Qu’il est tard ! Dieu !

[ Pour comprendre ce post, il est fortement recommandé de lire cette très courte pièce de Jean Tardieu, Un mot pour un autre dont on peut lire ici un extrait]

         Comme j’aime les postiches, j’ai solutionné de prendre pour para texte à parolier Jean Tardieu et son mot pour un autrui, que nous avons plu ce lapin en bourg. L’axiome  en est craie feinte et peut donner pieu à de fourmillants tressages glaïeuls. D’autant plouc que nous étiolions dans la décadence  puisque se déroutait diagonalement le Perceval du lys et la cuillère que nous vermillons  dépiler maintes boutures et tranches sous nos fennecs : franges, déesses, cul fis donc, venusupilami, pop l’éponge… Mais ce qui me gravit tant, ce sont les bacchantes ! Déposez-vous bien et à la crantée !

Hernani et Barbie

A côté les feux de l’amour, c’est trash.

 

       Vous connaissiez peut-être Hernali et autres parodies, le texte s’y prête. Le problème, c’est que cette mise en scène de Robert Hossein* à la Comédie française (1974) que nous avons visionnée en cours hier n’était pas, je crois, voulue comme tel. C’est que ça a vieilli, très mal vieilli. Mieux vaut en rire. Parce qu’il y a matière à persifler. Hernani avec son costume en écailles de poisson synthétique déclame sa grandiloquence avec force passion. Sa belle Dona Sol est une poupée Barbie aux yeux bleus qui déclare avec fougue au comte Da Silvia qu’elle est « une véritable espagnole » *mouvements l’Oréal à l’appui*. Ô oui ! très racée, farouche et audacieuse. Comme par ce chaste baiser langoureux, sur lequel notre admirable technicien en chef est revenu après avoir fait une avance un peu trop rapide. Chaste donc, parce qu’il faut bien dire ce qui est ; langoureux parce qu’à les voir ensuite, on a l’impression qu’ils viennent de passer l’après-midi à folâtrer dans les prés. C’est mignon, c’est mignon. Juste un peu écoeurant d’être dégoulinant de bons sentiments et d’ardeur virile de pacotille [l’homme leader price est de retour ! ^^ private joke] . Et puis ces instants si poignants, où Don Ruy Gomez semble habité de quelque esprit mystique et répète comme dans un songe cauchemardesque « Il l’aime… Il l’aime ». Le bruitage de battements de cœur vous prend à la gorge et la musique genre Autant en emporte le vent vous berce tendrement. Vous n’hésiteriez pas à dormir, si seulement ils ne passaient leur temps à hurler. Il faut du decibel à la passion. C’est long. Surtout qu’elle est coriace Dona Sol ; c’est résistant une poupée Barbie. On croit toujours qu’elle va expirer, ça fait un bail qu’elle a tenté le remix de Roméo et Juliette. Mais non, mon cher Hernani, ma vie, mes amours, mes emmerdes, mes douleurs. Hernani est piètre acteur, mémoire déficiente, il peine à se souvenir du dénouement de la tragédie shakespearienne. C’est bien dommage. Allez, bois, bois ! (Je vous assure que là, on devient vite pro-alcoolique). Il se décide enfin à mourir. Et là, ce qui est génial, c’est que contrairement à l’autre coriace, lui n’est pas difficile à achever.

       Mais la cerise sur le gâteau, c’est la pomme du nain. Personnage rajouté, il apparaît la première fois après une envolée lyrique d’Hernani appuyée de maints maniements de cape et d’épée holé ! Il croque sa pomme avec un regard profond, genre et là il te kill. Donc réapparition à la fin, mais le tragique, c’est qu’il pleure tant qu’il n’arrive plus à croquer sa pomme. Et nous on riait tellement que ça a continué jusque dans la file d’attente de la cantine. 

 

 * Il y a toujours des hauts et débats. La mise en scène d’Antigone d’Anouilh par Robert Hossein était à proprement parler géniale. Il doit y avoir des génies incompatibles. Avec Hugo, pas de place pour deux.

Ce n’est pas pour rien qu’on habite Versailles.

     L’année dernière on avait déjà eu La Bruyère et sa Cour.

Cette semaine, je vous propose :

         en philo : « Peut-on ne croire en rien ? » ou comment par ces quelques mots « Et le cynique ? Et le libertin ? » une khôlle peut devenir une colle.

         en histoire : « La religion catholique dans la société et les débats politiques français de 1870 à 1914 »

 Et Dieu dans tout ça ?