Concerto ou tard mais plutôt tard

J’ai aimé le Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski. Je crois avoir aimé la symphonie qui suivait, mais cinq heures de sommeil pour la Cinquième symphonie, c’est trop juste. Dommage qu’il n’y ait pas de Septième, j’aurais pu garder les proportions et les yeux ouverts. Je tiens néanmoins à souligner que je ne dormais pas mais que « je reposais mes yeux » (toujours au passé, indice de la mauvaise foi paternelle). Un peu comme le mini-pc qui se met en veille avant que la batterie ne lâche pour de bon, j’ai fermé les yeux pour garder les oreilles ouvertes. Cette subtilité n’aurait pas été possible sans Palpatine qui doit ainsi être remercié pour avoir eu la bonne idée de diriger toute la symphonie sur ma cuisse droite ; les pizzicati chatouillaient beaucoup, j’ai du me retenir de rire alors que les grosses contrebasses commençaient à s’exciter en fronçant le sourcil, au premier rang desquelles j’ai nommé le poète de Spitzweg, très en forme ce soir-là, qui se tournait vers ses camarades et mon sourire (la zone du public où je me trouvais, vous chipotez bien, je trouve) pour trouver à partager son enthousiasme.

Cela a du se faire sans mal pendant la première partie tant Arcadi Volodos, le pianiste, le suscitait. Il faut dire qu’un bourrin délicat ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. L’oxymore est parfaitement illustré par les deux derniers bis où il fait suivre un morceau aux accents foucades espagnoles d’une mélodie douce et lente, lente et poignante où la lenteur est proportionnelle au plaisir. C’est brrr même si j’ai crains une fois ou deux que le pianiste ne tombe à la renverse comme un vulgaire cancre tant il rejetait vigoureusement sa tête en arrière – le bonhomme a la jouissance douloureuse. Je bats des mains avant de battre en retraite.

D’avoir somnolé à l’entracte m’a ensuite plongée dans l’atmosphère de ces fins de dîner lorsque, enfant, je vacillais comme les bougies que je voyais sur la table avant de sombrer dans une torpeur où les voix des adultes parvenaient avec un éclat curieusement assourdi, phonèmes limpides que l’on perçoit avec une étonnante acuité alors qu’on ne les comprend plus. C’est cette même étrange lucidité qui, face aux sons des instruments, m’a fait apprécier la musique et ne m’en a laissé presque aucun souvenir, mis à part les coups d’archets déchirant – l’air comme une feuille de papier. Lovée dans mon siège, j’ai passé une chaleureuse soirée.

Chostakovitch and Co à tous crins

[mercredi 10 novembre]

J’arrive à Pleyel comme une fleur, persuadée, comme cela arrive périodiquement à mon esprit réticent à retenir les dates, les heures et autres indications chiffrées, que le concert commençait à la demie. Juste le temps de déposer mon sac au vestiaire (le orange rend le eastpack trop voyant) et de prendre place au rang E (« le rang des stars », Palpatine ne se sent plus – le décrochement est néanmoins appréciable, aucune tête devant). Dans l’allée centrale, une ouvreuse fébrile regarde alternativement l’homme qui fait se lever une rangée de spectateurs pour rejoindre sa place au milieu du parterre, et le chef d’orchestre qui vient de monter sur sa petite estrade et s’apprête à donner le signal du départ. Pas de souci, Sibelius couvrira les éventuels bruits de siège. L’orchestre est plus qu’au complet, il y a des chaises de partout et des têtes inconnues. Parmi les surnuméraires, un djeunz altiste avec des cheveux blonds qui lui descendent sur le nez ; à se demander s’il peut voir correctement la partition.
Tapiola est encore1 dans les bois, c’en est même la divinité. On n’échappera pas à une attaque d’essaim d’abeilles, qui se métamorphose en violente tempête ; les « vieilles forêts sombres » sont « mystérieuses en leurs songes farouches » prévient le compositeur. Je ne suis pas une grande promeneuse forestière, une exploration de vingt minutes me va très bien.

Ce qui vient ensuite me fait moins regretter de ne pas être au Châtelet où se créé une symphonie d’Arvo Pärt. Le Concerto pour violoncelle n°1 (en mi bémol majeur) de Chostakovitch s’ouvre avec entrain par un premier mouvement à l’espièglerie caustique – sardonique, nous dit le programme. Quelque soit l’adjectif, c’est réjouissant, à me faire dandiner d’une fesse à l’autre. La masse capillaire, grise et bouclée, de Steven Isserlis se soulève à tout instant, rapprochant brusquement les mouvements de tête du violoncellistes des a-coups qui caractérisent les marionnettes du muppet show. Rien de comique cependant dans le long passage solo qui renoue « avec les solitudes désolées que Chostakovitch a si souvent abordées ». La danse qui le remet ensuite aux prises avec l’orchestre n’en est que plus endiablée. Il s’excite tant sur son instrument que deux fils pendouillent au bout de son archet, comme un crin sur la soupe. C’était dément et ce n’est donc que justice si la reconnaissance du public sabbat s’abbat sur lui en multiples applaudissements. Le Souchon du violoncelle (de même qu’il y a le docteur Glamour du violon) nous gratifie d’un bis. J’avais l’étrange impression d’avoir entendu ce morceau il y a peu et comme le concert de Kachatryan s’est immédiatement présenté à mon esprit mais qu’il ne pouvait s’agir d’aucune pièce pour violon, j’en ai déduit que c’était probablement également du Bach, l’une des suites qu’a chorégraphié Spoerli dans In Den Winden Im Nichts (récemment découvert en DVD).

On finit par la sixième symphonie (en mi bémol mineur, à croire que c’est la note de la soirée) de Prokofiev. J’y retrouve quelques-uns des effets de Cendrillon (imprégnation par ballet, comme toujours), sans le même brillant toutefois. Le programme me confirme que c’est normal en m’apprenant que cette symphonie est considérée comme la plus sombre du compositeur. Ah. Je ne l’avais pas vraiment perçue comme lugubre… à vrai dire, mon attention s’est plutôt cristallisée sur les embardées du chef d’orchestre qui, à un moment particulièrement vivace, s’est translaté vers l’avant d’un bond, un pied rejoint par l’autre. Pris par la musique, il se soulève parfois sur les talons, orteils qui battent ainsi la mesure – ça confine aux claquettes. Claquements de mains (mention spéciale au jeune homme -mathématicien pour Palpatine- qui applaudissait comme une otarie) puis s’en vont (enfin, c’était l’intention parce que j’ai oublié mon écharpe et j’ai du remonter à contre-courant des petits vieux, ce en quoi la souris n’a pas l’habileté du saumon).

1 A la bourre dans mes compte-rendus, il y avait du Sibelius la semaine dernière – et du Arvo Päääärt !

Arvo Pärt et autres silhouettes

[jeudi 4 novembre]

Une création d’Arvo Pärt – j’avais même fait une sieste pour être parfaitement réceptive et apprécier pleinement. Arvo Pärt, pour moi, c’est d’abord la musique d’une chorégraphie travaillée au conservatoire pour une variation d’interprétation. Ce qui n’arrive presque jamais, nous nous y référions par le nom du compositeur plutôt que par celui du chorégraphe, peu connu par ailleurs, nous l’avions re-piquée sur un enregistrement du prix de Lausanne. Au milieu de la variation, il y avait un passage vide de tout pas, un regard pour seul mouvement, qui se devait d’aller au fond de la salle et des choses, cependant que le poids du corps ne faisait que passer d’une jambe sur l’autre. La caméra se focalisait sur le visage de la fille, un visage-paysage, sur lequel j’ai par la suite superposé la plaine enneigée qui figurait en couverture d’une anthologie de musique estonienne que le pianiste m’avait ramenée (une autre année, qui a donné une « composition personnelle » sur une musique d’Erik-Sven Tüür). Une plaine enneigée où la brume voilait un seul arbre – le silence. Puis la gorge nouée en entendant à nouveau les premières mesures de Tabula rasa (c’en était le titre) à Bastille où deux solistes du NYCB se produisaient dans After the rain, de Christopher Wheeldon. Le plus beau pas de deux que j’ai jamais vu, le plus émouvant. Et enfin le CD que j’ai trouvé chez Palpatine et aussitôt copié, avec un hommage à Benjamin Britten (que je n’ai découvert qu’ensuite, avec Billy Budd – il paraît qu’une fois encore, j’ai fait les choses à l’envers), une musique qui s’égrène dans le silence, ponctuée de cloches lointaines, du moins qui me paraissent telles lorsque j’écoute la musique dans mon lit, dans le noir, dans cette phase où notre acuité s’exerce avec une grande liberté, juste avant le sommeil, le lecteur MP3 à puissance minimale, pour tendre l’oreille à l’attention (comme une corde, on vibre mieux alors). Arvo Pärt est donc un nom qui, seul, suffit à me mettre en alerte, prête à accueillir ces sons étranges et envoûtants.

Silhouette n’est pas aussi émouvant que j’aurais pu m’y attendre mais cette création courte (sept minutes sont si vite passées) n’en est pas moins fascinante – toujours ces sons étalés dans le silence, qui s’en détachent étrangement. De percussions assourdies émergent des notes très étirées. Toujours avec mon image de plaine enneigée, j’imagine des échos aigus, cristallins, qui se répercutent dans une grotte de glace pleine de stalactites. Mais les pizzicatos me font sortir du cliché nordique ; je me rappelle le titre de l’œuvre et subitement le son qui s’élance prend un tout autre sens. Silhouette, hommage à Gustave Eiffel : c’est la Tour dans son entier, une première mesure de sa grandeur, avant de commencer l’ascension, de grimper les poutrelles à coups d’archet, l’une après l’autre, en croisillons – jeu de composition et de construction. Ce qui en émerge n’est pas le monument marron terne mais l’architecture illuminée qu’on découvre furtivement depuis le métro aérien en venant à Pleyel, et que des gamins ne regardaient même pas, trop occupés à se disputer un journal en papier ; mais l’objet d’émerveillement un peu simplet qu’elle devient à heure fixe lorsqu’elle se met à frétiller- métamorphose de minuit toutes les heures piles. Dans cette évocation note à note, où la Tour s’élève pièce à pièce, je retrouve le même imaginaire que dans la nouvelle de Dino Buzzati. Le monument touristique, habituellement réduit à une babiole en plastique, est restauré dans sa structure architecturale monumentale, justement. Aucune lourdeur néanmoins : l’évocation esquisse en tintinnabulant la silhouette métallique de l’édifice. Cet hommage à Eiffel est une jolie façon de célébrer l’arrivée de Paavo Järvi à la tête de l’Orchestre de Paris.

Le compositeur en personne vient saluer. Ce vieux monsieur au crâne rond, à la barbe grisaillant, au regard humble et doux, et aux manières effacées me fait l’effet d’une apparition : un tailleur ou un sculpteur de sons, un grand-père sorti d’une forêt ancestrale qu’il habiterait autant qu’elle l’habiterait, de son folklore, de son silence et de ses murmures.

Une fois les applaudissements calmés, la soirée si bien inaugurée se poursuit avec le Concerto pour piano en la mineur d’Edvard Grieg. D’où nous sommes, nous ne voyons pas le clavier, mais quand bien même Elisabeth Leonskaja enfoncerait les touches moitié avec moitié moins de violence que les coups de tête qu’elle donne vers l’avant (et qui font tressauter sa mise en pli), sa frappe n’en ressemblerait pas moins à un martèlement. Pourtant, même si l’usage des pédales confine parfois au coup de pied, l’interprétation ne souffre pas de cette énergie quelque peu bourrine (le piano, je ne sais pas trop), d’autant que la pianiste est capable de nuance dans les moments plus calmes. La vigueur de son jeu sert la puissance de l’œuvre, rendue directe par des notes claires et distinctes. En résumé, c’est l’éclate. On attrape un morceau de douceur en bis ; je me demande pourquoi j’ai la sensation d’assister à un concert archétypal lorsque je me rends compte que la lumière a été baissée et la poursuite, braquée sur le piano qui tient un encombrant bouquet dans sa gueule ouverte.

Après l’entracte, tout le monde s’extasie sur la deuxième symphonie de Sibelius. J’assiste au déchaînement grandiose de puissances de la nature sans que cela ne m’émeuve ni ne m’enthousiasme grandement ; je suis déjà repue de ma soirée.

Violon au secours de l’apprenti sorcier

[jeudi 14 octobre]

Pas sorcier cette fois-ci de savoir d’où je peux bien connaître la pièce de Paul Dukas, c’est une affaire de souris : il prend à Mickey la Fantasia d’anticiper la levée de corvée de Moustique sans la bienveillance d’aucun Merlin. Il n’empêche, le résultat est enchanteur et la pièce, un morceau de choipeau magique. Presque aucune image de Disney ne me vient à l’esprit pendant l’audition ; je m’étonne même de ce qu’on en est venu à faire de l’Apprenti sorcier un programme pour « jeune public » – serait-ce simplement que les thèmes du balai, de l’apprenti et de l’eau sont aisément reconnaissables une fois nommés ? Peut-être cela participe-t-il a aussi de mon plaisir.

Vient ensuite mon moment préféré de la soirée, avec le Concerto pour violon n°1, en la mineur, de Chostakovitch, où l’on retrouve le docteur Glamour de la musique en soliste (qui n’est pas la raison de mon engouement pour ce morceau -d’abord, je préfère Shepherd). Je ne sais pas si c’est d’avoir travaillé sur la critique kundérienne toute la journée, mais j’ai l’impression que le premier mouvement survole de nuit (« Nocturne ») un monde dévasté où les ruines sont tout à la fois débris et admirables antiquités. Le « Scherzo » se charge ensuite de le tourner en dérision, et les coups d’archets sont autant d’attaques railleuses contre un univers que l’on ne peut plus détruire. La fureur dérisoire qui anime le second mouvement (et le bras de Vadim Repin, dont l’archet finit échevelé) se transforme en noble résignation (« Passacaille »), mais la mélodie lancinante qui la caractérise finit par retomber, sous un autre mode (« Burlesque »), dans la fureur du deuxième mouvement, à la différence que cette fois, on ne se moque plus du monde dans lequel on demeure pris, mais de sa propre révolte. Rien que ça.

En comparaison, la Symphonie n°2 en mi mineur de Rachmaninov me semble un peu trop lyrique, comme si les passages sombres ne pouvaient être que tragiques, et toute envolée, grandiose. C’est magistral, mais après le concerto de Chostakovitch qui se situe au-delà, je ne peux plus. Ce n’est pas seulement la durée de l’œuvre qui arrive en fin de soirée – même si cela a eu raison de ma voisine qui, installée confortablement sur l’épaule de son chéri dont elle tenait le pouce comme elle avait dû le faire de l’oreille de son doudou, a fini par s’endormir ; sa respiration régulière démentait que les yeux fussent fermer pour augmenter le plaisir des oreilles. Il faut dire que l’extase vous pousse hors du temps. Hors de la musique, presque, dans mon cas (ce n’est pas que la musique m’échappe, comme dans certaines grandes formes où j’ai l’impression de lui courir après ; ici, elle est derrière et me pousse hors d’elle-même, dans cette volonté d’extase qui va jusqu’à son propre oubli), si bien que mes moments préférés sont ceux où la musique négocie sa sortie avec le silence. Plus d’évasion, on est simplement là, de nouveau attentifs au moment présent sans que le passé ou le futur, dont il n’est pas pour autant coupé, ne viennent empiéter dessus. Je crois que c’est précisément pour cela que j’ai été si fascinée par la musique de Dutilleux – je commence à comprendre le pourquoi de mes préférences, ce doit être cela de se former le goût. Peut-être même serai-je bientôt capable d’anticiper sur ce qui est susceptible de me plaire.

Concert également flottant

(jeudi 7 octobre)

Il semblerait que, comme en danse, il y ait après la fatigue une zone de plus grande acuité pour l’auditeur. Je ne sais pas si ce sont les escaliers qui m’ont réveillée, mais pas un seul instant la somnolence qui m’accompagnait depuis mon départ en train n’a trouvé dans la musique motif à bercement, et trop fatigués pour s’agiter, mes neurones n’ont pas parasité l’écoute d’idées décousues. Une zone de calme serein, en somme, parfaite pour accueillir la Petite suite de Debussy. Le programme rapporte qu’à l’époque de sa création, on avait reproché à la pièce d’être du « Debussy pour enfant », mais si le tintement du triangle m’évoque parfois l’atmosphère de Noël (tout comme la cannelle dans le thé), elle est immédiatement diluée dans la douce agitation du bord de mer, aux clapotis impressionnistes. Je ne cherche pas à faire ma critique musicale (j’en serais bien en peine), simplement à traduire l’image qui m’est venue, un fondu-enchaîné par lequel les lumières chaudes de Noël, des guirlandes, des bougies ou des cuivres, que le regard fatigué et plissé rend floues comme les boules du sapin, deviennent des tâches rondes de lumières qui quittent leur décor pour se retrouver, lorsque l’on rouvre les yeux, dans le scintillement des vagues, dans un ailleurs balnéaire.

J’avais une impression de déjà-entendu et, vu l’étendue de ma culture musicale (on est plus proche de l’étang que de la mer) et qu’il me venait des images de En sol (raté, c’est Ravel), j’en ai déduit que j’avais dû le voir en danse, mais le programme précisant que Debussy a refusé toute adaptation chorégraphique, je penche finalement pour une réminiscence trompeuse de la Mer, que j’ai pas mal écouté lorsque j’étais petite parce qu’il se trouvait sur le même CD que le Boléro. Il faut croire que c’est une association heureuse, puisque Petite suite était également suivie d’un morceau de Ravel.

Le Concerto pour la main gauche, pour piano en ré majeur était… frappant. Après avoir cessé de me demander si la main droite, posée sur le genou, viendrait apaiser son double furieux (et pour cause, le concerto a été composé pour Paul Wittgenstein qui avait perdu un bras à la guerre), j’ai oublié cette bizarrerie qui donne pourtant le ton à tout le morceau et me suis pour ainsi dire habituée à la virtuosité de Jean-Frédéric Neuburger, dont la main semble douée du don d’ubiquité pour occuper ainsi tout le clavier. Le morceau qu’il nous a offert en bis a montré qu’il était fort heureusement pourvu de deux mains gauches. Dans le Concerto, la frappe est nerveuse et puissante, doublée par l’orchestre de quelques accents jazzy et de pulsions fortes comme celles du Boléro, j’adore. Ce serait une parfaite musique pour un passage de Mademoiselle Else, dont l’envie d’en faire une chorégraphie me titille depuis un moment déjà. Mais ceci est une autre histoire un autre fantasme.

Après l’entracte et l’éloge palpatinien de Lola (bientôt un lieu commun du concert), la soirée a repris et s’est finie par la Symphonie n°4 en fa mineur de Tchaïkovski (comment voulez-vous que je retienne des titres comme ça ?). Depuis le second balcon, nous avons une vue imprenable sur l’hémicycle de l’orchestre, les cordes qui descendent des contrebasses jusqu’aux violoncelles comme des petits cailloux éboulés de rochers, les cuivres qui sont souvent cachés pour le parterre, et le chef. Campé sur deux jambes imputrescibles, Kazuki Yamada engage un duel avec l’orchestre, feinte sur une mesure très marquée et donne le départ aux violons d’un coup de fleuret baguette, le tout sans s’escrimer, très noble. C’est finalement le public qui est soufflet soufflé et n’ose battre que ses mains.