Guide pratique des fjords norvégiens : en route

Voiture

Si vous voulez voir du pays, la voiture est obligatoire. C’est un budget certain, même si vous réalisez une boucle pour éviter les frais d’abandon (2 x 4 heures de route et une nuit d’hôtel faisaient toujours moins cher que les 500 € qu’il aurait fallu débourser) : outre la location en elle-même, il faut prévoir le prix du carburant (ce n’est pas parce que la Norvège en exporte qu’il est moins cher sur place), les passages en ferry (12-15 € la traversée) et les péages réguliers, pas toujours bien annoncés (et pour cause : il n’y a pas besoin de s’arrêter ; un boitier fixé au pare-brise décompte les sommes et vous envoie la douloureuse à la fin du séjour – enfin au loueur, qui vous demande un acompte prévisionnel).

Routes

Comme je le racontais ici, les routes font partie intégrante du voyage. Elles sont parfois étroites et sinueuses (une route droite sur la carte correspond généralement à un tunnel), mais toujours parfaitement entretenues (c’est-à-dire refaites comme on a pu le constater à Bergen avec la goudronneuse). Il faut néanmoins prévoir un temps certain pour avaler un nombre de kilomètres réduits, en raison du relief et des limitations de vitesse : ça change tout le temps… et ne dépasse presque jamais les 80 km/h.

Un monde fou

Les Norvégiens ont la conduite respectueuse (une queue de poisson comme seule incivilité en 15 jours). Presque trop : nous avons été prises dans les bouchons à l’approche d’Alesund et nous sommes aperçues en arrivant à un large rond-point que les voitures ne s’engageaient pas s’il y avait plus de deux ou trois voitures – même si les trajectoires étaient compatibles. On sent qu’ils ne sont pas habitués aux populations denses…

Tunnels

Mieux vaut ne pas être claustrophobe, car il y a pléthore de tunnels sur la route. Et pas des petits : les tunnels de 4 ou 5 kilomètres sont monnaie courante, et nous en avons même emprunté un de 25 kilomètres (avec un rond-point à l’intérieur !). Si vous avez loupé le panneau qui l’indique à l’entrée et que vous commencez à trouver le temps long, zieutez les panneaux le long de la route, qui indiquent sous forme de fractions le nombre de kilomètres qu’il reste à faire et le nombre de kilomètres déjà parcourus.

À noter qu’il est bon de repérer votre direction avant ou pendant la traversée du tunnel, car les embranchements arrivent généralement juste après la sortie et le GPS n’a pas toujours eu le temps de récupérer le signal.

Ferrys

Nous avons réparti le trajet du retour sur deux jours en nous disant que 5 traversées en ferry, c’était un peu ambitieux avant de prendre l’avion, pauvres Françaises que nous sommes : le ferry norvégien est plus sûr que le RER C.

Grosse animation

Tout se passe avec une fluidité qui nous a stupéfaites. Les voitures arrivent sur l’embarcadère et se rangent *en files numérotées*. Un préposé se penche à votre fenêtre, prend votre CB, la fait biper sur le terminal sans contact rangé dans sa poche, et vous la rend avec le reçu, *sans ticket* – en Norvège, on ne gruge pas, donc on ne voit pas l’intérêt de vous donner un papier justificatif qu’il faudrait re-présenter un peu plus tard. Le ferry arrive, les voitures descendent en quelques minutes et le chargement commence, *par ordre d’arrivée*. Personne ne grille la priorité à personne, aucun juron, aucune engueulade. A peine avez-vous mis le frein à main que la montagne bouge : on est parti. Le temps de faire quelques photos ou une pause pipi, vous retrouvez les locaux attablés à la buvette avec un café, un hot-dog, une gaufre ou une glace comme s’ils étaient là depuis une demie-heure ou si la traversée devait durer plusieurs heures encore ; le signal d’arrivée retentit pourtant et tout le monde regagne sa voiture avec un flegme quasi-britannique. Personne ne se presse mais tout le monde est à l’heure : à peine le ferry a-t-il accosté que le pont est baissé ; les voitures sortent sans discontinuer, toujours *par ordre d’arrivée*, et Mum de s’exclamer, même pour la cinquième fois, qu’elle n’en revient pas. Bref : pourquoi construire des ponts quand tu as des ferrys et des Norvégiens pour les opérer ?

Météo

Mum ne jure plus que par son appli de météo norvégienne, toujours plus précise que les autres. On a une petite idée de pourquoi en se rendant sur place : la météo est très instable, dans le temps comme dans l’espace. Genre il fait un soleil voilé, tu empruntes un tunnel de 3 kilomètres et en sortant sur l’autre versant de la montagne, il pleut dans la purée de poix (je ne suis toujours pas certaine qu’on n’ait pas emprunté par mégarde une faille spatio-temporelle).

Bref, en Norvège, la technique de l’oignon tu adopteras et un ciré à capuche toujours sur toi tu auras.

La Norvège n’est pas le pays des trolls, comme on le croit, mais celui des lutins à capuche (rouge).