagnés par la musique dans le film, mais de montages qui réussissent l’exploit, outre de comporter moult spoilers, de ne pas coller au rythme (plus d’une fois les images s’arrêtent avant que l’orchestre ait fini – c’est particulièrement dommage pour Godzilla, où l’explosion de cymbales arrive après le champignon nucléaire). Au cas où on aurait encore un doute, voici la preuve que la bande-annonce est tout un art.
C’est bon, mais bon comme un sandwich : les garnitures ont beau être différentes, après un sandwich jambon-beurre, un sandwich thon-crudités, un sandwich au fromage, un sandwich au saucisson et un sandwich poulet-crudités, tout ce qu’on retient, c’est qu’on a avalé beaucoup de sandwichs et, même si individuellement, ils sont fort bons, on mangerait bien autre chose. Ou rien. Parce qu’il faut bien l’avouer, on est un peu gavé. Mais la prochaine fois, sans faute, au ciné.