Journal d’une demi-journée à Gent

Pas spécialement de coup de cœur pour cette ville, mais cela m’a fait du bien d’arpenter de la nouveauté, même si je me suis parfois demandé ce que j’y faisais, ce que j’y cherchais. Des angles de vues. Des curiosités. Des amusements. De l’ailleurs pas trop loin. De la saine fatigue. Du déni de tendinite.

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D’un TER à l’autre, la langue change. Je n’avais même pas songé que je ne serais plus en zone francophone. Le double nom de la ville aurait pourtant dû me faire tiquer. Gent/Gand.

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Deux minutes après être sortie de la gare, je tombe sur une boutique de danse, luxueuse. Devant l’une des cabines d’essayage, une petite fille en justaucorps à jupette opaque intégrée, flambant neuf flambant rouge lycra brillant, pirouette à répétition sur le même pied nu, en réalité tenu par une bande de résille que j’imagine appartenir au monde de la GRS. Seule l’absence de concordance entre mes envies et la disponibilité de ma taille me sauve de la ruine. Le magnifique justaucorps d’inspiration Yumiko à trois chiffres pousse la ressemblance jusqu’au bout : la plus grande taille est trop juste. I’ve come to visit the city and, stumbling on a dance store, I had to come inside. Je baragouine un truc du genre, sans stumbling. I know the feeling, me répond la vendeuse adorable, quoiqu’on ne devrait plus ou pas encore employer cet adjectif pour une femme de son âge.

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Charpentes métalliques, en français dans le texte

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Ma salade chez Botaniste ne me plaît pas trop. Des goûts qui changent certes, enfin, mais trop d’acidité. Tant pis. Je réactive la 3G pour ce qui mérite de l’être : la recherche du la best ice-cream in town. C’est chez Coco, Gianluca Ciliento (8 avis) est formel, il est italien et sait reconnaître a real Gelato. À la lisière du cœur historique, je rebrousse chemin et je fais bien : ces glaces italiennes ne sont pas seulement crémeuses de texture, mais de goût. Lait fermier entier, ouais. La pistache, mais surtout la peanut butter & jelly est une tuerie, je suis d’accord avec Jeanne M (52 avis, local guide). Je retrouve en plus frais le plaisir de ma découverte états-unienne, l’arachide allégé d’un trait sucré. Tout de suite, la ville se savoure mieux.

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Plus loin, au niveau d’un Oyya, chaîne de gaufres-glaces. Probablement dépitée par les couleurs flashy et les vagues inertes de ces glaces plus industrielles qu’italiennes, une femme qui a les lunettes et le bronzage d’une Italienne avise ma glace aux couleurs tendrement fades, et me demande d’où elle vient. J’indique le nom et vaguement la direction, ajoute un delicious en diérèses digne d’une Américaine, et déjà elle est sur le départ. J’essaye de préciser davantage l’itinéraire, mais je la retarde, l’appel du gelato est plus fort, il guidera ses pas.

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La contrepartie de cette image d’Épinal ? Le panneau « Boat tourism / Noise pollution » plus loin.

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Trop de monde, je n’ai plus l’endurance. Je trouve un coin tranquille, deux marches qui descendent au canal, juste de l’autre côté du château des Comtes et de ses environs si arpentés. Je donne sur l’effervescence et y échappe. Près de moi, juste derrière, à côté, devant en diagonale : un arbre, un pan de mur presque jaune, un bateau privé amarré, des fleurs, quelque chose comme une cannette ou un sachet devenu déchet ; en face, plus loin, sur l’autre rive : le canal transformé en douve par la tour du château, des joncs étrangement végétaux dans ce décor de pierre, et des jeunes par petits groupes de trois ou quatre sur la pelouse où je me poserai à mon tour plus tard, après un grand tour-détour.

Une embarcation de touristes arrive par la gauche. Parmi eux, un jeune homme asiatique esquisse dans ma direction un geste de la main, discret ou hésitant (le geste ou le jeune homme). J’y réponds par le même geste, sans penser que le reste des touristes va croire que je suis le jeune homme asiatique, je veux dire que c’est moi qui amorce le mouvement. Toute l’embarcation se met à me répondre, et prise par surprise à mon propre geste, je l’amplifie, nous nous faisons coucou à qui mieux mieux le temps que barque se passe. Je ne vois plus le jeune homme qui avait surgi dans le paysage de ma contemplation pour m’y réintroduire, mais le quiproquo m’a requinquée. Petit boost de gaité anodine.

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Lieu de pause, sur la rive opposée au château des Comtes

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Une touriste française lit après moi la traduction approximative du panneau présentant le château des Comtes… reniflez ici plus de mille ans d’histoire… Elle éternue et commente, flegmatique : ça doit être ça, je suis allergique à l’histoire. (Je vais pouffer intérieurement un peu plus loin.)

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Gouttière-paille

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Débusquer des photos, essayer de cadrer m’amuse beaucoup. Beaucoup moins en revanche lorsque la relation s’inverse et que la densité des monuments me somme de prendre des clichés qui ne pourront que m’encombrer, moi ou ma carte SD.

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Pour la peine, des poubelles colorées

… L’avantage d’un petit pays, c’est que la conscience de l’étranger est plus forte : on trouve des billets internationaux sur toutes les bornes de la gare.

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Dans le TER du retour, une mère joue avec une petite fille pas si petite pour le gant-marionnette qu’elles s’échangent à tour de rôle. Représentation en flamand non sous-titrée.

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Les restaurateurs ont le jeu de mots polyglotte. En plus de ce resto de poissons « je m’en fish », j’ai croisé un Miss Yu (asiatique), un Wok A Way (obvious) et un Missy Sippy (cocktails).