[…] selon qu’il y a attirance réciproque et passage à l’acte ou pas, qu’on mélange nos peaux ou qu’on s’abstienne par manque d’envie, circonstances ou mauvais timing, ou genre, on navigue entre des choses qu’on va étiqueter amour romantique et amitié.
Sacrip’Anne, Les vraies sorcières n’ont pas besoin de brouillons, Sisters Cia
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L’intime par le collage : allez lire-voir la série d’Eli.
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[…] beaucoup de gens achètent des livres comme des chaussettes à fil doré où il est écrit Chipie, ou Emmerdeuse, parce c’est à la mode en ce moment, que ça se fait, et sans imaginer qu’ils achètent des armes de restriction.
Christine Jeanney, block note — massif, Tentatives
J’ai pensé la même chose l’autre jour, sans les livres, en moins bien formulé (des armes de restriction !) devant l’improbable présentoir de chaussettes pailletées du Carrefour city — improbable près des caisses au milieu des produits alimentaires et improbable résurgence des années 1990 en 2025 : tous les adjectifs ou presque sont au féminin et négativement connotés. Je pensais qu’on avait évolué depuis, mais peut-être n’est-ce que mon entourage d’une certaine classe sociale ? Un backlash, une nostalgie ? J’ai eu envie de trouver une paire qui me plairait, avant de me rendre compte, de devoir me rappeler que c’étaient, oui, des armes de restriction.
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Au lieu de retrouver le sens du gratuit, nous sommes amenés à éprouver comme un devoir même le simple emploi du temps libre, lequel devient de la sorte un temps vide, ou rien ne favorise un quelconque rapport avec soi-même et avec la vie.
Fellini par Fellini
cité par Christine Jeanney, block note — cachot, Tentatives
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Il y a les livres faits pour être lus, et les livres faits pour être là.
Guillaume Vissac, 181025, Fuir est une pulsion
Lalalala (ce sens de la formule).
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J’ai envie quand j’y pense, de tout ça j’ai envie, souvent, et pas seulement pour me débarrasser d’une tâche mentale ; j’ai envie du processus, de l’activité, du faire. […] Et puis le moment arrive, le moment juste où coïncide le temps libre ou libéré, l’envie, et les projets. Et là
l’ennui
et plus rien ne semble pouvoir rallumer le tableau de bord et réactiver l’électricité qui fait bouger, agir, penser, ressentir, vivre ce corps.
Peut-être que l’ennui c’est de la dissociation […]. Peut-être que l’ennui c’est mon système nerveux qui se repose d’avoir été trop activé et dérégulé.
Je m’ennuie quand j’ai enfin du temps mais que ce temps ne durera pas, que c’est maintenant ou jamais, et il faudrait saisir la paire d’heures ou de jours donnée mais soudain – non – ça s’arrête.
[…] je ressens juste la frustration du temps qui passe et dont je n’ai rien fait, la sensation de culpabilité d’avoir eu le temps d’écrire des messages / publier des articles / faire des rangements et de ne l’avoir pas fait […]
[…] quelque part, même si je n’aime pas le reconnaître, l’ennui est bien une forme d’après-coup d’une surcharge […]
L’ennui, Pourquoi pas Autrement ?
Lu un dimanche à deux doigts de m’ennuyer, redoutant la déception et l’à quoi bon si je tente de rédiger quelque chose d’un tant soit peu soutenu alors que je sens mes capacités mentales saturées. (Je crois que je suis mûre pour chercher un diagnostic sur la probable neuroatypie de mon cerveau.)
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J’ai la tête farcie de futur. Ce n’est pas très agréable. La question n’est pas tant qu’il s’agisse d’un bonfutur ou d’un malfutur (tout futur est nul tant que non advenu), mais plutôt qu’il me dépossède de moi-même au seul moment du monde où je suis moi. Privé de toute espèce de présent et donc de présence, le temps tout étendu qu’il soit devient quantité négligeable.
Guillaume Vissac, 231025, Fuir est une pulsion
Une très bonne circonvolution pour définir la vie sous anxiété. Ce qui est à venir vient tout de suite, se concatène sans étalement chronologique, encombrant l’ici et maintenant.
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Parce que je ne crois pas avoir envie d’apprendre. Pas ça, pas maintenant, ou pas de cette manière.
Tout ce que je veux, c’est ressentir de la joie. C’est avoir le droit d’expérimenter sans but, sans attentes.
[…] Et je trouve ça dingue qu’à 34 ans, je continue à devoir redécouvrir ça, difficilement, plusieurs fois par an […].
Un jour d’automne et de l’aquarelle, ou comment s’autoriser à faire sans but, Pourquoi pas Autrement ?
M’amuser à prendre des photos sans apprendre à faire de la photo, ça je sais. Je me suis rendue compte que je ne voulais pas spécialement apprendre lorsqu’on m’a offert un appareil avec une réactivité et un objectif qui m’a permis des arrières-plans flous et des portraits doux, aux expressions telles que je les vois : ma frustration était levée, c’était assez pour m’amuser. Mais autant la photo échappe à l’envie-besoin de me perfectionner, autant je n’y résiste pas aussi bien avec le dessin ou l’écriture. Je ne sais plus ou pas « expérimenter sans but, sans attentes ». Cela me donne l’impression d’errer, ou d’échouer. Le collage, à la rigueur. Cet après-midi, j’ai tenu deux magazines et une trentaine de bandelettes découpées. Et je trouve ça dingue qu’à 37 ans, je continue à devoir redécouvrir ça, difficilement, plusieurs fois par an.
Aussi : la danse, en devenant mon métier, a cessé d’être quelque chose que je ne faisais que pour le faire, le plaisir à même l’activité. Avec davantage d’énergie physique, moins de peurs héritées des blessures et une moindre intolérance au bruit, je tenterais bien d’autres styles (hip-hop, heels…)(quand je vois le nombre de professeurs de heels qui sont ou étaient danseuses classiques…)
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Qu’est-ce qu’on lit dans le métro ? Récit réjouissant de Chambre d’écho :
A rechercher les titres on croise inévitablement des regards. Car notre quête défie les lois tacites du métro. Il n’est plus question de s’ignorer, de se tolérer le temps d’un trajet.
Précisons : le métro parisien. Les règles tacites ne sont pas tout à fait les mêmes dans le métro lillois, où il est de mise de se sourire quand les regards se croisent (je sais, je sais, « sans perturber l’équilibre précaire de cet écosystème » on avait dit).
Le travail d’enquêteur doit être pris au sérieux. Lorsqu’on parvient à apercevoir le coin inférieur droit d’une jaquette de chez Folio Classique, on épluche le catalogue de la collection pour retrouver les motifs bleus et rouges qui filtraient entre les doigts poilus d’un homme d’âge moyen vêtu d’une veste de cuir.
J’aime ce jusqu’au-boutisme absurde, mais pas plus qu’autre chose.
On finit par se prendre d’amour pour les éditeurs qui rappellent le titre et l’auteur de l’ouvrage en haut de chaque page. Ils nous évitent de devoir prétendre refaire nos lacets pour accéder à la couverture qui fait face au sol crasseux du métro.
Il faut croire que je ne suis pas aussi ouverte d’esprit que j’aime à le penser […] Je ne saurai jamais si les dragons peuvent forniquer avec des humaines. Et je continuerai à me penser lectrice sans pour autant connaître le nom des autrices qui vendent le plus de livres au monde.
Chouette inversion face à la hiérarchie des genres.
Pensons la lecture de métro comme une activité démocratique qui fait voyager dans les mêmes conditions les prétendus grands auteurs et les genres populaires.
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C’est très difficile à expliquer, mais toujours afficher une bonne humeur sereine, se montrer également enthousiaste quand j’aborde la vie de la fée Morgane et le conditionnel présent, ne jamais perdre patience devant des comportements gris et agressifs, ça demande une force immense.
Monsieur Samovar, Vendredi 28 novembre, Prof en scène
Pas de conditionnel présent ni de comportement agressif dans mes cours, mais rien que la bonne humeur, le visage souriant et encourageant, ça vide.
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sans dire, je silence tout
et le tout devient bruyant
Marie Kleber, Ce que je silence, Accrocher la lumière
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Ma tête est un lieu difficile à habiter ces derniers mois.
Ce week-end sur un coup de tête, j’ai commencé à assembler une maquette de bateau et l’absence de narration dans le cerveau m’a offert un répit considérable.
Eli, Rendez-vous en terre inconnue, Hyporthermia
L’absence de narration, purée, c’est tellement ça.
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Sur mon chemin, j’ai contourné l’Opéra Garnier. […] Par l’une des grandes fenêtres, j’ai vu de la lumière jaillir. Un éclat ancien s’est déversé dans la nuit, un or loin mais là, et c’était assez spectaculaire et, je dois dire, beau, cette beauté passée accidentellement répandue sur notre présent.
Guillaume Vissac, 061125, Fuir est une pulsion