Expressions canadiennes… ou le plaisir d’un autre français

     Plus français que les Francais !
C’est la même langue et pourtant ! … par l’accent et par les expressions idiomatiques, la conversation peut vite tourner au quiproquo. Petite revue de détail (je vous épargne tout de même le char, le tcheum et les gosses) :
– Le dîner est servi à midi. Non que les journées soient décalées mais le repas du soir est le souper (et le petit-déjeuner s’appelle le déjeuner). Je vous laisse imaginer la tête des gens lorsqu’on leur a annoncé qu’on irait faire une excursion en motoneige et dîner dans la pourvoirie voisine !
Bon matin ! Les canadiens sont d’une logique implacable.
– A « merci » on ne répond pas « de rien » mais « bienvenue ». Ce qui laisse déjà entrevoir la grande générosité et chaleur de nos amis du grand nord.
– Notre guide trouvait que les motards en Harley Davidson se pétent les bretelles. Comprendre qu’ils se la jouent.
– Leur relation à l’anglais est pour le moins paradoxale. Influencé par leur voisin, ils veulent néanmoins garder leur langue. Aussi les panneaux stop sont-ils devenus des « arrêts ». Mais en même temps, les mots anglais envahissent la conversation.
Le musher (chef des chiens de traîneau) avant de nous confier les attelages : si on veut s’moquer, c’est maintenant. Parce qu’après on se fait traîner par les chiens ? *regards angoissés* En fait pas du tout. On devait juste ne pas smoker, de smoke, fumer.
De même on va shoper (pas choper, comme la phonétique laisse planer le doute) et non faire du shopping. On ne marque pas un but mais on score.
La règle, c’est le mot anglais francisé, après on décline.
– J’espère que jusque là vous ne trouvez par l’article trop plate, c’est-à-dire ennuyeux.
– Les hommes portent aussi des bas puisque ce sont des chaussettes. Les moufles deviennent des mitaines, les moufles canadiennes étant des cache oreilles et nos mitaines étant désignées par « des gants pas d’doigts ».
C’est correct… pas le code de votre CB mais une façon de dire « c’est bon ».
– Vu aussi lors de mon précédent voyage, les panneaux « Pieds pesants, ralentissez » « Les angles morts, voyez-y »

      Autant vous dire qu’on a fini les soirées avec le dictionnaire. Pas le Petit Larousse, comme l’aurait voulu Crevette mais avec un dico français et canadien qui donne les subtilités des deux langues.
Nous avons aussi vu Garfield doublé en canadien et c’était pas mal drôle.
La note est finie, j’ai fait ma job.

Alors, c’est à votre goût ? (question rituelle au restaurant)

Mise en bouche

      Je ne peux tout de même pas passer sous silence mes vacances au Canada. Mais avant d’affronter le froid, je vous propose de prendre des forces avec la cuisine du coin. Dès qu’il s’agit de nourriture, je suis facilement multilangue. (Quand on est morfale, c’est pour la vie). A éviter de lire après les tardifs réveillons ou en cas de famine aiguë. Autant le dire tout de suite, c’est riche, gras et sucré.

      …Exception faite du début du repas… soupe ! Ca réchauffe le corps mais également l’ambiance, puisqu’on a eu le droit à une soupe à la grimace de la part de pas mal de personnes…

        Dans les plats, je ne vous cacherai pas mon faible pour la tourtière. Tourte à la viande. Bourratif mais excellent . Deuxième élément que vous vous devez d’aimer si vous avez l’intention d’émigrer ; la pomme de terre. Ceux qui ont fait un séjour en Angleterre sont parés. Elle survient même sournoisement au détour d’un pâté chinois. Késako ? Un hachis parmentier avec du maïs en plus… qu’ils mangent avec du ketchup. Mais pourquoi chinois, notre guide elle-même n’a pas été en mesure de nous donner la réponse.

        Passons à l’essentiel de tout repas, le dessert (toujours jeter un œil à la carte des desserts pour se ménager une grande petite place). La palme de l’écoeurant revient à la tarte au sucre, qui comme son nom l’indique, est saturée en sucre genre mon-caramel-est-devenu- un-gâteau. Je n’ai pas pu avaler deux bouchées, c’est dire. Sympathique également sur pas mal de dessert, la sauce au sucre, façon j’ai-fait-fondre-ma-tarte-au-sucre. Plus digérable pour les touristes est le pudding chômeur, nommé ainsi car il n’y a pas besoin de beaucoup d’ingrédients pour le réaliser. Le summum du délice – toujours pas synonyme de légèreté – était un gâteau au chocolat – c’est international, je crois…. Laissez-vous porter par la description : brownie au chocolat sauce fudge. Ca fait rêver, non ?   

       Mais le summum a été les déjeuners, que l’on nomme nous petit-déjeuner. En buffet à volonté (je propose une modification : le buffet à outrance) : salade de fruits, pancakes en alternance avec pain doré (du pain perdu où le pain a été remplacé par de la brioche –adeptes de Marie-Atoinette, à vos marques.. prêts…) , des haricots avec une sauce sucrée, du bacon croustillant –heureusement que je ne l’ai découvert que le dernier jour parce que sinon, je serais revenue avec quelques kilos superflus. Et les bagels (forme d’un donut’s mais c’est un genre de pain)… plus étouffe-chrétiens, tu meurres. . Surtout quand ils sont tartinés au peanut butter and jelly. La guide me regardait bizarrement… l’habitude américaine n’a pas du bien traverser la frontière.

          Bon, je vous libère, vous pouvez au choix aller rejeter ce surplus de nourriture ou vous précipiter sur le garde-manger. Je vous parlerai une autre fois des activités nécessaires pour digérer.

 

Ah… PARISSSSS ou la France vue par le géant

1-     Les françaises sont poilues. Vérification incessante de l’absence de points noirs sur les jambes. Grâce à nous, cette idée préconçue disparaîtra pour quelques uns.

2-     Le français est fier, hautain, prétentieux, un poil je-bois-mon-5-o’clock-tea-le-petit-doigt-en-l’air. Demandez leur de prononcer « oui oui »,  vous en prendrez pour votre grade. Prononcez le « no », de façon net et rapide et non « nan » façon non sous peine d’amusement chez votre interlocuteur.

3-     France = pays de l’escargot et des grenouilles.

4-     Mais aussi de la mode. La jupe longue de ma copine faisait très française car élégante (la concurrence est rarement rude, les filles étant plus jolies qu’élégantes). Déclaration au vu de l’habit : « Tu m’amuses » à Tu es ma muse.

5-     La gastronomie. Les français ne font pas à manger, ils cuisinent. Eux jouent parfois à la cuisine française, revisitée à la sauce Nouvelle Orléans. Avec l’idée que c’est typically french. No ?! Pour se donner une idée des différences, demander du pain à on obtient de la brioche… Marie-Antoinette a fait des adeptes.

6-     L’absente quasi-totale de peanut butter dans notre régime alimentaire conduit à l’effondrement de leur système de valeur. Aussi vérifie-t-on que nous sommes civilisés : mais, vous avez des centres commerciaux ?

7-     On aime les eaux de toilettes. Humez cette délicieuse odeur de jambon rôti ! Il s’avère, après exhumation du flacon, de Jean-Paul Gautier. (eh non, ils n’ont pas l’air d’avoir la bosse des langues)

8-     Notre douce langue est gutturale. En témoigne BonjourrrrRRRRRR madm ! N’ont-ils jamais entendu d’allemand ? Notre belle langue leur ferait l’effet d’un bonbon suisse.

9-     Nous avalons les mots quand on parle français. ‘r you really sure of what’ you’re askin’ ?

10- La question existentielle : les français aiment-ils Jacques Chirac?

11- Que veulent apprendre les ados américains de leurs camarades français ? Quelques basics indispensable du genre Je t’aime, Je t’emmerde (Je te med’) et autre bad words. ( C’est quand m^me un comble que ces mots soient mauvais chez eux et GROS ches nous !)

12- La chanson française ? Voulez-vous coucher avec moi, ce soir… (ce qui est marrant c’est que pas mal n’en connaissent pas le sens)

 

Toutes ces listes ne sont en fait que des détails amusants auxquels on s’habitue bien. Nous sommes globalement pareils ( deux yeux, un nez une bouche… ) et l’on a même les couleurs de nos drapeau en commun !

N’allez pas croire que je n’aime pas ce pays, j’y ai eu beaucoup de fun et y ai rencontré beaucoup de gens sympas. Was nice to meet you ! (l’expression n’est pas réservée à un langage soutenu contrairement à ce qu’on peut croire)

Autres us et coutumes

1-     Comme les scouts, toujours être prêts. Sauf que ce n’est pas de la même manière. Toujours made up même pour se plonger dans l’obscurité d’une salle de cinéma.

2-     Adorer le shopping. L’Amérique est la civilisation de la société de consommation par excellence.

3-     Ne pas boire avant 21 ans mais avoir sa voiture à 16.

4-     Vivre dans un froid clim(atique) alors qu’il fait plus de 100 degrés dehors (Fahrenheit)

5-     S’arrêter au milieu de la rue pour dire I love your hair ou You look like a model (même sans intention dragueuse). Les cheveux, les chaussures et les jupes sont fortement susceptibles de déclencher ces commentaires. Sympathique, il faut bien le dire.

6-     Même style mais autre registre : demander aux passants How many rips (bourrelets) do you have ?

7-     S’habiller en minijupe sans se faire siffler.

8-     Avoir une grande expérience en écrabouillage de bestioles. (bugs)

9-     Ne pas repasser ses 1001 fringues.

10-  Etre TRES accueillant. Je me suis vu offrir par des gens à qui je n’ai fait que dire bonjour un livre (100 why living in Alabama) et un grand panier de spécialités. La famille chez qui je résidais m’hébergeait gratuitement et m’a offert un bouquet de roses rouges après le spectacle (je n’étais pourtant pas soliste).

11-  Mettre les gens à l’aise : Help yourself !

12- Zapper à l’arrivée de chaque pause pub et par conséquent ne regarder que 10 minutes d’un film. (Ne s’applique aux reality shows)

13- S’étonner et admirer les étrangers qui apprennent des langues étrangères. Une idée qui leur est… étrangère.

14-  Avoir des bornes incendies jaunes.

15- Avoir des boîtes aux lettres semi cylindriques mais où l’on ne trouve pas les journaux qui sont dans de mini sacs poubelles et balancés sur les pelouses.

16-  Tondre sa pelouse façon terrain de golf. Tout doit paraître clean.

17-  Etre patriotique. D’accord on était en juillet, mois de la fête nationale, mais chez nous les drapeaux ne restent pas accrochés dans les jardins.

18-  Pour les enfants, marcher pieds nus. A l’église, dans la maison, les centres commerciaux. Commence à poser problème sur le goudron à 45 degrés…

Car addict

1-     Emmener son mug de café dans la voiture et le boire en conduisant sa fille à la danse / au cinéma/ au tennis (cochez la mention correspondante)

2-     Vivre à bord de sa voiture. Sans en descendre, on peut tirer de l’argent et se nourrir au drive-in.

3-     Etre sans arrêt en voiture. La ville est étendue, les distances sont gigantesques.

4-     Pouvoir conduire à 16 ans.

5-     Garer sa voiture le plus près possible du magasin après avoir largué les passagers à la dépose rapide (et pas seulement à l’aéroport)

6-     Avoir des panneaux routiers verts, une double ligne jaune au milieu de la route.

7-     Regarder les feux tricolores qui sont suspendus de l’autre côté du carrefour.

8-     Pouvoir nommer Rino et Pijo ou Pujeau (Renaud et Peugeot)