Suburbicon, c'est le musée Grévin de l'American dream.
Aucune originalité scénaristique. Ce n'est pas un défaut, mais une gageure : il n'est pas évident d'éliminer le suspens sans tuer l'intérêt. George Clooney1 a fait son miel de toute une tradition et l'a fait réduire jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une cire épaisse, stylisée à l'extrême, dans laquelle il modèle un musée Grévin de la banlieue américaine : blanche, bien propre sur elle, sûre de son bon droit, mise en pli impeccable, les cheveux et les robes, droiture des allées et des esprits. Son musée installé, il y craque une allumette et ce sera tout l'intérêt du film, la justification du cliché comme stylisation : voir les visages de cire se défaire sous les cheveux mis en pli, gominés, lunettes carrées, fondre comme l'apparence de la bien-pensance — comme neige au soleil. Sur fond d'une explosion tapageuse de racisme (avec l'emménagement d'une famille noire dans le même pâté de maison), cela implose silencieusement : la famille, la morale, les façades… l'icône est brûlée.
Mit Palpatine