A university for the real world : le slogan de l’université d’Audrey en Australie. Bien que je n’aie jamais posé mon postérieur sur les bancs de la fac française, je peux affirmer que ça n’a rien à voir avec la faculté australienne. Cette dernière commence par vous en mettre plein la vue, avec ses différents campus, ses bâtiment ultras modernes et ses computer labs où des écrans 16/9ème s’étendent à perte de vue.
Car tout se fait par informatique – contrairement à notre contrée septentrionale hexagonale où internet est considéré comme le diable qui profane le temple du savoir en détournant les scolastiques de leurs sacro-saints parchemins, et où certains professeurs d’anglais un brin réac assimilent Google à gogole, internet est révéré comme un dieu. Une dévotion qui tourne parfois à l’aveuglement, me prévient Audrey qui, lors d’un de ses devoirs qui devait être rédigé entièrement à partir de sources électroniques, s’est vu ôter des points pour avoir transformé la webographie en bibliographie (le web n’étant pas encore abondamment pourvue en historique du nucléaire, à l’exception de quelque propagande de ses utilisateurs – voilà, si vous cherchiez un sujet de recherche et de thèse non encore exposée aux toiles d’araignées sur la toile, c’est chose faite). Dingue qu’on ne puisse encore appréhender cette nouvelle technologie sans avoir recours au vocabulaire usé de la moralité. Pas de juste milieu ; mais un usage équilibré et critique suffirait à ce que tout aille pour le mieux sans que l’on tombe dans le meilleur des mondes.
Impossible donc d’étudier en Australie sans avoir d’ordinateur. Tous les devoirs – qui sont d’ailleurs plus des recherches, des analyses, parfois presque des papiers (journalistiques)- doivent être dactylographiés. L’écriture manuscrite est un signe d’archaïsme que l’on déchiffre presque aussi bien que les manuscrits médiévaux calligraphiés en gothique – et quand on s’entend demander « C’est quoi le Moyen- Age ? », on n’est pas près de déterrer la pierre de Rosette. La correction du travail suit un itinéraire digne de l’administration française, et il faut attendre de recevoir un mail pour faire biper son code barre et obtenir les fruits de son labeur. La notation s’échelonne de 1 à 7, 7 étant la plus haute note.
Moins étonnant, mais plus important, voire inquiétant est le choix des matières. A fond sur le business, « à quoi ça sert d’étudier les langues, l’histoire, ou la sociologie ? ». A QUT (l’université d’Audrey), ils ont carrément décidé de fermer les humanities. Et quand on nous demande « C’est quoi la philosophie ? », on vérifie l’étanchéité de la porte de sa tour d’ivoire, et on hésite entre l’ouvrir pour en faire un musée ouvert aux businessmen ou la verrouiller à double tour pour s’enfermer dans sa secte. Un autre monde, celui de la majorité de la population en fait – même si une part résiste et manifeste. C’est quoi la philosophie ? – difficile à expliquer, en fait. Un peu comme le concept franco-français de classe prépa. Une fois qu’on a hasardé une ébauche de réponse, la réaction est immédiate : « Mais c’est fatiguant, il faut réfléchir tout le temps ». Cet été, j’ai décidé de me mettre au parfum de l’air du temps : je vais aller encrouter mes neurones en les tartinant de crème solaire et m’en tenir à la croyance – un esprit saint dans un corps sain.
Avant d’aller léguminer (ta gueule, word, je néologise quand je veux) au soleil, j’observe la sortie des collégiens. Pour le prestige de l’uniforme, faut voir. Mais pour le look, il faudra repasser : certains s’en sortent avec du bleu marine ou du vert bouteille, mais d’autres écopent de bleu layette et de marron passé. Les garçons sont mieux lotis que es filles, dont les jupes sous le genou (c’est-à-dire ni courtes, ni longues – coupées comme des sacs à patates) combinent la mode scout, cléricale et mémère –un cocktail explosif des plus sexy. Bardés de leur sac de sport, les high school sortent tôt – « après on s’étonne qu’ils n’aient rien dans la tête », râle Audrey, « ici, on peut même passer sa scolarité sans faire d’histoire. » Ils n’en feront pas un camembert en tous cas – ou alors sous forme de plastique pasteurisé.
Les universitaires n’étudient pas non plus des masses – 13 heures par semaine ne semblent pas mener directement au surmenage. D’autant plus que les cours sont plus des pistes de réflexions à développer soi-même (ou pas – hein Dre, qui obtient 7 en bâclant la veille de la deadline) que des cours proprement dits – on parle d’ailleurs de lectures, c’est-à-dire de conférences. Pas de leçons donc, mais des travaux à rendre. Les domaines sont variés, l’nuversité autralienne offrant quelques belles idées comme des cours de creative writing. Les cours en eux-mêmes sont plutôt attrayant, divertissant à grands coups d’écran géant, d’extraits de films et de powerpoint reprenant les clés du cours (vous ne viendrez pas vous plaindre que l’écriture du prof n’est pas lisible ni que la poussière de la craie vous fait tousser). On ne sait plus très bien si on s’amuse en travaillant ou si l’on travaille en s’amusant.
Critique mais lucide : si les étudiants ne s’éreintent pas intellectuellement, ils se tuent quand même à la tâche. Outre le temps que demandent les recherches, le prix des études oblige à cumuler les boulots ou à avoir Crésus comme parent – d’où les 13 heures de cours hebdomadaires. Certains bossent même avant de faire leurs études, histoire de faire des économies. Etudiant n’est donc pas synonyme de « jeune », et il n’est pas rare de croiser des adultes sur le campus – il existe même une garderie pour ceux qui sont déjà parents – à moins que parents et enfants étudient en même temps, cas possible, d’après une anecdote que m’a rapportée Audrey.
Un autre monde vous, disais-je. Downunder.
Technologie à tout crin versus par-cœur écœurant. Reste à savoir qui est tombé sur la tête.
Oh, ILS sont tombés sur la tête, nonmého ! En tout cas, merci Mimy pour ce coup d’oeil étonnant sur le curieux système éducatif australien.
Intéressant. Qu’est-ce qui est mieux pour un étudiant :
– Se faire rabaisser tout le temps par des notes infâmes dénotant son incapacité à faire des connaissances des autres siennes, réussir finalement un concours et se croire « the king of the world » pour finir prof ou chercheur d’un homme avec une petite lampe torche dans les couloir du CNRS, d’un lycée ou ‘une obscure FAC ?
– Trouver l’épanouissement dans du « cretive writing » et travailler sainement dans un boulot bien payé, avec un mari et des enfants étincelants comme dans la pub pour Twix, sans s’être jamais posé de questions, jusqu’à la mort de sesparents et le départ de ses enfants ?
– Mourir de soif car c’est le destin de tous les ânes de Buridan en face d’une telle alternative…?
Je tiens a te feliciter d’avoir tres bien resume la chose. C’est vrai que quand on le vit ca a l’air moins con que quand on le lit…
Je suis d’ailleurs justement dans le computer lab a pleurer parce-que Internet a ENCORE decide de ne pas marcher avec mon Vista adore. Tu as des suggestions pour qui je tue en premier quand ca me fera foire mon semestre????
Aleks >> C’est ce que je me suis dit d’abord avant de me demander si ce n’était pas l’habitude qui me dictait une telle réaction. En fait, je suis un peu comme Irrlichter – dans l’expectative.
Irrlichter >> Tu as oublié quelques alternatives ^^:
– Se faire rabaisser tout le temps par des notes infâmes dénotant son incapacité à faire des connaissances des autres siennes, échouer lamentablement au concours et finir prof illuminé dans les couloirs d’un lycée ou d’une obscure FAC ?
– Trouver l’épanouissement dans du « creative writing » et travailler comme un automate dans un boulot mal payé, avec un mari qui ronfle, des enfants insupportables, pires que la pub petit bateau, sans s’être jamais posé de questions, jusqu’à la mort de sesparents et le départ de ses enfants ?
– Mourir de faim car c’est le destin de tous les ânes de Buridan en face d’une telle alternative…?
Un peu plus sérieusement, je n’en sais rien (comme si c’était sérieux de ne pas savoir). Un Australien pourrait écrire un truc semblable sur les prépas françaises. Faudrait que j’essaie d’imaginer l’article, tiens.
Dre (pour Irrlichter aussi, en fait) >> Pas forcément con. Au plan de l’enrichissement personnel, ce n’est peut-être pas ce qui nous convient exactement. Mais malgré ses défauts, l’unviersité australienne prépare sûrement mieux au monde que les prépas françaises par exemple. Après, c’est une autre question de savoir si l’on accepte le monde actuel et son idéologie. On en revient à l’alternative d’Irrlichter. Bon, il est passé où le père Hegel, qu’il nous résolve le truc à coup de dialectique bien ordonnée ?
Je n’ai pas dit ni pensé que c’était con. J’essaie de présenter l’alternative de façon ludique et grossièrement caricaturé, mais en fait, je n’en sais rien, et je suis assez d’accod avec toi pour ce qui est de préparation au monde Mais le monde est toujours là, ne peut-on pas saluer l’effort des prépas pour nous en détacher ? La position de surplomb n’est-elle pas un position de domination? Il n’est pas si facile de trancher, d’où l’arrivé de l’âne de Buridan, sur ce je retoune bronzer avec la Raison das l’Histoire
Tu vois Hegel n’est jamais très loin ;). Tu veux d’une alernative sèche, alors que tout l’intéret du problème est qu’il ne veut pas se résoud pas dan sun plan dialectique (qui n’est pas une inventin hégelienne, pour autant que je lise Hegel, mais plutôt une sombre lubie française). En fait l’alternative, c’est le choix (d’où l’âne de Buridan),c’est plutôt le père Leibniz ou le père Kant qu’il faut appeler à son secours dans ces cas là. ur ce je reretourne bronzer, sans livre cette fois, j’en ai marre de réfléchir
J’ai bien vu que tu n’avais pas dit que c’était con. Dre si. La réponse était d’abord pour elle, mais comme j’y prolongeais aussi la réflexion, je t’ai ajoutée comme destinataire au paragraphe. J’ai très bien perçu la présentation ludique et caricaturée… (pour une fois que je suis réveillée, quand même!).
Je ne veux pas d’une alternative sèche en revanche. Pour autant qu’on ait étudié Hegel cette année, sa compréhension de la dialectique était tout sauf une opposition binaire frontale (c’est un pléonasme, je m’en fous). (L’analyse de la sombre lubie française me plait bien en revanche)
Kant m’est toujours un peu obscur.
Leibniz passe à la casserole cette été, j’ai eu l’idée saugrenue de prendre option philo.
– Hors sujet : crois-tu que j’arriverai à bronzer avec les Physiques d’Aristote ou la Recherche de Proust ?
Ties tu prends option philo ! Moi je la quitte, je ferai option géo à l’écrit et histoire à l’ora l’année prochaine, j’ai décidé cela en voyant la teneur de mes résultats philosophique et la teneur des admissions cette année en option philosophie à Henri IV. Tu vas goûter de la rhétorique Suratesque ! hihihihi (enfin je me rends compte que je ne suis pas du tout sûre que tu sois à Henri IV…). EN plus Aristote l’année prochaine, il a y avoir du sport.
Option géo ! Je me demande laquelle des deux est la plus suicidaire. Enfin, c’est vrai que j’ai vaguement commencé Aristote et qu’il va y avoir du sport. En fait, ce sont l’intérêt que j’ai pris aux cours de philo cette année et la Princesse de Clèves au programme de l’option littérature qui m’ont décidée.
C’est quoi la rhétorique Suratesque ? ferait-ce partie de la mythologie d’Henri 4 ? – parce que non, je ne suis pas à HIV, ayant préféré faire ma feignasse et rester dans mon lycée La Bruyère, à cinq minutes à pied de chez moi, à Versailles.