Skillshare #07 : stippling

 

Imaginez Seurat faire du tatouage, et vous obtenez le stippling : du pointillisme qui n’a rien d’impressionniste, et se veut au contraire extrêmement précis. Le cours Skillshare d’Alice Rosen s’ancre dans la tradition de l’illustration botanique et zoologique – des visuels en noir et blanc à l’origine conçus dans un esprit de rigueur scientifique pour illustrer des manuels où l’on fait l’économie de la couleur. Cela devrait être austère, et ça a pourtant un charme à soi – quelque chose de poétique, même. La thématique a beau ne pas m’attirer, la vibration de ces images m’a fascinée, et ça m’a titillée, j’ai voulu essayer à mon tour. Essayer quelque chose vers quoi je ne serais jamais spontanément allée sans traîner sur Skillshare. 

Le crabe qu’Alice Rosen dessine devant nos yeux ébahis.

Alice Rosen préconise de commencer par un sujet qui ait une texture lisse, pour ne pas ajouter la complexité du toucher à celle du volume. J’ai cherché autour de moi, et je me suis décidée pour ma théière arabisante (dans laquelle je fais tout sauf du thé à la menthe) ; elle accroche bien la lumière, et les reflets dessinent facilement des volumes. J’ai été bien inspirée de tracer une structure pas bien grande : certes, le dessin est d’autant plus impressionnant que les points (disp)paraissent petits, mais ménager mon impatience me semblait prioritaire, et il y a déjà fort à faire pour avancer point par point.

Premier exercice pour aborder les dégradés. J’ai essayé sur tablette, mais impossible de trouver une brosse qui permette un point assez régulier.
Deuxième exercice pour appréhender le volume.

Le stippling est presque un exercice de développement personnel pour intégrer et accepter que les grandes choses sont une juxtaposition de petites ; on ne peut avancer que pas par pas, point par point. Un accès d’impatience et le point se déforme en trait ; un excès de découragement et le dessin se suspend. Il faut garder le but en tête sans se focaliser dessus, et laisser la main continuer dans un mouvement mi-méditatif mi-mécanique. Peu à peu, les volumes apparaissent. Il faut passer et repasser pour augmenter le contraste, et noircir plus qu’on ne l’aurait imaginé pour faire surgir la lumière.

Mon premier dessin en pointillés

J’ai été agréablement surprise par le résultat, mais n’ai pas récidivé, par envie de découvrir d’autres techniques auxquelles je n’aurais pas songé à me frotter il y a peu, mais aussi par perplexité : comment conserver à cette technique son effet poétique, et ne pas en faire un truc qui se décline en réalisations certes impressionnantes par le temps qu’on y a passé, mais vides du regard qui pourrait les faire vibrer, de la délicatesse qui permettrait de les animer ?

La mise en scène Instagram
La mise en scène qui serait correcte au niveau des reflets représentés sur le dessin…

(À quand le cours Skillshare sur comment photographier ses dessins papiers et gérer la balance des blancs ?)