De passage dans une petite ville au bord de l’eau, où il n’y a rien à voir, une jeune fille trompe son ennui en écrivant de courts scénarios qui, joués à tour de rôle par les mêmes acteurs, donnent un film léger, juste et plein d’humour.
Un réalisateur ou une réalisatrice, une Française, un couple dont la femme est enceinte et le mari attiré par la Française, une jeune fille toujours prête à rendre service, un sauveteur en tongs, un parapluie, une tente, un barbecue et un phare introuvable : voilà les cartes chaque fois redistribuées. L’humour réside dans un rien : l’anglais très frenchy d’Isabelle Huppert, son trottinement sur talons, les ébrouements du sauveteur qui a la chair de poule mais pas froid, les gentillesses à n’en plus finir et à se créer des malentendus parce que l’on ne sait pas quoi dire ni comment le dire, ou encore les mimes pour essayer d’obtenir une réponse à cette question cruciale : « Where is the lighthouse ? »
Comme dans le roman de Virginia Woolf, rien n’est fixe, les consciences se superposent et se séparent sans s’être liées, les visages se souriant quand ils sentent un flottement. Les uns et les autres ne trouvent d’écho que dans les histoires successives, lorsque leur personnage précèdent a déjà disparu, si bien que la tristesse passe avant même d’avoir été nommée, légère, passagère, et laisse place à un subtil comique de répétition. Pas d’amertume, juste quelques vagues d’attendrissement au pied d’un phare qui ne nous éclaire pas – mieux vaut sourire pour faire bon visage et bon voyage.
Avec Palpatine.