Dans une bibliothèque de manuscrits refusés, où l’on trouve des titres aussi prometteurs que celui que je n’ai pas résisté à reprendre pour le titre de ce billet de blog, une jeune éditrice tombe sur une pépite, qu’elle publie aussitôt : c’est un phénomène littéraire. Un critique néanmoins a du mal à avaler que ce chef-d’œuvre ait été écrit par un pizzaïolo que personne n’a jamais vu lire et encore moins écrire. Que cet homme ait emporté son secret dans sa tombe, il le refuse, et part en enquête comme on part en croisade.
Je ne serais probablement pas allée voir Le Mystère Henri Pick si le critique littéraire n’avait pas été joué par Fabrice Luchini. Toujours fidèle à lui-même, toujours Alceste à bicyclette en Bretagne : désobligeant-désopilant. Mais, une fois n’est pas coutume, on lui tient la dragée haute : Camille Cottin, qui joue la fille de l’écrivain mystère, a l’aplomb et le charisme nécessaires pour rembarrer et son personnage et Fabrice Luchini. Leur duo improbable fait du Mystère Henri Pick un film fort plaisant à aller voir après déjeuner, un après-midi où l’on est engourdi par la fièvre d’un début de crève.
En revanche, je suis tombée sans faire attention sur une séance pour malentendants, avec des sous-titres dont on ne sait jamais exactement où ni en quelle couleur ils vont apparaître : blanc et jaune pour les dialogues, plus ou moins au milieu, à gauche de la table, à droite de la chaise ; rose pour la musique et les bruits d’ambiance dans le coin en bas à gauche… Mine de rien, il faut une certaine concentration pour réussir à en faire abstraction – j’ai ainsi pu vérifier malgré moi ce que le cours d’UX design disait de la vision prériphérique (par opposition à la vision fovéale qui permet de faire focus et lire) : elle est particulièrement sensible aux mouvements et aux couleurs.