Casse-Noisette

Arrivée au théâtre depuis la gare sans m’être cassé la figure sur les trottoirs glissants, je peste néanmoins contre ce temps de merde. – Mais non, pas un temps de merde, me corrige le mari de ma prof de danse : le temps rêvé pour danser Casse-Noisette.

Même si le froid ne facilitait pas l’échauffement et la sortie de la répétition générale s’est avérée assez épique – avec, dans le rôle du chevalier servant, notre photographe savoyard sachant conduire sur le verglas- c’est avec plaisir que j’ai floconné, arabisé et fleuri.

 

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Une arabesque complément ouverte, je sais, mais croyez-moi, c’est toujours mieux que des piétinés sur pointes molles, en dedans et décroisés à cause de cuisses-jambonneau. Les six mois sans barre se font sentir, je n’ai plus de répondant dans les jambes, ça manque de nervosité. Mais j’avais une tiare , ferait remarquer Pink Lady.

 

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Autant je lutte dans les flocons, autant dans la danse arabe, je suis chez moi.
Mode *J’occupe la scène, regardez-moi*

 

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Je me gargarise si je veux.

 

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Dos au public, je vois la drôle de tête de Clara et Casse-Noisette et je me dis que la sensation de relâchement que j’ai ne doit pas être qu’une impression : mon haut s’est dégrafé. Je me suis instamment déclarée pour le port du voile. 

Malgré les débuts de strip-teaseuse qu’il m’a involontairement fait faire, j’adore ce costume : violet, bustier court façon la Bayadère (s’il y a bien un costume qui me fait rêver, remisez les tutus, c’est celui-là), et pantalon bouffant qui fait croire que les cuisses sont du même acabit que le ventre. Et on respire vachement mieux que dans le tu-tu te’ment ser-ré qu’on se d’mande comment ‘va pouvoir danser ‘vec alors qu’on asphy-xie déjà au repos.

 

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Je vous salue Clara pleine de grâce.

 

Il n’y a que des photos de moi, c’est bien observé : d’une part,  ces photos ne sont pas les miennes  et il revient à chacun d’autoriser les photos qu’il veut bien voir publiées (en plus du photographe, n’oublions pas les modèles, ici quasiment tous mineurs) et d’autre part, c’est un comportement typique de tout danseur (amateur, du moins) de se chercher en priorité dans les enregistrements des spectacles et, une fois qu’il s’est trouvé, de chercher tous les défauts qui lui feront écarter les trois-quarts des photos (qui font encore moins de cadeau que les vidéos), au grand désespoir du photographe qui, lui, était ravi par l’effet du tissu ondulant et n’avait pas prêté attention au pied pas tendu, à la jambe en dedans ou au bras raide façon salut hitlérien. Comme dit mon médecin : les danseuses sont des chieuses ; pas parce qu’elle sont chiantes, hein, parce qu’elles sont exiiiigeantes, perfectionnistes… Nul besoin de s’arracher les cheveux, de toutes façons, j’ai un postiche :

 

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En coulisse, il y a eu l’odeur de la laque, la pose des perruques, le maquillage où il n’y a pas à craindre d’avoir la main lourde, les pleurs des lentilles qu’il m’a fallu un bon quart d’heure à mettre, la métamorphose de la prof en vieille dame à coups de crayon pour les rides et de blanc dans les cheveux, la moustache à fixer sur la lèvre de la danseuse qui faisait le père (un rôle de travesti que je n’ai pas endossé, c’est assez rare pour être souligné – on n’est pas grande pour rien), la maman de la prof qui finissait de baguer les tutus et de coudre les juponnages des fleurs, la boîte de biscuits Delacre et la redécouverte des Délichocs, les changements rapides, les petites souris qui ont toujours envie d’aller faire pipi quand ce n’est plus le moment, les mouvements pour se garder chaud et s’étirer, les sautillés pour accélérer le rythme cardiaque et se libérer le tract, le retour de la musique en loge et surtout, surtout, derrière les pendrillons de velours noir, entre admiration et cohésion chaleureuse, l’enthousiasme de ceux qui attendent leur entrée pour ceux qui sont sur scène, l’interminable équilibre arabesque de la fée Dragée, le beau développé tenu d’une fleur, ou celui de T. qui boitait encore il y a trois semaine, bah ça va, on s’emmerde pas, qu’on souffle en souriant de l’aisance de nos jeunes solistes.

8 réflexions sur « Casse-Noisette »

    1. Certains fabricants d’agrafes devraient être déclarés d’intérêt public. Ahem… On peut savoir où et quand tu te produis prochainement sur scéne ? 🙂

    2. Llu >> 1. Ceci est le produit d’une sélection radicale où je puis paraître à mon avantage. Sans compter que les costumes font une bonne partie du spectacle.
      2. Certes, je ne suis pas petite, cela peut surprendre rapport à mon pseudo. Je signalerai juste que la petite Clara qui est derrière moi peut difficilement servir d’échelle puisqu’elle a dix ans, est plus petite que la moyenne des enfants de son âge et se trouve assise.
      3. Blogspirit fait parfois des siennes. Tu peux toujours tenter de le mettre ici, s’il n’est pas trop long à taper…

      delest >> Aucune date de prévue puisque ce spectacle était le dernier pour lequel je m’étais engagée cette année. Je voudrais récupérer mon niveau avant de me lancer dans quoi que ce soit- autre que de la figuration (ce sera au théâtre du Chesnay mais la date n’a pas encore été fixée). Je peux bien vous donner le blog de la « compagnie » (montée avec un groupe d’amies – Casse-Noisette en revanche était un spectacle de l’école de danse où je prends des cours) http://eleganza.unblog.fr/, mais il est rarement mis à jour. Je crois qu’il y a un compte facebook plus actif, si vous n’êtes pas un résistant dans mon genre…

    3. Je m’en souviens déjà plus (ça va revenir).

      Oui, je crois que c’est l’association pseudo/taille qui surprend. Pourtant quand L.M. t’a montré le jour du concours (et que comme une cruche j’ai pas voulu venir dire bonjour), j’avais déjà pu voir que t’étais pas spécialement petite.

      Ça doit être l’effet d’optique photo, j’ai l’impression que t’as des jambes interminables.

      Et sinon, je maintiens quand même le wahou, sélection drastique ou pas 🙂
      Mention spéciale au magnifique costume (le deuxième).

    4. Llu >> Effet d’optique en effet, puisque j’ai proportiennellement des jambes plus petites que mon buste qui, lui, est vraiment long – d’où que le costume oriental est parfait. C’est le mère de la prof de danse qui a fait TOUS les costumes de la production, un travail admirable – et très long : il faut une semaine pour un bas de tutu (plateau, comme sur la première photo) ; quand on sait qu’ensuite il faut bâtir le bustier, le rattacher, rajouter les décors…

      bambou >> C’est un avis que je partage. Cela m’a conforté dans l’idée quej’avais bien fait de mettre une option sur la danse arabe !

    5. J’aime beaucoup les photos de la danse arabe, et de ce que tu dégages ! Mais le coup du bustier qui se dégrafe, ça a de quoi traumatiser une danseuse à vie 😉

    6. 🙂
      Le bustier ne s’est dégrafé qu’à la fin donc c’était gérable. Moins drôle avait été au conservatoire lorsque la prof avait emprunté de vieux tutus à l’opéra (génial tour dans les coulisses du coup) pour danser un ersatz de Paquita : les danseuses de l’opéra ont des jambes immenses mais des bustes plutôt courts, si bien qu’avec mon grand buste, le corset m’arrivait juste au-dessus du téton (et me cisaillait la poitrine par la même occasion). Et la prof s’agaçait de nos cambrés raides : « Tant pis si le tutu descend, c’est féminin un sein ». Bah voyons. On a gardé nos cambrés raides.

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