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Imaginez Seurat faire du tatouage, et vous obtenez le stippling : du pointillisme qui n’a rien d’impressionniste, et se veut au contraire extrêmement précis. Le cours Skillshare d’Alice Rosen s’ancre dans la tradition de l’illustration botanique et zoologique – des visuels en noir et blanc à l’origine conçus dans un esprit de rigueur scientifique pour illustrer des manuels où l’on fait l’économie de la couleur. Cela devrait être austère, et ça a pourtant un charme à soi – quelque chose de poétique, même. La thématique a beau ne pas m’attirer, la vibration de ces images m’a fascinée, et ça m’a titillée, j’ai voulu essayer à mon tour. Essayer quelque chose vers quoi je ne serais jamais spontanément allée sans traîner sur Skillshare.
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Alice Rosen préconise de commencer par un sujet qui ait une texture lisse, pour ne pas ajouter la complexité du toucher à celle du volume. J’ai cherché autour de moi, et je me suis décidée pour ma théière arabisante (dans laquelle je fais tout sauf du thé à la menthe) ; elle accroche bien la lumière, et les reflets dessinent facilement des volumes. J’ai été bien inspirée de tracer une structure pas bien grande : certes, le dessin est d’autant plus impressionnant que les points (disp)paraissent petits, mais ménager mon impatience me semblait prioritaire, et il y a déjà fort à faire pour avancer point par point.
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Le stippling est presque un exercice de développement personnel pour intégrer et accepter que les grandes choses sont une juxtaposition de petites ; on ne peut avancer que pas par pas, point par point. Un accès d’impatience et le point se déforme en trait ; un excès de découragement et le dessin se suspend. Il faut garder le but en tête sans se focaliser dessus, et laisser la main continuer dans un mouvement mi-méditatif mi-mécanique. Peu à peu, les volumes apparaissent. Il faut passer et repasser pour augmenter le contraste, et noircir plus qu’on ne l’aurait imaginé pour faire surgir la lumière.
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J’ai été agréablement surprise par le résultat, mais n’ai pas récidivé, par envie de découvrir d’autres techniques auxquelles je n’aurais pas songé à me frotter il y a peu, mais aussi par perplexité : comment conserver à cette technique son effet poétique, et ne pas en faire un truc qui se décline en réalisations certes impressionnantes par le temps qu’on y a passé, mais vides du regard qui pourrait les faire vibrer, de la délicatesse qui permettrait de les animer ?
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(À quand le cours Skillshare sur comment photographier ses dessins papiers et gérer la balance des blancs ?)