Culte : la fétichisation de l’oreiller

C’était MO-NU-MEN-TAL ! La réplique édifiante du cours de philo. Resituons le contexte : Hegel, des phrases longues, alambiquées, emberlificotées, soupoudrées de mots indigestes voire étrangers au dictionnaire. Et puis le cours, sérieux, magistral. Mais il s’agit de faire réfléchir, de mettre notre pensée en action à supposer que nous en soyons capables *sous-entendu charmant inside*. Réfléchir pour que la pensée ne risque pas de tomber dans la dogmatisation : qui peut me donner un objet ? La question qu’il ne fallait pas poser.
Une réponse jetée au hasard, la tête à peine relevée des bras qui formaient un doux… OREILLER. Hilarité générale. Professeur atterré, qui a rejetté ses pulsions meurtrières en frappant des mains pour applaudir une si belle suggéstion. Mépris total. Sûrement vexé. Là il enchaîne et se déchaîne, du genre virtuose de l’improvisation assassine: Oui, je ne sais pas… l’enjeu de l’oreiller… et d’abord mol ou dur ?… La vie de l’oreiller ; ce n’est pas vraiment à cet objet que je pensais, mais puisque vous voulez… Nous ne nous sommes pas compris sur le sens du mot objet. Un objet de réflexion, mettre la pensée en mouvement, réfléchir. Ou alors je ne sais pas… vous flinguez les anges, vous récupérez les plumes et vous vous en faites un oreiller. Tailladés. Il aurait pu finir par un « Allez vous recoucher » que cela aurait sonné plus amical que son ton de contempt absolu. D’autant plus irrité que nous étions morts de rire. D’autant plus énervé que jamais nous n’avions été aussi éveillés ni attentifs. D’autant plus atterré, que tous les stylos se sont mis discretement à courir dans les marges et les hauts de page. 

Cher Père Noël,

Je serai très raisonnable cette année, je ne demande qu’un malheureux

retourneur de temps

[…]

[ Time goes back so slowly so slowly ] 

[…]

° Qui est assez vicieux pour penser qu’une fois le retourneur en poche, j’en profite pour revenir en arrière et demander d’autres cadeaux ? C’est pour un usage strictement professionnel. 

°  HP a de beaux jours en HK… entre le phénix de Mallarmé, les Hermione en puissance et la séduction potterienne, mon coeur balance !

C’est un nouveau roman, ce n’est pas une belle histoire

c’est une écriture d’aujourd’hui. Génération zapping avant l’heure. Imaginez que vous êtes assis dans votre canapé avec deux amis ayant chacun une télécommande et des goûts très différents. Ils n’arrêtent pas de se battre, de changer continuellement de chaîne. Un grand plan de bataille de péplum dérive en un regard larmoyant d’un baiser bien mélo. Et au moment où les deux bouches allaient s’unir, vous vous faites agresser par un zoom sur le dard d’une espèce rarissime de scorpion qui habite dans le désert sous les touffes de cram-cram. Alors que vous commenciez à vous intéresser malgré vous aux vertus piquantes de ces boules sèches, vous entendez la question fort épineuse de qui veut gagner des millions. Vous n’aurez pas le dernier mot, Louis de Funès est déjà en train de vous seriner que Monseigneur, il est l’or, l’or de se réveiller. Et effectivement, sursaut musical de Simple plan dans la pub de Citroën. Ce n’est pourtant pas compliqué, le mobile du crime ne peut être que l’héritage. 25 cm la minute et 150 SMS offert pour le premier mois de souscription. Un mois, c’est la durée de gestation du scorpion. L’autre pleureuse du mélo est maintenant en train d’éplucher son horoscope – ascendant agaçante. 

      Très amusant à écrire. Moins à lire, surtout quand cela s’étale sur une vingtaine de pages. Les images se succèdent, s’impriment, se fondent les unes aux autres, et au final, vous avez passé la soirée dans un puzzle d’images dont on imagine les manques et que l’on colle tant bien que mal à la suite en un nouveau scénario. L’entremêlement des voix tisse un récit et noue l’intrigue, mais là, c’est étourdissant. Il me tourne la tête. Il est épuisant. Il faudrait des conjonctions de coordinations. Des conjonctions de subordination seraient les bienvenues. Il faudrait vraiment. Ce hachis en pages grammage 90g, 12 cm par 19 cm, sur 476 pages, c’est beaucoup. C’est amusant pourtant. C’est étourdissant. Assourdissant. S’il vous plaît, monsieur Claude Simon, ne voudriez-vous pas demander à Kant de vous prêter quelques mots de liaison ? Vous n’êtes pas liés tous deux ? C’est fâcheux. Tentez Hegel, alors. A lui non plus, ça ne lui fera pas de mal d’apprendre en retour à arrêter le fil de sa pensée de temps en temps. Sur ce, filons. A l’anglaise si cela vous chante. Et si cela vous enchante, tant mieux. Le désenchantement n’est jamais bien loin. 

  • Les Géorgiques, Claude Simon, éditions de minuit
  • Pas de connaissance précise de la gestation du scorpion, ni de l’opérateur à contacter pour l’offre mobile. Et je sais encore moins si la mélo a réussi à ne pas pleurer à son mariage. Quant à Louis de Funès, pas d’inquiétude, sa cassette est toujours bien gardée.
  • PS après quelques pages supplémentaires de lecture : en fait, on s’y fait. On se fait au fait d’être dans l’incertitude. Puis l’écriture est assez virtuose. Affaire à suivre.

Il y a pire qu’un vendredi 13 : il y a le lundi 13

1° Nam, un vendredi 13 est immanquablement suivi d’un samedi 14, tandis qu’un lundi 13 est suivi de tout une semaine.
2° Surtout lorsqu’à 8 heure du matin, les petits n’yeux encore tout embués de sommeil, on vous demande, au lieu de la correction de dissert (catastrophique) prévue, de vous atteler à une présentation-batârde-puisqu’avec- des-éléments-de-commentaires-mais-pas-un-commentaire-non-plus sur le Cid.
O râge, ô desespoir, ô jeunesse ennemie… 
3° En plus, on en est réduit à faire mentir le proverbe… pas de troisième point intéressant (loin de moi l’idée que les deux précédants l’étaient) 

Bon, Ephreet, où faut-il signer pour avoir sa carte de membre de la lose du lundi ?