L’exposition Gallimard de la BnF porte bien son titre, moins son sous-titre. « Un siècle d’édition », c’est beaucoup dire lorsqu’on oublie l’entreprise pour se concentrer sur la saga familiale. On fait comme si, en un siècle, rien n’avait changé que le prénom : Gaston, Claude, Antoine, tous des Gallimard. Mais entre « l’homme de lettres qui n’écrit pas », ainsi qu’est désigné Gaston par l’un de ses auteurs, et le PDG actuel, il y a un monde que n’explore pas franchement l’exposition. Celle-ci joue à fond la carte des archives célèbres et espère transformer le visiteur en détective-justicier qui, fort de sa culture littéraire, bouhouhisera le lecteur du comité passé à côté d’une œuvre que l’histoire a sacralisée. Je trouve au contraire fort rafraîchissants ces avis tranchés, aujourd’hui inavouables sans une avalanche de concessives. Et un roman « profondément ennuyeux, inutile et parfaitement respectable » expédié ! Les livres de compte et les contrats sont moins amusants et si, plus souvent dactylographiés, il sont souvent plus lisibles, on les lit encore moins que les lettres et dédicaces semble-t-il adressées à des archéo-grapho-logues – vive le Times New Roman. Aux lettres pleines d’amitiés et de sincères formules, on préfère vite une enveloppe décorée de Cocteau, les dessins humoristiques de Pennac (moi aussi, j’en ai un en dédicace, nananananèreuh) ou une affiche publicitaire pour la sortie de Sade en Pléiade (« L’enfer sur papier bible »). Je grappille selon mes affinités avec tel ou tel auteur et laisse souvent de côté ceux que je n’ai jamais lu. Le souci de « trouver un très bon traducteur » pour Hannah Arendt me ramène à la khâgne et je ne résiste pas à l’envie d’entendre Milan Kundera dans une de ces vidéos à la demande (j’ai bien été punie mais je me suis rattrapée avec une joyeuse table ronde autour de Daniel Pennac). De vieilles maquette font retrouver un sens au copier-coller ; on s’amuse de l’existence d’originaux pour les dessins du Petit Prince ou les couvertures d’Harry Potter ; et on découvre que c’est à une suggestion de Queneau que l’on doit les couvertures métallisées de SF.
En somme, cette entreprise d’autopromotion vaut surtout pour ses notes de bas de pages : à défaut d’une véritable visite de la maison, on s’amuse d’anecdotes croustillantes retrouvées au grenier. L’exposition n’est donc pas bien grande mais on en a vite assez de déchiffrer et on préférait retourner lire tous ces auteurs que la première salle exhibait en photos comme des trophées. Belle mise en page scène à voir plus qu’à lire.
J’ai trouvé assez kiffants les différents essais de traductions pour Gone with the wind ^^
Sinon, je suis plutôt d’accord avec toi sur le fond. Mais étant donné le caractère peu funky des fonds de bibliothèque en général, ça ne me paraît pas totalement absurde d’utiliser pour une expo des manuscrits connus et des anecdotes croustillantes, histoire d’injecter un peu de lol dans tout ça. Après, j’ai moi aussi trouvé que l’ensemble avait un côté campagne de pub mal déguisée, ce qui est dommage étant donné la richesse documentaire de départ.
Tout juste si l’on n’a pas eu « Le vent l’emportera » ^^
Je suis pour le croustillant dans les documents exposés, hein, seulement les panneaux étaient un peu trop discrets sur la fin… Il n’empêche, c’était sympa, tout comme le brunch au soleil ensuite.