Jour 1
12 heures de vol / Happiness Therapy : les engueulades, c’est toujours difficile à suivre en V.O., mais la danse, aucun problème, même lorsqu’elle est de salon, même par des adaptes du jogging (et du sac poubelle comme sudette) – vague réminiscence de Take the lead / Magic in the Moonlight : troisième Woody Allen que je ne déteste pas et le premier qui m’enchante vraiment ; irrationalité de l’humain, de l’amour, de la beauté ; joliesse des chapeaux cloche
Magic in the moonlight, collée contre Palpatine alors qu’il commence à faire sommeil / Essayer de dormir l’un sur l’autre, en yin et yang ; point noir, point blanc : on n’a plus de sang dans la jambe au bout de quelques minutes / Nuit en pointillés, dactyles et spondées / Recopier son numéro de passeport dans les cases / Un métro sans dodo ni boulot / 49 boutons dans l’ascenseur de l’hôtel
Jour 2
Un groupe de taï-chi sur l’immense dalle de béton en bas de la tour de l’hôtel, puis dans un parc qu’on dirait abandonné en pleine ville ; force est de constater qu’ici, les personnes âgées ont un meilleur équilibre que bien des jeunes chez nous / Causeway Bay, Admiral, Central / Première impression de la ville, au hasard de la ligne droite qui traverse les principaux quartiers / Bruit, agitation, fatigue, insomnie / Une moitié de moitié de somnifère au premier tiers de la nuit
Jour 3
Réveil à 9h… heure française : il est 16h / Se rabattre sur Kowloon, quartier animé de nuit / Vue de la skyline depuis la promenade, avenue of the stars (elles ont laissé leur empreinte au sol mais restent invisibles dans le ciel) / Luxury brand street / Improbable partenariat Godiva – Hello Kitty / Parc pour amoureux pas trop frileux : une fontaine silencieuse et même un petit labyrinthe / Activités nocturnes : cours de sport dans le parc, prière à la mosquée / Couleurs des néons, densité de la foule, odeurs de grillade et de graillon / Des gaufres avec des protubérances d’algues rondes – un Belge incompris, sûrement / La rue de la Huchette locale, où mangent tous les Occidentaux (on ne dit pas Européens, à cause des Américains, ni Blancs, parce que tout le monde l’est) / Un marché avec des diseuses de bonne aventure, un autre avec de fruits et légumes, enfin de cartons, surtout, pour le moment
Jour 4
Départ pour l’île de Lantau et son Bouddha géant de 26 mètres / Dans le ferry, un habitué du trajet ne regarde plus la baie mais son journal (son RER, en somme) / Dans le car, des vieux sièges en cuir et une bande d’étudiants français : on apprend que la libraire en cardigan de la librairie française de Hong Kong vaut le détour (en école de commerce, je soupçonne qu’on demande Sénèque pour sa place sur les rayons plutôt que pour ses enseignements moraux) / Montée du car à travers des maisons et de petits immeubles (un, deux étages) en plein abandon insulaire – du linge qui sèche, des carcasses de bidons dans des potagers-décharges et des terrasses plus cosy / Tiens, voilà du Bouddha / Au Stabilo corail, sur une feuille collée sur un parpaing de travaux : Buddha >> / Les marches, grouillantes de touristes / À travers la brume, montagnarde, cette fois, le temple / Des bouddhas en veux-tu en voilà : cinq grosses statues dorées et du carrelage niche à statuette du sol au plafond – en voilà pour qui la représentation du prophète ne pose pas de problème / Retour en téléphérique, long de 8 mètres ; on évite les cabines avec un sol transparents
On file la thématique verte en finissant la journée dans les parcs de Hong Kong / Et toujours ces étranges banyans qui poussent sur des murs quasi-verticaux, les racines entremêlées dans les pierres (Et le banyan tire, il tire)
Jour 5
Journée en solo, avec comme idée fixe : se promener dans les collines vertes / S’éloigner du centre en longeant l’hippodrome, géant / Voir l’étonnement d’un habitant du quartier lorsque je photographie le portail d’une école primaire : il ne voit pas ce qu’il y a à photographier ; il n’y a probablement rien qu’une architecture qui fait local et qui n’est le signe de rien sinon de ce qu’il y a ici quelque chose qui doit être photographié
Le chauffeur de taxi ne parle pas anglais et l’anglais de la personne qu’il me passe au téléphone est pour moi du chinois ; je monte finalement, après avoir épelé lettre à lettre ma destination. / Une aire de jeu et de pique-nique, au soleil / Avant de pénétrer le parc, balisé mais en-dehors de mon plan, je m’arrête au kiosque ; après avoir choisi un paquet d’Oreo-like, j’hésite et me lance, lisant sur le petit panneau : Mu Wai / Mu Wai : les deux syllabes de l’inconnu, que je prends grand plaisir à prononcer / Même si je ne sais pas trop ce que je mange du bout de ma pique, c’est bon de se lancer / Arbres, torrents taris, graffiti local
Retour au bruit et au béton / Tramway touristique pour monter au Peak, où il se met à faire froid, froid, froid / Palpatine passe une demi-heure à me frotter le dos, ça vaut bien toutes les vues du monde
Jour 6
Mieux que le Peak, le Victoria Park qu’on pourrait dire juste à côté s’il ne fallait méchamment grimper / Il manque des dames à ombrelle. J’imagine très bien les colons anglais dans ce jardin à la française, avec son kiosque miniature / Les lions, comme les dragons, sont à bigoudis / Compléter les choses-à-voir-à-faire à côté desquelles on est passé : de l’encens, de l’encens, de l’encens au temple de Man Mo, et la traversée en ferry de la baie à la tombée du jour.
Jour 7
Derniers dim-sums, je commençais à y prendre vraiment plaisir / Dépose des valises, l’occasion de découvrir encore un nouveau centre commercial – avec patinoire, celle-là, s’il vous plaît, et une petite fille trop chou qui s’appuie sur un pingouin à skis / Un quartier entier en chantiers, comme si on construisait d’un coup BNF / Après-midi bonus (avec le décalage horaire, on croyait qu’on serait déjà dans l’avion), visite d’un temple et, tiens, à une station de métro, il y a un monastère, dit le guide / Trois lignes, hasard, mais sûrement le plus bel endroit du séjour : toits en bois, plans d’eau, bonzaïs, j’aurais aimé m’y attarder et pas seulement le visiter
Et puis à nouveau l’avion / Du thé noir imbuvable et un steward avec la gouaille d’un garçon de café : Air France, on est déjà revenu avant même d’avoir décollé / Mari Heurtin, que j’étais fort marrie d’avoir loupé ; une histoire à la Helen Keller, avec le bonus bonnes sœurs – les bonnes sœurs me fascinent ; celle-ci parle trop vite, l’actrice parle trop vite, exagère la ferveur, mais en fait non, la bonne sœur, condamnée à court terme, parle trop vite de peur d’être morte avant d’avoir dit ce qu’elle avait à dire et fait ce qu’elle avait à faire. Pour la jeune fille sourde et aveugle, tout se découvre avec les mains. Ode à la sensualité poursuivie par un court-métrage choisi au hasard (il reste peu de temps avant l’atterrissage), une aveugle, là aussi, qui de surcroît sculpte la terre glaise (et le corps de ses modèles, jamais deux fois le même) / RER du matin, chagrin / Comment peut-on trouver la force de sa maquiller dans le RER B à 6h du matin ? / Tenir éveillée, tenir (jusqu’à repartir)