Prostré – professionnel – ocre – crasse – hippocras – croustillant – indignation
Indigestion de volonté. J’ai du la vomir par erreur. C’est bête, on met bien plus de temps à la forger que le corps à former des protéines. Assez de me ronger les os pour découvrir un peu de substantifique moelle à l’intérieur. J’ai arrêté les os, mais justement, il y en a toujours un : c’est qu’à présent, je ronge mon frein. Remis le travail à demain, mais demain, c’est tous les jours aujourd’hui. Je n’en finis pas de remettre, et par conséquent d’en remettre une couche. Mon bureau croule sous les papiers, alors pour le décharger un peu, le pauvre, j’ai colonisé le sol. Il y a eu quelques rencontres avec des sauvages locaux, comme des paires de pointes puantes, mais aucun n’a mordu, c’est à peine si le papier a coupé. Les polys ont décidé de faire lettre morte. Le khâgneux n’habite plus à l’adresse indiquée. Mais on mène l’enquête. La culpabilité s’en charge, sans peur et avec reproches. Elle frappe à tous les neurones engourdis – coups réguliers. Mais c’est comme le robinet qui fuit, l’arrière-plan sonore dégoûte, on n’entend plus que la goutte, même lorsqu’elle ne tombe pas, on entend que la goutte va tomber, elle tombe, elle va tomber, elle tombe, elle va tomber, elle t…, pourquoi ne tombe-t-elle pas ? Ca a arrêté de fuir, je vais pouvoir dormir. Et alors qu’on tombe de sommeil, elle tombe, la traitresse, elle va tomber, elle tombe, elle va tomber, silence qui précède la décision du khâmikaze, la bombe explose avec à peine plus de légèreté que les chutes du Niagara.
La culpabilité n’en démord pas. Elle s’indigne avec une jubilation perverse de notre procrastination. On ne peut même pas savourer la satiété, elle nous refile toujours les mêmes plats à re-mâchouiller. Froids, comme toute bonne vengeance. Du coup, on fait une indigestion de n’avoir rien ingurgité. Ecœuré du vide : la crise de foie sans le plaisir du chocolat. Alors on s’en gave a posteriori. Mais à vouloir justifier la crise de foie, on s’en créé une nouvelle. Ingurgitation de films, de blogs débiles, de secondes de néant, des gâteaux, de blogs débiles, de sommeil sans matière à grâce, de minutes de néant, de pages web, et d’heures de rien. Je n’ai rien fait. Rien de répréhensible. Mais rien. C’est-à-dire rien pour le khâgneux. Mais je suis khâgneux. Alors tout le reste, films sans pop-corn, gâteaux, miettes de blogs et rien en barre, c’est sans commune mesure, ça vaut zéro, nada, pas un clou. La culpabilité se charge de vous l’enfoncer dans le crâne. C’est très dur de faire du rien : ne rien faire, encore, il suffit de faire diversion, mais faire rien demande une très grande dépense d’énergie. Et pour cause, il faut clouer le bec à la culpabilité, toujours assez babille pour que vos efforts n’aient servi à rien. Un rien exaspérant. Vous aurez beau (ne rien) faire, la culpabilité ne vous laissera même pas enterrer l’irréel du présent : elle a prévu cet asile de fous qu’est l’irréel du passé.
Moralité : à trop chercher dans le futur l’indicatif présent, le conditionnel passé nous tombe dessus, et le seul moyen d’effrayer ce fantôme, c’est le subjonctif présent. Il faut que je travaille.
PS : un peu de nettoyage dans les liens à gauche. Si jamais vous étiez dedans, no offence meant, je garde les liens en marque-page – c’est juste que les mises à jour n’étaient pas très régulières et que c’est toujours énervant de cliquer sur des blogs dont on se demande s’ils ont été ou non abandonnés. Si jamais vous réapparaissez, faites-moi signe, je remettrai votre petite vignette. ( J’ai même gardé les codes html, en bonne feignasse optimiste que je suis).