La vie d’admissible : instantanés dans les couloirs

Les chaises étiquettées par matière. Et des candidats qui attendent dessus, l’épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Une candidate auréolée d’ « histoire » tâche de reprendre le contrôle de sa respiration.

Les appariteurs vont et viennent, arpentent les couloirs, flanqués d’un candidats, proposent du jus de fruits et des gâteaux secs.

La salle de préparation où on étouffe. Les piles de brouillon de toutes les couleurs servent d’éventail. Le surveillant est très IIIème République. Il veille à la mauvaise graine – sachez que le Littré n’est pas un dictionnaire de français.

La kharré d’Henri IV toujours adorable et toujours en robe noire à points blancs. Simple et classe. Tenues de concours à dominante blanche et noire. Des pingouins et des tigresses. Un chignon spendide car cheveux crêpés. Le Vates avec une chemise rentrée dans le pantalon. Des aspirantes versaillaises. Un jeune homme qui est en alarme car son amie à qui il a prêté sa montre ne revient plus. Mais la montre à gousset en argent sera ponctuelle. Je vérifie à tout instant ma swatch. A  la fin de la semaine je suis en overdose de chemise et pantalon. Sans parler du chignon banane qui vire chaque jour un peu plus au banana split fondu.

La cour aux Ernest et ses rebords où s’asseoir. Où chanter tout Vincent Delerm pour faire passer une petite crise d’angoisse. Où faire semblant de réviser ses fiches. D’où voir tous les normaliens qui s’attardent ici parce qu’ils passent l’agrég.

Les toilettes comme partout ailleurs taguées, mais ici à la sauce rabelaisiennes. Le chef vous conseille les propos torcheculatifs.

Les appariteurs adorables. Naïfs aussi : « Vous venez d’Henri IV ou de Louis le Grand ? ». Je prendrai le joker.

Des gens bizarres. Babibel, montre à gousset, mais aussi un bikha (il semblerait que ce soit lui) détendu quelques secondes avant de passer en histoire sur un sujet qu’il a évidemment déjà préparé : « Je te souhaite d’intégrer en khârré, parce que bikhâter, ça va, mais khûber, c’est chiant. »   3 ans à HIV, 1 à LlG (pour le dépaysement) ne vous laissent pas indemne. Je crois qu’on n’est pas assez cinglés singuliers pour rentrer dans cette école.

 

3 réflexions sur « La vie d’admissible : instantanés dans les couloirs »

  1. « Le Vates avec une chemise rentrée dans le pantalon. » C’est possible ça?
    En tout cas, très joli compte-rendu 🙂

    1. Le bikha en question a justement intégré cette année… à la septième place ! Il avait commencé sous-admissible, puis admissible, puis finalement il termine admis. 😉

    2. Inci >> Incroyable mais possible. ;P

      MacBland >> Tu le connais ou c’est toi ? Anyway, c’est la classe. Mais il faut avoir de la constance pour un tel parcours.

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