KkKwa ?

BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan
Première personne du singulier : un flic noir.

Pas de white black face : Ron Stallworth mène l’enquête qu’il a initiée au téléphone et c’est un de ses collègues blancs (et juif pour ajouter à l’ironie, vu l’antisémitisme bonus du clan) qui fait sa doublure physique. Parfait tandem de John David Washington et Adam Driver.

Nous sommes pré-Facebook, certes. Je me suis tout de même demandée pourquoi on n’avait pas confié l’enquête tout entière au policier qui fait la doublure, et puis je me suis demandée pourquoi je m’étais demandée ça : naïveté de croire que le policier concerné au second degré aurait poursuivi l’enquête avec la même diligence & réflexe discriminatoire tranquillou, de retirer l’enquête à son initiateur à cause de sa couleur de peau. Rattrapage mental in extremis : on aurait pu le laisser piloter l’enquête et préparer les coups de fils à l’avance avec son co-équipiers qui les aurait quand même passés.

Le tandem regardant la carte de membre du KKK qu'ils ont fait établir au nom de Ron Stallworth

C’est drôle tellement ce n’est pas drôle, la facilité avec laquelle les deux policiers déblatèrent le bullshit raciste qu’ils ont forcément trop entendu pour si bien improviser les chapelets d’injures et les réparties haineuses. C’est rare que l’on donne à entendre ce qui se dit ainsi, et il faut toute la verve du tandem pour évacuer la haine non censurée (le ton est donné dès le générique, avec la mention : from a f****** true story).

Quand l’histoire se termine, on se dit qu’heureusement, cette époque est révolue, et Spike Lee nous balance alors des images de Charlottesville, Trump, le porte-parole du KKK. Changement de décorum et de tonalité de rire, jaune, jaune, jaune.