J’ai vu ce film de Theodore Melfi dans l’avion,
mais il mérite une chroniquette ciné.
Ces Hidden Figures, traduites par Les Figures de l’ombre, sont plutôt des inconnues : celles d’équations manipulées par la NASA et… les premières femmes noires à y travailler comme mathématiciennes ou ingénieures sans en avoir le titre (en l’absence d’ordinateur, elles sont considérées comme des machines à calculer – computer).
Femmes et noires : double handicap pour l’Amérique ségrégationniste. On a du mal à imaginer qu’à cette époque, des toilettes non mixtes sont d’abord des toilettes séparées pour les Blancs et les Noirs – ces dernières étant évidemment implantées à l’autre bout du campus, obligeant notre héroïne mathématicienne à courir sur deux kilomètres entre deux cafés.
Fatiguées de devoir se battre pour obtenir ce qu’elles veulent et qu’on leur refuse, nos trois héroïnes se battent néanmoins, comme peuvent alors se battre des femmes noires : en persévérant, au quotidien, endurant les discriminations tant qu’il faut pour parcourir leur bout de chemin. C’est petit, progressif, épuisant : un petit pas pour elles, un pas de géant pour la communauté – comme side effect. Du coup, exit le film ronflant où l’individu s’efface derrière ce qu’il symbolise : l’empowerment l’emporte haut la main sur la bien-pensance. Les figures de génies – mathématiques ou autre – sont décidément aussi badass que les super-héroïnes vengeresses…