Le théâtre Mogador propose une version de Grease en comédie musicale… partiellement en français. Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, la traduction passe comme une lettre à la poste 1. On ne peut pas en dire autant des passages joués, en revanche, où alternent des platitudes affligeantes de théâtre de boulevard (j’ai cru que la principale n’en finirait jamais de reconnaître ses anciens élèves dans le public après l’entracte) et des instants au quatrième degré truculents. Un de mes préférés : quand Sandy propose à Danny de venir prendre le thé avec ses parents. Je ne suis pas très thé, répond-t-il, avant d’être contraint de préciser : Je ne suis pas très parents… avec le ton parfait du petit branleur un peu emmerdé.
Le jeu des interprètes est pour beaucoup dans les hauts et les bas enregistrés : s’ils bougent et chantent bien2, tous ne sont pas aussi bons acteurs que le détenteur du rôle principal3. Sans être dans l’imitation de Travolta, Alexis Loizon adopte tous les tics de son personnage, depuis la démarche traînante qui confine au ridicule, jusqu’aux mouvements des lèvres et de la mâchoire. Très réussi ! Pour le reste du gang, la remarque d’une camarade du cours de danse résume le petit quelque chose en moins : c’est dommage, les garçons ne sont pas sexy. Pour ce qui est des filles, je laisserai Palpatine à son affaire, mais j’ai bien aimé Sarash Manesse (si c’est bien elle) avec son trombinoscope de soldats, joué là aussi avec le zeste d’ironie qui sauve tout. Parce qu’on a tendance à l’occulter derrière le souvenir des danses enthousiastes : le film est quand même très niais. À l’entracte, je rappelais ainsi vainement le passage de l’ange gardien coiffeur à Palpatine, qui a failli faire une syncope en voyant la revue de meringues débarquer.
Nous n’étions pas les seuls à être partagés à la sortie, mais j’ai quand même chanté Grease Lightning pendant deux jours sous la douche.
- Big up aux traducteurs que je ne trouve pas mentionnés sur le site du musical (comme ça pique les yeux, je n’ai pas non plus beaucoup cherché, j’avoue)
- Détail amusant : on remarque assez vite le bagage classique de Luna Chiquerille (formée chez Rosella Hightower avant de devenir danseuse au Crazy Horse), dans les grands battements de Cha-Cha lors du prom, mais aussi dans le moindre relâchement de la tête et des épaules le reste du temps. Classique un jour… ^^
- Après consultation de sa bio, tu m’étonnes Newton : Alexis Loizon a fait le cours Florent et j’ai dû l’apercevoir dans La Belle et la Bête (celui avec Emma Watson).
Grease fait partie de mes comédies musicales préférées. Je trouve la reprise version française très réussie dans l’ensemble. Le choix des artistes masculins est un peu à revoir question physique, mais le voir m’a rendu très nostalgique 🙂