Patients

Grand corps malade et Medhi Idir réalisent avec Patients une comédie là où l’on aurait attendu un mélodrame. Le film commence en caméra subjective : des plafonds d’hôpitaux qui défilent, des masques chirurgicaux, des infirmières floues puis de moins en moins, jusqu’aux premiers mots, trois cents quatre-vingt quatre, hein, 384 ? 384 carrés dessinés par le quadrillage sur les néons. Le ton est donné – décalé. On suivra ainsi la rééducation de Ben, tétraplégique incomplet, aux milieux d’autres malchanceux qui s’en sortent diversement et, pour tenir, se balancent des vannes qui feraient scandale si elles étaient proférées par d’autres qu’eux. Rassuré, le spectateur rentre dans la confidence du rire… pour mieux se faire piéger lorsque, immanquablement, l’étau empathique se ressert et qu’il faut, après avoir appris à se servir d’un fauteuil adapté, d’une fourchette adaptée… adapter ses espoirs, c’est-à-dire renoncer, renoncer en masse sans se décourager de vivre. Un très beau film, l’air de rien, qui, sans jamais se départir de ses vannes-vitalité, ne nous épargne rien.

(C’était tout de même un peu étrange de suivre pendant près de deux heures le sosie du fils du big boss…)