(un film d’Hirokazu Kore-eda)
Un homme embarque une gamine enfermée dehors, seule sur le balcon d’un premier étage. Il l’emmène, et nous avec, dans sa famille de bric et de broc : la grand-mère n’a qu’une petite fille, qui travaille comme écolière dénudée ; un peu plus âgée qu’elle est l’amante de l’homme qu’on a d’abord croisé, qui ne parvient pas à se faire adopter par le jeune garçon qui a pourtant l’âge d’être son fil et devient peu à peu le grand frère de la petite fille enlevée-recueillie. Ils ne se sont pas vraiment choisis, mais ils se sont attachés dans un mélange d’indifférence et d’extrême générosité, liés par les larcins dont ils vivent, vivotent, dans la râlerie et la bonne humeur.
De chapardage en vol de shampooing, il ne se passe pas grand-chose, mais tout tient là, dans l’espace minuscule de la maison squattée-partagée, et l’intimité qui se crée et les rassemble en les opposant à l’extérieur, ceux qui paient leurs courses ou taisent la disparition d’une enfant non désirée. Tout tient là, et de manière fort précaire comme la fin du film le laissera apparaître, dans la dislocation, mais c’est une précarité qui n’est finalement pas pire que le triste ordre en retrait duquel elle se tient, plus moral peut-être mais sous doute moins éthique. Tout tient là, dans les yeux et les cheveux noirs de cette enfant à croquer, comme on dit – mais là, on le pense -, qui vous mord le cœur de choupitude abandonnée et requinquée. Yuri, quand j’y pense, c’est à une lettre près et en beaucoup plus jeune mon amie japonaise de primaire, Yui, devenue malgré elle la mascotte kawaï de la classe.
Ohne Palpatine