Journal d’août 2/4

Lundi 7 août

Qu’il m’est étrange désormais d’arriver Gare du Nord sans monter dans un TGV pour Lille ! Je monte à la place sur la plateforme d’embarquement de l’Eurostar. La volée d’escaliers me projette quelques années en arrière, cinq, six, quand la virée londonienne était annuelle. L’excitation est intacte.

Dans le train, je regrette que les enfants d’à côté ne soient pas rivés à quelque écran. Même le père flegmatique finit par craquer et demande à ce que le vroum vroum cesse ; la figurine en plastique rouge quitte alors le circuit automobile pour se lancer dans une aventure imprécise, à mi-chemin entre la guerre et les travaux de voirie. Are we gonna scuba-diving? demande l’un ou l’autre enfant avant que le train s’engouffre dans le tunnel sous la manche. C’est à présent une mini-tour Eiffel scintillante qui nage devant la vitre obscurcie. What is the name of the fish who is friend with the mermaids? J’ai l’impression d’une colle, mais la mère renverse la tête sur l’appui-tête, ferme un instant ses yeux globuleux et les rouvre aussitôt avec la réponse : Flounder. Aussi évident que Londres est la capitale du Royaume-Uni. Flounder. Je me demande sur le moment si la mère a inventé une réponse pour avoir la paix ou si elle a revu 23 fois un dessin animé que je ne connais pas. Douze jours plus tard, alors que je rédige cette entrée, Wikipédia tranche : il s’agit du nom original de Polochon dans La Petite Sirène de Disney. J’aurai gagné Flounder en plus d’un mal de crâne.

Je n’ai pas encore vu les bus rouges, les bandes jaunes et les taxis noirs que déjà je suis dans l’exaltation d’être à Londres. Je suis à Londres ! Je suis dans la file d’attente pour recharger mon Oyster Card, et je vis ma meilleure vie en dévorant sans attendre un sandwich triangle au chutney de carotte. Ce sera mon obsession du week-end : les sandwichs triangle. Pickles, chutney, cresson… Dix ans plus tard — littéralement —, l’Oyster Card de Mum a conservé 0.28 £. Un refill et c’est parti. J’avais oublié les cercles rouges sur le tissu des sièges dans le métro, logo du tube et London Eye fusionnés et répétés à loisir en un même motif. Mind the gap!

Arche décorée de flamands roses entre des immeubles
Décoration à The Yards, près de Covent Garden

Notre première journée, première après-midi, est dédiée à ce qui s’apparente à un pèlerinage : il faut passer par Covent Garden et la boutique du Royal Opera House, rallier Piccadilly, faire le plein de thé et fureter dans les étages de Forntum & Mason avant de repartir en traversant Saint James Park. À la fin de la journée, nous sommes crevées : dîner pic-nique de sandwichs triangles à l’hôtel. Les chips au vinaigre ont un tout autre goût à Londres.

Une PLV du lapin d'Alice au pays des merveilles, installé à une table avec la vaisselle assortie

Candélabre laissant deviner dans la pénombre une nuée de tasses ailées (comme le vif or dans Harry Potter)

Jolis pots de lemon curd en enfilage

Saint James Park dans une lumière dorée

Un écureuil traverse le bitume du parc avec une noisette dans la gueule, dans la lumière dorée

Un écureuil avec sa noisette dans la fourche de deux branches

Un parterre de fleurs hyper coloré

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Mardi 8 août

C’est un 6 août à Londres que j’ai découvert le maquereau fumé, et le buffet de l’hôtel me permet de célébrer cet anniversaire. J’observe pour voir qui d’autre que moi mange du maquereau fumé froid au petit-déjeuner. Personne ne semble y toucher, et je vois passer beaucoup d’English Breakfast fumant avant de repérer qui se sert un monsieur absolument fade à l’exception de ses lunettes noires rectangulaires. Bartelby prend donc du smoked mackerel au petit-déjeuner.

Immeubles londoniens

Le temps est pluvieux, mais j’ai dans l’idée de faire découvrir Canary Wharf à Mum. À notre arrivée, les hommes d’affaire sont en pause déjeuner, ça téléphone, sandwich et latte dans les recoins du jardin central. Costumes bien coupés… I’ll get back to you… oreillettes en place… of course… tous professionnels, imperméables à la pluie. En s’extrayant des buildings, je retrouve l’esplanade qui marque le début de la promenade le long de la Tamise, et de l’autre côté de la rive, l’hôtel où j’avais passé un autre anniversaire (et découvert le maquereau fumé) avec Palpatine. Londres est un palimpseste de souvenirs avec lui, quand bien même cette promenade, je l’avais faite seule, pendant qu’il assistait à une journée de présentation de MBA. J’avais gardé le souvenir d’être repassée régulièrement du front de rivière à la rue derrière les immeubles lors de certains tronçons privés  — des travaux interrompent encore un peu plus la déambulation. Mais je parviens à retrouver l’improbable petit port entre les immeubles en briques, qui achèvera de ravir Mum.

Jolie maison près de la Tamise, décorée avec des bouées de sauvetage

Une jolie porte bleue-violetteTransmutation de la pluie en thé en nous réfugiant chez Richoux. Le Richoux blend n’existe plus, la vaisselle n’a plus de liseré rouge ni les scones de raisins secs, ceux-ci sont servis dans une corbeille à pains (de fait, c’est accurate, ils partent comme des petits pains), et la vitrine de gâteaux variés tous plus riches les uns que les autres a été remplacée par moult parfums de cruffins en apparences identiques (une brioche feuilletée fourrée, désignée par un mot-valise associant la hype du croissant à la forme du muffin). Ce qui ne change pas, en revanche, c’est la sainte-trinité scone – clotted cream – confiture de fraise dans nos assiettes. Plus les années passent, plus je vide avec plaisir le petit pot de clotted cream.

Clotted cream, confiture et demi-scène tartiné

Mum m’a fait découvrir Londres, les scones, l’Earl Grey, Big Ben, Westminster, les bijoux de la reine, Liberty, Camden Market. Je continue à lui faire découvrir ce que, de la ville, j’ai cartographié sans elle : après le quartier récent de Canary Wharf, ce sont les librairies anciennes Hatchard’s et Daunt Books. Je redécouvre la seconde : j’ai toujours aimé son architecture, ses galeries, ses boiseries, sa verrière, mais j’avais aussi toujours considéré cette librairie de voyage comme n’étant pas pour moi, passant à côté de ce qu’il peut y avoir de poétique à regrouper les ouvrages par origine géographique, faisant dialoguer guides et récits de voyages avec la fiction évoquant ou écrite depuis les mêmes contrées. Les fauteuils en osier du sous-sol, où l’on dépose notre fatigue feutrée, ne sont peut-être pas pour rien dans cette ouverture tardive. Au rez-de-chaussée, Mum s’attarde devant un ouvrage richement illustré de Lonely Planet (je ne savais pas qu’ils faisaient des beaux livres !), que l’on feuillette à deux, et j’embarque le premier tome de l’autobiographie de Deborah Levy. La libraire à la caisse fait une drôle de tête quand j’étale mes piécettes pour qu’elle m’aide à trouver l’appoint ; elle m’en rend une qui me semblait pourtant avoir le bon chiffre : c’étaient des centimes hong-kongais.

Photo floue où un monsieur bien habillé avec une pochette lit dans une magnifique librairie avec un vitrail

Marylebone, le quartier de Daunt Books, plaît beaucoup à Mum, déjà en train de repérer les hôtels dans le coin pour un prochain séjour. À un croisement de ce coin chic, sur un banc, un homme en fin de carrière éructe au téléphone, se replie un peu plus sur sa pochette en cuir à chaque occurrence de « Stop this shit! » — he’s clearly loosing his’. Une poussette tourne la tête, et tout le monde au carrefour. En France, l’homme continuerait plus fort pour donner la mesure de son énervement. Ici, il parait encore plus en colère (contre lui ou son interlocuteur) d’être vu en train de perdre son flegme, tente de murmurer ses cris. Et bientôt se détourne ou se lève, je n’ai pas osé lui imposer plus longtemps un regard supplémentaire.

Ambiance du restaurant Pachamama

Glazed aubergine, heritage carrot, fried plantain, peruvian chocolate

Pour finir la journée, mieux que le triple-A, le quadruple-A du Pachamama. J’y avais brunché il y a une éternité avec JoPrincesse, et c’est la seule adresse qui m’est revenue lorsque Mum m’a demandé où l’on pourrait réserver pour dîner. J’y ai retrouvé le yaourt fumé qui m’avait marquée, ici pour adoucir des aubergines cuisinées dans une sauce fort piquante, mais fort goûtues. C’est ce qu’ont en commun les plats végétariens que nous commandons, tous relevés, avec des saveurs inhabituelles, très travaillées. Le dîner en devient festif : on s’esbaudit de chaque bouchée, chaque saveur goûtée du bord de la fourchette puis ravitaillée, ravivée à pleines fourchettées. Entre la salle sombre et les ingréidents grillés, fumés, on ne voit le voit pas très très bien ce que l’on mange, mais le dîner monopolise la conversation, on ne parle que de ça, on goûte, re-goûte de-ci de-là, les sauces séparément, ensemble, et bientôt en croisant les plats, qui se succèdent de plus en plus rapidement, au point de se juxtaposer par cuillères entières dans nos assiettes, carottes rôties au miso, aubergines façon barbecue ribs et bananes plantains. Le dessert arrive avec une bougie plantée dessus (de la glace au quinoa fumé, imaginez !) et on nous offre deux shots de liqueur, pas très fort nous assure la serveuse — Mum, qui se ne laisse pas démonter maintenant qu’elle carbure au prosecco, begs to differ.

Le quadruple A du Pachamama

Saint Christopher's place, éclairage violet de nuit

Lumières nocturnes

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Mercredi 9 août

Tout comme les chips au vinaigre, c’est à Londres que les toasts à la marmelade d’orange amère s’apprécient vraiment. Re-enactment au petit-déjeuner.

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Sous la douche, je constate avoir le corps couvert de boutons, et reprenant la notice de l’antibiotique (une infection du conduit auditif interne), je fais soudain le rapprochement avec la tension des nerfs oculaires que j’ai notée depuis plusieurs jours et la démangeaison des muqueuses ressentie dans la nuit (dénomination pudique pour dire que tu as envie de te gratter l’entrejambe comme un vieux kangourou). Mes symptômes sont en gras dans la liste des effets secondaires potentiels, et la notice exhorte à consulter un pharmacien ou un pharmacien sans tarder, l’allergie pouvant être dans de rares cas mortelle. Lorsque j’explique mon cas à la pharmacienne la plus proche, celle-ci répond que ce n’est certes pas ce qu’on a envie d’entendre lorsqu’on est en vacances, mais qu’il faut aller vérifier aux urgences, une piqûre pourrait être nécessaire — l’hôpital est juste derrière.

Long story short, on a beaucoup poireauté, Mum à la limite de faire un malaise à force de rester debout (mais refusant mordicus d’aller s’assoir plus loin dans un coin de verdure), jusqu’à ce que l’infirmière de triage, très patiente avec mon vocabulaire médical limité (les muqueuses ont été remplacées par lips et down there), prenne ma température, ma tension et estime qu’il n’y a pas besoin de piqûre. Je décline auprès de la dame censée m’enregistrer les trois heures d’attente pour voir un médecin (I can’t tell you what you do, but I would do the same) et retourne à la pharmacie acheter les mêmes anti-histaminiques que j’aurais pu me procurer trois heures plus tôt.

La pharmacienne me reconnait, me vend ce qu’il faut et me rattrape alors que m’apprête à sortir pour m’expliquer que je peux augmenter légèrement la posologie indiquée, vu qu’il s’agit d’un médicament sans ordonnance. Sa voix est douce mais ferme, posée ; on la sent compétente, d’une compétence qui ne l’a pas départie de son empathie. Mum a la même impression : cette femme inspire confiance ; si elle habitait ici, c’est elle qu’elle choisirait comme pharmacienne. C’est probablement ce que je garderai de positif de toute cette précaution inutile : l’image discrètement chaleureuse de cette professionnelle de santé, cheveux noirs, peau mate, blouse blanche, probablement d’origine indienne ou pakistanaise.

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La journée est bien entamée, le programme compromis. On tente tout de même les Kew Gardens, chaudement recommandés par Melendili et repoussés au jour du départ pour cause de météo. C’est tout de suite (après 45 minutes de métro) un émerveillement et un regret : j’aurais dû prendre les anti-histaminiques de suite pour profiter plus longtemps de cet endroit qui mérite d’y passer la journée, nonobstant les avions qui rasent le site à intervalles réguliers. Même la portion de ville qui sépare la station de métro des jardins botaniques est mignonne à s’y attarder.

Détail de l'architecture e la serre, en forme de fleur

Au milieu de jardins à la française que nous n’aurons pas vraiment le temps de parcourir, une serre de palmiers nous propulse en pleine jungle. On peut en admirer la canopée en accédant à une galerie surchauffée par des escaliers irrésistiblement coloniaux avec leur peinture blanche écaillée autour d’ornementations métalliques. Pour un peu, on pourrait nourrir un tyrannosaurus depuis cette position en surplomb.

Serre des palmiers aux Kew gardens, vu d'en haut

Merci de ne pas monter si vous avez des problèmes de santé, c’est l’aventure tropicale par 38 degrés. Une plante tente l’évasion, a trouvé une ouverture où déployer une racine téléphonique. De retour à une hydrométrie et des températures plus clémentes, on se dévisse la tête, on compare la forme des feuilles, de toutes ces essences exotiques. Je découvre comment pousse le poivre et m’amuse d’un petit tronc qui ressemble à une asperge géante — mais pas autant que de la statue d’une licorne altière dehors, que je ne peux m’empêcher de légender proud unicorn.

Mum la tête renversée pour admirer les palmiers

Une deuxième serre est consacrée aux moules à tarte flottants nénuphars, dont certaines variétés géantes, et une troisième à toutes sortes de plantes grasses et cactus. C’est déjà l’heure de repartir, sans peluche radis ni carte postale splendide — la boutique est elle aussi un lieu de perdition.

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Il n’y a pas que la Circle line et la District line qui circule aux Kew Gardens : nous l’apprenons à nos dépends, nous découvrant égarées sur une ligne orange. Entre ce pseudo-RER et un arrêt en pleine voie, notre avance fond comme neige au soleil. Le trajet retour inclut ainsi : une longue station assise sous tension, des instants de panique, un sprint entrecoupé de longues foulées essoufflées pour récupérer les valises à l’hôtel et moi qui en ressort en courant de guingois une valise cabine à chaque main (Mum me confiera dans l’Eurostar avoir du réprimer un fou rire à cet instant), le tout culminant par du slalom et des petites roues à grande vitesse dans les couloirs du tube. À l’embarquement de l’Eurostar, Mum bipe et passe, je reste coincée : l’heure maximale d’embarquement est passée entre nous deux, c’est dire si nous étions juste. Heureusement, Mum a invoqué ses anges gardiens et un employé bien luné me laisse passer, nous épargnant le supplément de 160£ par personne pour n’importe quel train ultérieur de la soirée. Moralité de cette journée : ayez toujours des anti-histaminiques et de l’avance en voyage.

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Jeudi 10 août

Canapé intensif.

Relecture d’un nouveau chapitre du roman de M. C’est de mieux en mieux de chapitre en chapitre. Préparez-vous à ce que je vous harcèle avec à sa sortie. J’hésite encore sur la punchline que Télérama lui accolerait si c’était un film dans son programme TV. Ma première take était : chick-litt de transfuge de classe ; mais quid d’intrigue en open-space ? Start-up perverse narcissique ? Le diable s’habille en sneakers ? My Little Vanity Fair?

Voyage en Calabre : itinéraire et bonnes adresses

On cherchait pour nos vacances mère-fille un coin d’Italie que Mum n’ait pas déjà visité et elle a fini par trouver : la Calabre. Le bout de la botte, tout en bas, en face de la Sicile.

L’itinéraire

Carte du bas de l'Italie avec les villes mentionnées dans l'article
Pas loin de 2000 km en tout

Mum a préparé l’itinéraire (gloire et grâce à elle) avec le guide Lonely Planet. Si vous voulez vous en inspirer, sachez qu’il est adapté à notre rythme (on ne se presse pas en vacances) et à nos désintérêts (les châteaux et les églises, c’est extra pour le décor ; si on peut être dispensées de les visiter, on aime autant). Nous, on est là pour la promenade et le régal, pour flâner et s’imprégner des ambiances. Grimper pour un panorama pourquoi pas, mais avec une glace une fois arrivées au sommet.

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4 nuits à Naples

    • Le vieux Naples 💛 💛 💛 🍽️ 🍦 
      Des ruelles, du bordel, de la splendeur, de la crasse, des églises, du bruit, des banderoles…
    • Pompéi 💛 💛 💛
      Je pensais voir quelques murets de fondation et des colonnes plus ou moins debout, et c’est une ville entière que j’ai découverte, avec des rues, des trottoirs, des murs hauts et des toits parfois, des échoppes avec leurs jarres incluses dans les comptoirs, des maisons avec leurs fresques, leurs mosaïques…  Ce sont bien des ruines, mais l’on dirait moins celles d’un site archéologique que d’une ville détruite par la guerre — surtout lorsqu’on voit la cité antique d’en haut, se détacher de la ville moderne. On y a passé plusieurs heures et on pourrait y passer facilement la journée, plusieurs journées : Pompéi est aussi longue à explorer qu’une ville encore vivante, davantage même dans la mesure où l’on furète parmi les maisons des particuliers.
    • Herculaneum 💛 💛
      Doublon de Pompéi ? Pas vraiment. Herculaneum est plus petit, mais on y découvre des étages : deux, parfois trois, un bout d’escalier ; des maisons avec leur impluvium, mais aussi des puits de lumière, tout en haut, ornés de simili-gargouilles ; et des squelettes figés dans les garages à bateau, alors que les habitants tentaient de fuir par la mer avant qu’elle n’entre elle aussi en fusion. Un tour par le musée permet de s’esbaudir de la finesse des orfèvreries (je ne me suis pas remise de la jarre violette miniature gravée dans une petite pierre précieuse…).

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2 nuits à Buonvicino

    • Buonvicino 💛 🍽️
      Un petit village aux rues pavées de mosaïques en galet, avec un kiosque, une vue lointaine sur la mer et une très bonne table. Le tout sous la houlette de notre guide félin errant, baptisé Marco il gatto pour l’occasion.
    • Diamante 💛🍦
      Il n’y a pas des masses de villages mignons au bord de la mer en Calabre, et Diamante fait partie des heureuses exceptions (aux côtés de Tropea et Pizzo), avec une jolie promenade en bord de mer et des ruelles animées par de nombreuses fresques de street art. On y déguste aussi un délicieux granité au cédrat.
    • Marina di Belvedere
      Notre premier village pierreux couleur terracotta.
    • Paola 🍽️  
      Une vieille ville bien insérée dans la nouvelle, avec une belle arche ornementée comme une église, des plantes, des églises, des ruelles…
    • Fiumefreddo Bruzio 💛
      Le village est pittoresque dans le genre pierreux, mais le wow est surtout dû au château en ruine et à la vue qu’on y a sur la mer Tyrrhénienne depuis la terrasse — un cadre parfait pour tragédie antique.

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4 nuits à Pizzo

    • Pizzo 💛 💛🍦
      Un très chouette village au bord de la mer, touristique dans le bon sens du terme : on a envie de s’y attarder, s’y installer pour le temps des vacances. Il y a à voir, c’est animé, aménagé, avec un parking où se garer à proximité et un bon choix de restaurants, une jolie plage juste là, en bas du château, des ruelles ni délabrées ni muséifiées, une gelateria familiale où viennent se ravitailler les enfants et les vieux du quartier… Tout y est pour venir s’y promener, baigner, restaurer.
    • Tropea
      Un gros village (une ville ?) au bord de la mer, touristique dans le mauvais sens du terme : on est content d’y passer, et de ne faire que ça, justement. Passer et s’en aller. C’est le Saint-Trop’ calabrais, ça grouille, de monde, de pittoresque organisé, des merdouilles à vendre à tout coin de rue.
    • Nicotera
      Un village qui mise tout sur sa vue et quelques ruelles qui semblent décorées spécialement pour Instagram.
    • Capo Vaticano
      Cette vue sur la mer.
    • Zungri 🤷‍♀️
      Quand on a visité Pompéi quelques jours plus tôt, le contraste est rude — rustre. Si vous aimez les ruines troglodytes, rendez-vous plutôt en Dordogne.
    • Vibo Valentia
      Un château, des ruelles, le cagnard, plus aucun restaurant qui sert… parfois on rate un peu une rencontre avec une ville, et ce n’est pas si grave, il y a des tartelettes à la crème de pistache pour compenser.
    • Scilla 💛
      LA Scilla de Charybde en Scylla. On n’a pourtant pas l’impression d’aller de mal en pis en visitant cette jolie petite ville, puis le village de pêcheur en contrebas : une partie des maisons a ses fondations dans l’eau, comme à Venise… Une fois qu’on a laissé le car de touristes pressés prendre sa glace à prix parisien, on savoure le calme revenu, le sourire aux yeux bleus du vendeur, assortis à la mer juste là, devant laquelle s’ébat une portée de chatons sauvages. (La plage en revanche a laissé soupçonner la dangerosité de la mer, avec des rouleaux assez violents survenus de nulle part pendant une trentaine de secondes alors que tout était d’huile…)
    • Reggio di Calabria
      La grosse ville de la région, avec une grande promenade le long de la mer, plus impressionnante que belle (un petit côté quais de Seine sur la partie en contrebas). Les arbres qui la bordent sont en revanche magnifiques.

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3 nuits à Chorio

    • Chorio
      Le village n’a rien de spécifique hormis son incroyable AirBnB de nonna vintage.
    • Bova 💛
      Quelques ruines et pas mal de rénovations en tuiles et pierres, c’est mignon, fleuri, avec une improbable locomotive à vapeur sur la place principale alors qu’aucune gare n’a jamais desservi le village.
    • Pentedattilo
      Un village fantôme au pied d’une énorme roche en forme de main, auxquels quelques durs à cuire (exposition plein Sud) essayent de redonner vie. À 32° à l’ombre, on n’a pas eu le courage d’en sortir pour arpenter ce qu’il reste de rues.
    • Brancaleone
      La petite ville moderne n’a en soi aucun intérêt, mais elle abrite un  hôpital pour tortues de mer (qui viennent pondre sur les plages de environs), et Mum avait très très envie d’aller voir les tortues de mer. On y a rencontré Gaia, bambina de 2 ans en convalescence.
    • MuSaBa 👁️
      Ce musée est à voir, dixit le guide, qu’on soit ou non amateur d’art contemporain. Le guide n’a pas tort. C’est un lieu improbable, à hauteur d’un délire d’artiste : Nik Spatari a utilisé les ruines d’une abbaye médiévale pour en faire son musée (en mode, moi aussi, j’aurai ma chapelle Sixtine torturée), et investi les environs à coups de sculptures et mosaïques — une espèce de Parc Güell au milieu de nulle part.
    • Gerace 🍦
      Gerace, le village aux 100 églises, c’est un peu comme Roubaix, la ville aux 1000 cheminées : une exagération sur fond de vérité. On n’a pas compté les églises, mais il y en a tellement dans chaque village qu’on n’a pas eu l’impression d’en voir spécialement plus que d’habitude.

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2 nuits à Santa Caterina dell’Iono

    • Santa Caterina dell’Iono
      N’y entrez pas en voiture, c’est à peu près tout ce que j’ai à vous en dire.
    • Stilo
      Nous n’avons pas visité l’édifice religieux à visiter, mais depuis la terrasse attenante, nous avons profité d’une vue plongeante sur ce joli village en pierres.
    • Stevanno 🤷‍♀️
      Apparemment, Stevanno possède une plage prisée des hippocampes, mais comme on n’en a pas croisés, ce fut sans grand intérêt.
    • Tiriolo
      Depuis les hauteurs de ce village (qui ne s’appelle ni Triolo ni Tiriolet), on peut voir les deux mers, Ionienne et Tyrrhénienne… par temps clair. Ce n’était pas tout à fait le cas quand nous y sommes passées, on a deviné plus qu’aperçu les limites bleutées des horizons, mais cela donne une idée des distances, un léger vertige peut-être à confondre vastitude et étroitesse.
    • Catanzaro
      Une ville moderne qu’on n’a pas eu le courage de visiter, dans laquelle on a seulement fait étape pour déjeuner.
    • Le Castella 💛 💛
      Nous devons cette heureuse découverte à un accident routier et des travaux de voirie : ennuyée dans les embouteillages, j’ai compulsé le guide et déniché cet arrêt non prévu. C’est une station balnéaire charmante, avec des terrasses qui donnent envie de s’y attarder. Sa plage de sable dorée (dans ce coin à galets, c’est suffisamment rare pour être signalé) a pour toile de fond un château en ruine posé sur une presqu’île : on se baigne dans une carte postale.

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4 nuits à Ciro

    • Cirò 🤷‍♀️
      Le guide indiquait que ce village au cœur des vignobles était un incontournable… en oubliant de préciser qu’il l’est uniquement pour les amateurs de vin. Il faut en effet avoir un petit coup dans le nez pour trouver du charme à ces ruelles passablement glauques.
    • Cirò Marina 🍦
      Oui, mais non, peut-être, ah ? presque, mais non. L’appréciation clignote comme un néon. Il y a du potentiel pour que ce soit charmant (de grandes plages, un petit port, un bon glacier), mais ça ne l’est pas. Une fois accepté qu’il n’y a rien à voir, pourtant, et que le farniente prend le pas sur la visite, on s’y sent bien.
    • Morano Calabro 🍽️  
      Le village s’apprécie probablement davantage de loin (par l’espace qu’il occupe sur la colline) qu’entre ses ruelles (le crépi gris a moins de charme que la pierre), mais je ne puis être objective, ravie du déjeuner gastronomique que j’y ai dégusté.

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Les bonnes adresses

AirBnB

Casa Chiara Italia à Naples
On aime ou pas la thématique Vésuve des tableaux, mais l’Haussmanien napolitain, ça en jette, avec une hauteur sous plafond délirante et un énorme lustre en cristal de famille (auquel il manque quelques pampilles… cassées ou volées, l’histoire ne le dit pas).

Chez Gorgia à Chorio 
Si cet AirBnB était un programme télé chroniqué par Télérama, son genre serait quelque chose comme : appartement baroque de nonna vintage. Il y a en trop, partout, de tout, trois Bialetti dans le placard, des affichettes en série, des tasses en exposition sur la cheminée, des victuailles dans le frigo, plus plein que quand je fais le plein, des bouteilles d’huile d’olive, fraîche ou rance, des magazines étalés sur la table basse, des produits de soin dans la salle de bain, une boîte à mouchoir dans chaque pièce, une mappemonde en guise de lampe de chevet, un meuble-machine à coudre en guise de table de chevet, des bonbonnières de biscuits et de céréales, la table déjà mise à notre arrivée… Un accueil d’autant plus incroyable que la profusion du lieu contraste avec la pauvreté apparente des environs.

Casale dell’Attiva à Cirò
L’unique agriturismo de notre séjour. Malgré une nuit où les chiens de la ferme ont beaucoup aboyé, le bruit des travaux viticoles et la virulence des moustiques, j’ai adoré notre séjour dans cette maison rustique sobrement meublée (une vague réminiscence de la chambre de Van Gogh ?) et bien bouquiné dans le salon de jardin sous la tonnelle, avec le bruit des cigales et la vue sur les oliviers.

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Restaurants 🍽️  

Matteo à Naples : à emporter ou à manger sur place dans une ambiance cantine (archi climatisée), il faut goûter la pizza fritta une fois dans sa vie (mais peut-être pas deux). Intégralement plongée dans la friture, cette curiosité ressemble presque plus à un beignet qu’à une pizza, et se digère de même.

Gastronomia Focetola à Paola : la terrasse de cette charcuterie-fromagerie donne sur une place sympathique à l’entrée de la vieille ville. J’y ai découvert la confiture de cédrat, servie en sucré-salé sur une tranche de fromage grillé : un délice !

Borgo dei Greci à Buonvicino : une très bonne table, avec vue (lointaine mais idyllique) sur la mer. On m’y a servi une polenta comme je n’en avais jamais mangée, mitonnée à l’huile d’olive et aux petits légumes du jardin, servie dans une cassolette entourée de spaghettis frits, croustillants comme des gressins. Dépité que nous n’ayons plus faim après ce primo piatto, le serveur nous a offert de délicieuses bruschettas !

L’Antico Borgo à Morano Calabro : nous sommes tombées par hasard sur ce qui s’est avéré être un sacré restaurant gastronomique. Incroyable carparccio de crevettes et burrata pour Mum, tartare de saumon à l’olive noire, cédrat et bergamote confits, glace à l’huile d’olive pour moi. Nous avons pris 3 desserts pour 2 et je ne regrette rien, bien qu’il a fallu ralentir dans les tournants en reprenant la route.
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Glaciers 🍦

On mange de très bonnes glaces à peu près partout pour presque rien (2€50 le cornet) en Calabre. Voici quand même quelques gelateria qui m’ont marquée.

Mannela à Naples
Je n’ai goûté qu’une seule glace dans cette chaîne de qualité et c’était bien trop peu (je blâme la pizza fritta).
🍦Un parfum à goûter : crema Mennella, mêlant amandes et cacahuètes, mamma mia.
🍦Un parfum à éviter : cioccolato fondante. Au chocolat corsé se mêle un parfum d’orange pas du tout annoncé (apparemment c’est récurrent).

Dal Perugino à Diamante
Je n’ai pas goûté les glaces, mais le granité au cédrat était fou : très sucré et très bon.

L’Angolo del Gelato à Pizzo
Une gelateria familiale où il fait bon revenir pour déguster environ tous les parfums une fois goûté le tartuffo, entremet glacé avec un cœur de chocolat fondant (en théorie, quand on a le courage d’attendre).
🍦Des parfums à goûter : pistache et noisette parce que l’Italie, fior di latte pour l’onctuosité, stracciatella pour sa base généreuse de fior di latte, ricotta pour l’originalité.

Bar del Tocco, di Rinaldis Giuseppe à Gerace
J’y ai pris un granité, mais quand j’ai goûté la mini-brioche archi-délicieuse qui était servie avec, j’ai regretté de ne pas avoir pris la grosse brioche con gelato (remplie de glace, oui, oui). Si vous y allez, merci de me la faire manger par procuration (la pistache fonctionne très bien avec la brioche)(de rien).

L’Antico Gelateria à Cirò Marina
L’enseigne affiche les prix obtenus dans des concours de glaciers (je me propose comme jury si vous connaissez quelqu’un qui connait quelqu’un), mais ce ne sont pas nécessairement les parfums primés qui sont les meilleurs : préférez les classiques aux inventions composées. J’y ai mangé deux glaces par jour pendant trois jours ; la serveuse, adorable et amusée, m’a offert la sixième.
🍦 Un parfum à goûter : le cioccolato fondante, réellement cacaoté par rapport au cioccolato tout court.
🍦Un parfum à éviter : pistache-amande