Flip fac flop

Si on faisait un schéma actantiel de l’inscription à la fac, on aurait :
– le même destinateur et destinataire : moi
– un objet : l’inscription à la fac, qui se dédouble en inscription en lettres et en philosophie.
– adjuvants : l’expérience des amis, des personnes administratives gentilles, parfois à défaut d’être compétentes, des jambes en pleine forme et une certaine persévérance
– opposants : la complexité des démarches administratives, les jours d’ouverture, le mélange des facs, les escaliers introuvables, non solum les marches, sed etiam les ascenseurs, la pluie, l’absence d’élocution, le métro et… la fac en soi.

Je ne khûbais, j’étais inscrite en lettres modernes.
J’ai khûbé, j’ai téléphoné pour dire que je ne venais pas mais que je restais inscrite.
Je me suis inscrite en lettres modernes par cet outil si pratique qu’est internet. Et là, acte de boulet suprême, j’ai pensé 3ème année en lisant 3ème semestre. S’ensuit le juste châtiment de cette bourde : un certificat de scolarité en L2, et l’occasion inespérée d’aller voir à quoi ressemble la fac où je suis inscrite depuis 2 ans. This is la quête number 1.

Quête number 2 :
Une donnée : admissibilité et ses crédits bonus sur deux ans.
Une idée : les faire valider en philo pour faire un double cursus.
Un problème : s’il n’y en avait qu’un…
J’ai voulu m’inscrire à Paris III, comme en lettres modernes – ouais, je suis simplette, j’ai deux matières, j’espère naïvement les faire au même endroit. Mais pas de philo à cet endroit, redirigée à Paris I. Pas de réponse au téléphone et, côté mail, le ton est donné par cette sublime réponse (sic) : « si vous vous lez vous inscrire en l3 c’est à cette adresse (suit une adresse mail) ».

        So aujourd’hui mission commando dans Paris. L’affaire Paris III se règle rapidement, c’est un bonheur. Paris I, c’est nettement plus folklorique. Déjà vous allez à l’autre bout du monde de Paris, dernier arrêt du métro 14. Et là, c’est assez hallucinant. Outre une faune dont on se demande si elle vient réellement là pour travailler (et le contraste avec les jeunes hommes de bonne famille catapultés de nos jours depuis les années 50 est assez frappant), le décor tient le milieu entre le métro et un immense parking mi en travaux, mi squatté. Pour ce qui est des ascenseurs, on en voit de toutes les couleurs selon l’étage que l’on souhaite atteindre : jaune (comme le rire), rouge (la colère ou le sang si vous en êtes au stade du meurtre) et vert (livide) pour le septième ciel administratif. J’y trouve un petit zébulon avec un béret sur la tête, des grandes boucles d’oreilles et un ton sympathique – presque étonnant qu’elle ne vous propose pas de chewing-gum. Deux étages, deux bureaux, avis unanime : il faut s’adresser à la Sorbonne. Fuyons, fuyons.
        Acte II, la Sorbonne. A l’entrée, un Sphinx sans ailes mais très zélé me pose son énigme après que je lui aie demandé si, venant pour l’UFR de philosophie, je pouvais rentrer « Quelle université ? ». Paris I est contre toute attente une bonne réponse. Ne vous réjouissez pas trop, le sésame ouvre sur un labyrinthe dans lequel le fil d’Ariane (même avec un u) ne sert à rien : licence – paris III – partenariat – paris I – crédits – double licence – Tolbiac – là mon interlocuteur a perdu le fil. Et moi mon élocution déjà peu brillante à l’accoutumée – retombée au niveau de mon oral d’histoire où je n’ai jamais du finir une seule phrase. Après être passée pour une demeurée un certain nombre de fois « Mais ici, c’est Paris IV » (naaan, sans déc ?), avoir rencontré l’ancienne prof d’espagnol de le Bruyère, appelé Yannick et maudis la fac entière, j’ai fini par revenir sur mes pas pour interroger l’oracle de l’accueil revenu de sa pause déjeuner. L’UFR de philosophie de Paris I dans les murs de Paris IV localisée – je me prépare à affronter le Minotaure. A la place du monstre, je découvre un Apollon fort aimable (puisque fort mignon et fort serviable) mais fort incompétent (puisqu’il remplace simplement la secrétaire pour récupérer les fiches d’inscriptions pédagogiques). J’ai failli mordre quand on m’a suggéré d’aller voir à Tolbiac et n’ai pas eu la présence d’esprit, lorsqu’on m’a dit de m’inscrire par internet, de leur rappeler que les inscriptions sont proposées en ligne pour l’année… 2006 – 2007. La fac en prise avec son époque.
Pour être lapidaire : nihil.
Moralité : va falloir faire un petit sacrifice – qui pourrais-je bien immoler ?

       Il a donc fallu un train, trois bus, six métros (dont une rame interrompue pour cause d’incident de signalisation) et un RER pour faire chou blanc. J’ai l’impression d’avoir des barres de fer dans les fesses. Et que mon cerveau est un disque rayé qui répète le nom de la capitale et des chiffres romains. Et des images de l’auberge espagnole : les papiers du début et surtout, surtout, cette parfaite compréhension de ce que c’est que d’aller à la « fuck ».

11 réflexions sur « Flip fac flop »

  1. J’ai envie de dire « bienvenue dans le monde réel », mais le problème de la fac, c’est que c’est surréaliste…

    1. Ouh là… L’immersion complète, à ce que je vois. On dirait l’administration de mon lycée, à plus grande échelle…

    2. Ah la fac…
      Je me contente de citer une des secrétaires de mon département de rattachement le premier jour de fac, quand je n’avais ni emploi du temps, ni renseignement quelconque : « C’est ça le bonheur de la fac, rien savoir, l’inconnu, les erreurs »…

      Et puis ça explique le fait qu’hier j’ai rejoint le groupe sur Facebook : « Marre de l’administration incompétente et merdique des Tanneurs de Tours »

      =)

    3. Oui oui, le passage à l’autre monde fait toujours un peu bizarre, mais vous avez raison pour le double cursus, sinon vous allez vous ruiner la santé… All the best dans votre nouvelle vie, O.

    4. inci >> Je sais bien que je ne devrais pas me plaindre, au chaud dans mon cocon prépateux alors que c’est votre pain quotidien… mais même cette miette reste en travers de la gorge.

      Bamboo >> Rien que pour ça, ça vaut le coup du khûber ^^

      Mélo >> Ah ouais, quand même…

      Olivier >> Heureusement, pour le moment, ce n’est qu’une transition… le passage définitif est pour l’année prochaine. Et je ne pense pas me lancer dans un double master ; la double licence suffira.

    5. Tu as parfaitement le droit de te plaindre, au contraire! Chez nous c’est un sujet de discussion quotidien (« de même que les anciens parlent de la pluie et du beau temps, de même les étudiants parlent des problèmes administratifs de l’université chère à leur cœur » ^^)

    6. Oui, peut-être, certes… Mais vu les bourdes qu’a commise l’administration de mon lycée (ex. faire inscrire 5 K au concours Cachan au lieu du concours Lyon), je crois que ce sera à ré-examiner…
      Si tu veux avoir une idée des relations entre le « département » de la prépa et l’administration au lycée, eh bien, le prof d’anglais refuse d’adresser la parole à la CPE que le prof de philo traite de schtroumpf, le prof d’histoire engueule les pionnes qui viennent l’interrompre en plein milieu du cours, le prof de français murmure « Sang de cabres » (allusion à Gargantua) après chaque rencontre avec le corps administratif, et le prof de philo de HK, eh bien, lui… : « Les limaces sont en rapport polémique avec les salades; et moi, je suis en rapport polémique avec l’administration. »
      Voilà notre belle chronique quotidienne à la K de Watteau :P.

    7. Je dis bravo ! (et je remarque que c’est toujours quand on passe une journée de mer** qu’il y a des pannes de signalisation dans le métro !) Effectivement, les types à chaque entrée de la Sorbonne sont vraiment fortiches ! (ça doit tout de même être le pire boulot du monde avec celui de moniteur auto-école…)

      A croire que rien n’est simple avec la Fac (le concept de Fac, pas une fac en particulier) cf. notre transfert de dossier à P IY ! Mais bon, cette fois-ci, tu l’auras un peu cherché…

    8. Venue chez toi par le biais des expressions canadiennes, je découvre ton blog qui est fort plaisant. Tant que je fais un lien sur mon blog pour que d’autres puissent découvrir ton monde sympa de mimylasouris. Une « ancienne » qui ne parle pas que de la pluie et du beau temps comme le croit « Inci ». (hi hi)
      Salut à Dre, if I understood well!

    9. Inci >> Y’a d’autres dictons fhâkheux que je devrais connaître ?

      Bamboo >> Now I can picture… à côté notre CPE qui a envoyé le dossier d’une khâgneuse dans la mauvaise fac, c’est une rigolade !

      Yannick >> Point du tout, je ne l’ai pas cherché. Cela dit, je ne l’ai pas non plus trouvé.

      Sakura >> I don’t know whether you understood well, mais toujours est-il que je n’y capte rien. D’où connais-tu Dre ?
      Ah oui, et si tu prends des photos, j’aimerais que tu précises d’où elle vient, lien à l’appui… merci !

    10. J’aime beaucoup ta vision de la fac, bien plus légère que la mienne qui a souffert hélas des 3 heures passées à errer dans Lyon II, cherchant un secrétariat de langue (rien de vicieux a priori) : au point A l’administration t’envoie au point B, où te signal que « mais pas du tout, il faut aller au point C », là-bas une âme sympathique t’indique que en fait, c’était au point B, qui te renvoie au point C, où une autre âme te dit que « ah mais, c’est LYon III ici » tu as passé une frontière invisible…
      Et tu découvre enfin, que « mais le secrétariat des secondes années est sur les quais, à l’autre bout de Lyon…

      Bref, je partage ta douleur, bien qu’elle soit chez toi bien mieux sublimée en expérience littéraire…

Les commentaires sont fermés.