Uncommun law

« Je veux juste passer à la librairie juridique. » Voilà une annonce qui me remplis généralement d’effroi lorsque je suis à Paris avec Palpatine. La librairie juridique est la seule librairie – avec la librairie religieuse et/ou de sciences occultes – où je n’ai aucun plaisir à fouiner et où je dois faire appel à ma formation d’éditrice pour y trouver un quelconque intérêt (les éditions juridiques sont parmi les plus soignées) et faire passer le temps.

 

 

À Londres, on est accueilli par un canard en plastique en tenue de juge, presse-papier factice pour des pavés de 400 pages au bas mot. Ses collègues se trouvent sur le comptoir de la caisse, en panoplie d’enquêteur et de policier – élémentaire, mon cher Donald duck ! Comme je reconnais facilement mes congénères, je débusque une toute petite souris en pâte Fimo – juge, elle aussi, avec une perruque à croquer.
 

 Une des trois petites sur la droite. Ultra-choupie. Et ce n’est pas la seule.

 

Dans la même vitrine, moult petits objets, et notamment une série de boutons de manchettes, dont celui-ci :

 

Quand l’esprit british croise l’humour d’avocat, cela donne aussi des bloc-notes second degré :

 

Crise de fou rire : cela va tellement bien à Palpatine.

 

Rire jaune : cela va tellement bien à A.

 

Non seulement les avocats britanniques semblent rire volontiers, mais ils rient intelligemment : à l’entrée de la librairie se trouve une étagère de classiques littéraires, qui suggère qu’on ne juge bien les hommes qu’en ayant fait ses humanités. J’aime cette vision décloisonnée des choses (quand cela est plus disciplinaire chez nous, il me semble), qui sous-tend une conception des études littéraires comme étude des hommes à travers les livres et non des livres à travers leur seule technique – même si le style d’écriture importe, en témoigne un ouvrage tel que l’Oxford Guide to Plain English. Apprendre à éviter la langue de bois et à s’exprimer le plus clairement possible, voilà qui n’est pas du luxe et que je n’ai pourtant qu’entrevu rapidement lors de mon premier master 2. Placer ses jambes lorsqu’on prend la parole, préférer le verbe au nom ou encore articuler en ouvrant la mâchoire, de façon musculaire et non pas seulement phonétique… j’ai davantage progressé en un semestre que lors des deux années de fac. Ce cours d’ « anglais professionnel » mériterait d’être donné indépendamment du cours de langues dans lequel il s’inscrivait.

Et pour terminer cette visite surprenante, de l’humour éditorial avec une collection d’ouvrages de révisions baptisée Nutshells (tout est là, in a nutshell – et en schéma, se hâtera de préciser Palpatine).

 

 

London. Love that city.

6 réflexions sur « Uncommun law »

  1. « Non seulement les britanniques semblent rire volontiers, mais ils rient intelligemment »

    Ne serait-ce pas la définition de la britannitude ?

    1. J’adore l’humour des juristes britanniques. J’imagine mal la même chose chez nous (en même temps, je ne connais que l’austère librairie Dalloz…).

      Je déplore aussi l’absence de cours de ce genre. Les cours d’anglais que j’ai eu étaient en grande majorité assez ennuyeux (littérature et traduction exceptées). Du coup, je crois que je vais jeter un coup d’œil à ce guide.

      Aah Londres… Tu me donnes envie d’y retourner. Je connais vraiment mal la ville.

    2. klari >> Toute à fait. La tautologie est fille d’enthousiasme, non ?

      Llu >> De ce que j’ai pu entendre et comprendre, ici, l’humour juriste, quand il existe, serait plutôt un humour de note de bas de page et de remarques cinglantes assénées avec style.
      > Depuis que j’ai quitté le lycée et à l’exception du cours en question, je n’ai eu que de la littérature et de la traduction : c’est quoi, l’alternative ? Du vocabulaire et de la grammaire bruts ? De la compréhension orale (mon point faible, du coup) ?
      > JoPrincesse veut aussi y aller. On va finir par faire un voyage de groupe…

    3. L’alternative est moins réjouissante (quoique j’ai eu plein de cours de litté vraiment nuls…) : civilisation britannique et américaine.

      Ça pourrait être des cours très intéressants mais je n’en ai eu aucun de bon.

      Ah tiens, j’avais oublié la grammaire. J’ai trouvé la linguistique super intéressante justement mais c’est pas forcément très utile pour communiquer.
      En prépa, on avait de la compréhension orale en spé pour préparer Cachan mais à part ça… Jamais rien eu d’un peu « pratique ».

      Ouais ! Voyage de groupe ! Je vote pour. Même si Londres pour pratiquer son anglais, c’est pas trop ça en fait.

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