Conditions concours*

    Pour vous mettre aux conditions concours, nous vous demandons de ne pas sortir pendant la première heure, de mettre vos sacs sous le tableau et de ne pas garder votre portable sur la table.

     Cette bonne intention affichée de notre CPE a du faire sourire le premier à être sorti au bout de quarante-cinq minutes. Peut-être même l’a-t-il textoté à quelqu’un d’autre comme ceux qui se sont communiqué le sujet de philo à rendre après les vacances, que l’on devait récupérer après remise de notre copie. Un prêté pour un rendu. Mais qu’importe, je continue à farfouiller dans mon sac pour y trouver quelque chose comestible et euphorisant – du chocolat à tous hasards. Les conversations écrites fusent, les échanges de soupirs désespérés face au sujet aussi,  les brouillons noirâtres sont émaillés de questions (de) bleues, souvent à caractère orthographique. Le trafic de gâteaux bat son plein et le concert des estomacs offre de beaux solos au mien. Pain d’épice, pomme, clémentine, chocolat et polystyrène comestible** : pas question d’être à cours de munitions en pleine guerre froide. Même après avoir fait une indigestion de dates de Noël fourrées au communisme  vague impression d’avoir avalé les révisions du bac d’histoire en une journée – vague sensation d’être persécutée, lorsqu’en allant à ma répétition de danse, un monument en rajoute une couche, en rappelant à ma mémoire défaillante que la guerre de Corée, c’est le millésime 1950-53. Indigestion historique. Le café littéraire était encore plus orgiaque. Jugez plutôt du menu concocté par la Bacchante : Mikados, langues de chat, amandines au chocolat et Ferrero Rocher. A déguster à la fin, après avoir nourri sa pensée de façon toute mécanique, en engouffrant gâteau après gâteau et tendant la main pour attraper une autre pensée, s’apercevoir brutalement que le paquet est vide. Dissertation en miettes. On recolle les morceaux comme on peut. Un tissu d’âneries, cousues au fil blanc des transitions rhétoriques. Un jour, je vous ferai une méta-dissertation pour vous prouver en toute mauvaise foi que mes transitions coulent de source et pas seulement d’encre. Trop long pour ma patience présente. A la place, je vous propose la réponse dont on ne fait qu’une bouchée. Hors-d’œuvre totalement hors de question mais qu’on s’amuse à formuler avant de développer nos idées et de rabougrir notre dos – par un mécanisme que je ne m’explique pas, il me semble que l’on voit mieux l’intérêt du sujet quand on a le nez collé dessus (peut-être est-ce aussi pour cela que j’ai du mal à prendre de la hauteur).
Hors-d’œuvre hors sujet, donc :

« Toute œuvre d’art est un mensonge. »
         Toi aussi, Stendhal.
        
Alors ma copie doit être une très belle œuvre.

 « Pourquoi l’idée de Dieu nous vient-elle à l’esprit ? »
         Parce que nous sommes à Versailles.
        
Parce que l’on me pose la question.
        
Pourquoi l’idée de « Pourquoi l’idée de Dieu nous vient-elle à l’esprit ? » ne me vient-elle pas l’esprit ?
Mon esprit embrumé n’a même pas pu implorer l’aide divine du clocher de l’église Saint-Louis, drapé de son brouillard mystérieux.

     « Messianisme et géopolitique dans les relations internationales de la Russie puis de l’URSS »
J’aime quand les profs rivalisent de superbe pour nous dégoter de beaux sujets. Un sujet vu de loin, c’est toujours beau. Et tout le monde sait que la beauté laisse sans voix. 

Conditions concours. *sous conditions
Libération conditionnelle sous peu de jours.

** Copyright Melendili – mais si je dois rendre compte de toutes les expressions que je lui pique, on n’est pas sortis de l’auberge.  

5 réflexions sur « Conditions concours* »

  1. C’est fou ça, je crois n’avoir jamais fait de hors sujet…

    Perso, je préfère le Raphaello. Mmm, qu’est-ce que c’est bon… le rocher Suchard au lait aussi (et c’est pas de l’arnaque, il est bien 3 fois plus gros que Ferrero Rocher).

    Moi aussi, j’ai commencé. >.

    1. Tout à fait d’accord, le Raphaello, y a que ça de vrai.

      Je dois avoir honte d’avouer que le sens de « messianisme » m’est inconnu ?
      Hum. Bon, ok, j’ai honte.

      *part s’instruire*
      *revient un tout petit peu et vaguement plus instruite*

      Ma foi… Je ne suis pas mécontente d’avoir quitté l’aventure avant les épreuves… ^^

    2. Yek. Les sujets piquent les yeux o_O

      Cependant le meilleur dans les exams blancs ou pas, c’est quand même les provisions qu’on emporte, rien que pour faire saliver le voisin.

      (Là on peut dire que mon commentaire est HS (a) )

      Bonne chance, cependant. 🙂

    3. Ta description est sublime et réaliste… naturaliste… ( non Zola, je ne t’écoute plus hahaha, tu ne possède pas ma dissertation ! (Moralité : ne pas bouffer la théorie du roman expérmental en une soirée ; l’ami Emile se fait très envahissant…)

      Bref, sublime !

    4. Piperata puella et Aleks >> Je n’ai jamais goûté de Raphaello. Si j’essaye, je risque une addiction ?

      Aleks >> Avec la cours du prof, c’était faisable. Et puis, il a un peu commenté le sujet avant de nous le donner, histoire d’éviter les réactions d’angoisse ^^

      Oxymore >> Absolument pas hors-sujet, j’t’assure. Les provisions sont une composante essentielle d’un CB. Tu parles à un estomac sur pattes, ne l’oublie pas !

      zED >> Ah ! vous aussi vous avez bouffé du réalisme ! Mais Zola m’attire si peu (doux euphémisme) que j’ai purement et simplement zappé. Emile aussi, d’ailleurs. Bref, le réalisme du XIXème n’est pas ma tasse de thé.

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