Ce n’est pas souvent que l’on suit les histoires de bully du côté du harceleur, plus que de la victime. Silent Voice narre le cheminement d’un jeune homme qui a harcelé une camarade de primaire sourde et que l’on retrouve, quelques années plus tard, à l’orée de l’âge adulte et du suicide. La décision de se supprimer semble avoir libéré quelque chose en lui et, renonçant subitement sur le pont dont il allait sauter, il se jette à l’eau et se met en devoir de retrouver la jeune fille qu’il a harcelée. Au fil des rencontres et des souvenirs, on voit fluctuer de part et d’autre le pardon, la gratitude et le remord (partagé par celle qui, pourtant victime, se sent une responsabilité partagée dans son échec à communiquer), sans que le renversement annule ce qui précède – ce que comprennent plus ou moins bien la famille, les amis et connaissances qui gravitent autour d’eux, sans arrêt dans la redéfinition de leur rapport les uns aux autres. Une jolie métaphore visuelle indique où le jeune homme en est, une croix violette tombant ou se recollant sur le visage des gens dont il se coupe ou auxquels il s’ouvre, lorsque la culpabilité s’allège et interrompt la prophétie auto-réalisatrice suggérée par la culpabilité, comme quoi il ne saurait plus susciter l’amitié de personne. Le tout dans l’atmosphère particulière de la société japonaise, où l’on a l’impression que l’on commence à s’excuser avant même d’apprendre à parler. Un très bel animé.