Mer…credi : Où le massacre n’est pas celui de l’assassin

Plus de places assises à l’Assassin, je suis restée debout, raideur cadavérique, dans un coin, près du bar, en attendant le canard de Palpatine et celui-ci. Un peu comme au studio de danse, les jours où, soit que je brise une nouvelle paire de pointes, soit que je ne sente pas mon corps, ce dernier est à peu près aussi malléable qu’un sac de ciment, je me sentais encombrante. Une présence pas forcément inopportune, mais qui prend trop de place. J’ai sûrement eu l’air encore plus cruche que j’aurais jamais pu l’être en tâchant de m’incruster dans un des groupes de bloggueurs participer à la conversation, mais ma nouvelle dé-coupe de cheveux ne me portait pas à être sociable – c’est-à-dire encore moins que d’habitude.

Il m’est plusieurs fois arrivé que la coupe ne corresponde pas exactement à ce que je voulais ; c’était autre, pas raté comme cette fois où le carré plongeant à effet boule demandé est devenu une informité hésitant entre les perruques blondes, un peu trop petites par rapport aux têtes, de Mars Attacks et une coque de bernard l’hermite. Après la crise d’hystérie où je n’ai pu que déplorer le nombre de miroirs qu’il y avait chez moi – même le micro-ondes s’était mis de la partie, avec son idiote surface réfléchissante-, j’ai tiré les cheveux, aplati le brushing, décoiffé à coups de brosse la belle choucroute indéracinable, tracé la raie de toutes sortes de façon possible, pour arriver à quelque chose de supportable, raie à gauche, qui fait basculer l’équilibre de ce qui était prévu avec raie à droite et donne par l’asymétrie une bizarrerie moins perceptible que le décrochement au niveau des oreilles. Je ne m’appelais plus Charlotte (camarade de primaire qui reste associée à son carré court avec choupette) ni Edith (connaissance de mon père, type catho coincée), mais Miranda (celle de Sex and the City, pas de Grey’s anatomy).

Ce n’est pas siiiiiii moche que ça, ironise brièvement Palpatine, blasé sur la supposée perpétuelle insatisfaction des filles au sortir du coiffeur (alors que j’adore mon ancienne coiffeuse, qui a la mauvaise idée d’être restée proche de mon ancienne maison, c’est-à-dire loin de l’apart actuel) et coupant au plus court (mais pas trop, contrairement à mes cheveux) face à un « un mot et je t’explose – ou implose en larmes » implicite. Par conséquent, j’ai pris un cheeseburger, parce que, quitte à me sentir moche, cruche et encombrante, autant être grosse de surcroît. Conformément au nom du restaurant, c’était une tuerie. Manger me détend. Limite le nombre d’âneries que je peux sortir, aussi. Il ne faut pas prêter attention à ce que je dis lorsqu’à 21h20 je suis à jeun depuis le goûter. Valerio n’a pas été loyal sur ce coup (bas), en rapportant un « Du moment qu’il me nourrit, comment il se débrouille, ce n’est pas mon problème » (grande grammaticalité d’ailleurs – mais comme mon horrible subjonctif après « après que » relevé sur un devoir écrit n’a pas été rapporté, on pourra croire qu’il s’agit d’une liberté orale). De fort bonne compagnie néanmoins, alors nous n’en ferons pas un fromage – juste un cheesecake, pour faire glisser les frites à l’huile pas très fraîche.

14 réflexions sur « Mer…credi : Où le massacre n’est pas celui de l’assassin »

  1. On se fout de ma gueule quand je claque 65€ de coiffeur (shampoing/coupe/brushing, rien d’extraordinaire a priori), mais au moins j’en sors toujours ravi — si ce n’était pas le cas, à ce prix là, je serais quitte à faire marcher mon assurance juridique.

    1. Le hic, c’est que j’en ai eu à peu près pour la même somme et que c’est un salon où l’on est normalement bien coupé. En fait, il semblerait que le décrochage soit le truc mode (mais comme j’ai toujours quelques années de décalage et des idées bien précises sur ce que je veux… non, la coiffeuse ne « sait » pas d’emblée ce qu’il faut faire). J’ai trouvé une nouvelle manière d’arranger le tout, qui masque le décrochage, en inversant le sens du brushing : petite coupe courte espiègle qui me fait marrer lorsque je passe devant le miroir, je me rappelle le pingouin prophète au collier d’emballage de canettes de Happy Feet (ça, c’est de la référence). Now, I could be singing in the rain…

    2. Et ben! Je crois que je sais pourquoi je ne vais jamais chez le coiffeur… M’enfin, si tu as fini par trouver une « manière d’arranger le tout » satisfaisante, tout va bien 🙂
      (Et j’aime tes références ^^)
      Bises de la geekette mal peignée!

    3. Si tu veux, je te passe l’adresse de ma coiffeuse, qui a mis fin à environ quinze ans de calvaire capillaire (les anciens coiffeurs étaient des désastres ambulants et traumatisants récidivistes – non, I have not been scarred for life!).

      Seul problème, c’est qu’elle réside à Famars ^^

    4. Passant à la casserole demain, je compatis. C’est quoi ce « décrochage » branchèèè ? help ! j’aimerais bien échapper à ce truc. Histoire de relever le débat, surtout auprès des mâles qui ne nous épargnent guère leur a/indifférence, dans le meilleur des cas 2/sarcasmes 3/baillements voire 4/ sourire mais pas le bon, je tiens à préciser que le coupage (la coupure ?!?) de cheveux est loin d’être anodin, puisqu’on touche au moi véritable, à l’identité, à l’intégrité. Pour m’être suffisamment fait avoir – il faut dire que le son des ciseaux est limite orgasmique, de l’ordre de la jouissance en tout cas, ça m’hypnotise, j’adoooooooore – par des coiffeurs en pleine veine créatrice, je compatis, donc, et confirme qu’un véritable malaise peut nâitre d’une mauvaise coupe de cheveux. BECAUSE ce qu’un coiffeur léger et insouciant est en train de créer en pensant sans doute à autre chose (- la liste des courses ; l’acaht de coussins – un bel éphèbe nu -) ce n’est rien d’autre que le MOI, celui de l’apparence, de la présentation, du contact. Alors, à moins de vivre en ascète dans une grotte – il est vrai que mon bureau y ressemble… une grotte, mais aussi un laboratoire, un abri, un refuge, je déteste que quiconque y entre… – on ne peut être autre chose qu’ébranlée avec une nouvelle coupe qui ne convient pas. Impossible de recoller les morceaux avec ce moi hirsute qui est là dans le miroir… Puzzle inachevé, décalage garanti, ça y est, j’ai mal au ventre rien que d’y songer… Qui plus est, les morceaux de cheveux sur le sol ça me tétanise. C’est encore le moi qu’on ampute. ben oui. Quand on a peur d’aller se faire arracher une dent, ce n’est pas à cause d ela douleur, non, bien sûr que non. C’est parce que cette dent faisait partie de nous, et on va l’enlever, et elle n’existera plus. Jamais. Se faire arracher une dent, c’est se rappeler qu’on est mortel, tout simplement. Et cette peut là est bien plus grande que la petite douleur… Bref, je coupe les cheveux en 4, peut-être, n’empêche que demain, c’est mon tour. Et ce n’est pas vraiment rigolo.
      Alors pourquoi j’y vais ? Parce que j’y pense depuis un moment, parce que je sais que couper les cheveux c’est comme jeter des choses c’est comme couper des branches, c’est vivifiant, et parce qu’une amie (si si) m’a dit récemment : « tes cheveux, là, c’est n’importe quoi, tu avais une jolie coupe avant, mais là franchement il faut faire quelque chose. » (avant quoi ? mystère). Dont acte. Et si demain je n’écris plus, je ne réponds plus, je ne photographie plus que du bout des doigts (ahah) vous saurez pourquoi : parce que je serai non seulement « mal peignée » (j’adore cette expression, ça me rappelle mon enfance…) mais mal coupée, donc mal lunée, donc dépourvue d’anges, donc seule dans une réalité décalée (mon reflet) et j’aurai donc, probablement, arraché les ciseaux des mains du coiffeur pour me faire hara-kiri. Bref, demain ne sera pas un simple lundi, ce sera l’extase (clic clac cli clic…) et puis ce sera gore… ça promet ! Bonne semaine à vous…

    5. Inci >> Geekette mal peignée ? S’il me fallait choisir parmi mes amies une tignasse pour le rôle de chevelure de princesse, c’est pourtant incontestablement la tienne que je désignerais. Avec barrettes et boucles d’oreilles.

      Bamboo >> Je crois que je retournerai à Dampierre, c’est moins loin !

      Anne D >> Alors, alors, êtes-vous sortie victorieuse de cette épreuve capillaire ?
      Le « décrochage » : au lieu de s’allonger à partir de la partie la plus courte de la coupe dans la nuque et de plonger vers l’avant du visage, les mèches de chaque côté sont isolées et partent de plus court que l’arrière, brisant l’effet carré plongeant désiré et laissant au passage entrevoir un bout d’oreille. Une aberration, en somme.

      « – Tu me connais par mon visage, tu me connais en tant que visage, et jamais tu ne m’as connue autrement. Aussi l’idée n’a pu te venir que mon visage ne soit pas moi.
      […]
      Notre nom, lui aussi, nous échoit par hasard, poursuivit-elle, sans que nous sachions quand il est apparu dans le monde, ni comment un ancêtre inconnu a bien pu l’attraper. Nous ne comprenons pas du tout ce nom, nous ne connaissons rien de son histoire, et pourtant, nous le portons avec une fidélité exaltée, nous nous confondons avec lui […]. Pour le visage, c’est pareil. Je me rappelle, cela devait se passer vers la fin de mon enfance : à force de m’observer dans la glace, j’ai fini par croire que ce que je voyais c’était moi. » (Kundera, who else ?)
      Merci aux coiffeurs de ne pas couper par mégarde cette construction d’identité avec une mèche de cheveux.

    6. Je compatis avec tes déboires capillaires (rien de tel pour mettre de mauvaise humeur) et je tremble parce que je pensais justement retenter ma chance auprès d’un coiffeur choisi au hasard.

      Je crois que je vais lâchement oublier l’idée pour l’instant…

    7. Une chevelure de princesse, moi? Je n’avais jamais vu ça comme ça… Faut dire que je vois plutôt mes cheveux comme une masse informe et gênante qu’il faut à tout prix attacher pour ne surtout pas les avoir dans les yeux!

    8. Palpatine >> Eh, Dupont ! c’est ma réplique !

      Lluciole >> Où l’expression « vous ne toucherez pas à un seul de mes cheveux » retrouve tout son sens…

      Inci >> C’est un point de vue qui se défend – à coup de barrettes.

    9. @Palpat’ : waoooooooooooooooo…….. (évanouissement. avec grâce.)

      #Mimy, je ne suis pas sûre, hein, il ne faut jurer de rien… Pourtant c’était mon coiffeur fétiche, mon ami, ma pierre de touche, mon allié, bref THE hairdresser, celui que j’avais bêtement délaissé parce que trop dur à attraper… (il faut dire qu’il est joli, gentil, charmant, hétéro -c’est important dans ce cas précis, je m’excuse, pas la même vision de la femme…- et débordé parce qu’il est talentueux, en prime, d’ailleurs Uma Thurman l’a bien compris – si si, véridique, on a le même coiffeur – bref…
      je ne peux pas l’affirmer à 100%, mais il me semble… qu’il m’a fait un DE-CRO-CHA-GE… :-l !!!
      Ben non, je ne regardais pas, on était à la maison, un petit café, de la bonne musique, et le son des ciseaux, et le massage du crâne – hmmmmmm – j’ai rien vu venir dites donc ! Voilà. Décrochée je suis. Sinon, ça me fait penser à une espèce de mini Louise Brooks, si ça a du sens pour vous. Pas Louise Brooks, mini-Louise Brooks, oui, c’est exactement ça en fait. Vous voyez ? 😉 Décrochée ou pas, j’ai l’impression que j’aime bien. Que j’aime beaucoup. (vous savez, n’est-ce-pas, qu’il faut un peu de temps pour savoir ?). Oui !!! Je sais ! J’ai trouvé le terme qu’emploierait une de mes très chères amies : C’est mimy.

    10. Coiffée à domicile ? Vous voulez dire sans les bacs à shampoing – guillotines ?
      Décrochage à vous aussi. Je hais les modes.
      Je vois assez bien ; mini-Louise Brooks pour moi aussi, mais sans frange et pas harmonieux. Je préfère les faire rebiquer vers l’extérieur et ressembler au hibou de merlin l’enchanteur, qui aurait mis les doigts dans une prise électrique. Pas sexy, c’est sûr, mais au moins, ça me fait marrer.

    11. Allons, le coiffeur est un artiste qu’il faut laisser s’exprimer. As-tu pensé qu’il pourrait, comme d’autres, te faire un procès pour destruction d’oeuvre d’art?

      Quant à la dissert, y’avait quand même pas taaaaaant de fautes de français que ça! halte à l’autodépréciation!

    12. Je lui colle un contre-procès pour destruction de l’œuvre d’art plus englobante qu’est ma petite personne. N’oublions pas les proportions !

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