Lundi 21 août
J’ai mis quelques années à accepter l’invitation de mon amie M. à lui rendre visite à Chamonix. Le temps de trajet me rebutait. Et effectivement, c’est un peu infini sur la fin.
Au Relay de la gare, je crois reconnaître Guillaume Diop sur la couverture d’un magazine, avant d’apprendre que c’est le fils d’un people royal de Monaco — chacun ses célébrités. Je ne connais plus la moitié des titres exposés en tête de gondole. À deux doigts d’acheter un livre-magazine sur le fromage intitulé Permis de puer.
Dans le TGV, ma voisine porte une French manucure sur des ongles coupés carrés ; elle examine une crème hydratante dont la marque est raccord avec notre destination : LΛNeige. Avec un Λ à la place du A. Ironie d’utiliser un signe lambda pour se distinguer. J’imagine bien la marque prononcée avec un accent anglais, comme dans la publicité avec Julia Roberts — le vie est bêle.
Le TGV est plein de gens riches. Tout s’éclaire quand je me rends compte que c’est la ligne que j’avais empruntée pour rendre visite à Eli à Lausanne. Je suis à nouveau dans une rame en bout de train, et le mal de cœur n’est pas loin (même si cette fois, je n’aurai pas besoin de Coca).
Je vis le trajet avec modération : lis un peu, observe un peu, dessine un peu, m’ennuye un peu.
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Le TER est bondé. Une mère installe son tout jeune fils dans le siège en face de moi et s’assoit sur la marche (j’avoue ne pas lui céder ma place, pensant qu’elle pourrait s’asseoir elle et le prendre sur ses genoux). L’enfant est du genre curieux, en pleine phase exploratoire. J’ai le choix entre tenter de l’ignorer en me lançant dans une activité en autarcie, au milieu de laquelle je ne manquerai pas d’être dérangée, ou pousser la sociabilité jusqu’au co-parenting.
La maman me rappelle la professeure de danse chez qui j’ai pris des cours particuliers en parallèle du conservatoire, et qui devrait m’accueillir pour mon stage de fin d’études. Les filiations physionomistes de ce genre ne cessent de me sauter aux yeux ; elles biaisent mes a priori, et peut-être est-ce pour le mieux, pour cette maman-là. Elle est partie du Havre ce matin. Pas de Paris, du Havre. Seule avec son enfant, dont c’est le tout premier trajet en train. Elle le fait observer tout ce qu’elle peut, jouer avec tout ce qu’il peut, notamment un livre-jouet en tissu, dont les boutons ont pas mal de succès, mais moins que les toupies perfectionnées du pré-ado à côté de lui avec sa grand-mère. Lui aussi veut bien faire mais ne sait pas trop se comporter ; il se fige pour éviter le contact quand le tout-petit empiète sur son espace.
Je propose du gribouillage sur l’iPad, mais le bouton central de la tablette et le capuchon du stylet sont vachement plus amusants que le dessin. Le mécanique l’emporte encore sur le numérique. Voyant que la poignée d’une valise appartenant à la famille du carré d’à côté attire ses convoitises (mais crispe les détenteurs de ladite valise, bien qu’ils aient eux aussi deux enfants), je descends la mienne de l’étagère au-dessus de nos têtes et c’est l’extase : un gros bouton à manipuler, une immense poignée à faire surgir de nulle part. Le tour de magie se révèle un excellent exercice de motricité : mine de rien, ce n’est pas évident de maintenir une pression (du bouton vers le bas) pour tirer (la poignée vers le haut).
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À côté de notre village-pour-éduquer-un-enfant, c’est la famille parfaite : deux parents, deux enfants, tous d’une beauté plastique assez improbable. Mais surtout : ils tirent de leur gros sac à dos de marche une gâche aux pépites de chocolat et des crêpes industrielles comme celles que je mangeais chez mon père. Je me retiens d’en demander un bout, et les deux goûters s’inscrivent dans ma liste d’envies obnubilantes qu’il me faudra manger pour m’en défaire.
Mardi 22 août
L’accrobranche ne me fait pas spécialement envie, mais M. a l’air d’y tenir, et il fait chaud, alors nous voilà en baudrier sous les arbres. Souvenirs d’adolescence où je faisais le grand écart entre deux rondins de bois. J’ai depuis perdu en aisance et gagné en vertige. À l’arrivée d’une tyrolienne, je m’arc-boute pour saisir la poignée jaune qui permet de ne pas repartir en arrière, et sens un étirement malvenu dans les lombaires. Je prends soin de gainer les abdos à l’arrivée des tyroliennes suivantes et globalement dans le reste du parcours. M. grimpe seule dans le dernier, noir comme une piste, et j’endosse le rôle confortable du photo-reporter au sol (qui se fait rabrouer quand l’enregistrement devient témoin d’une difficulté). J’ai l’impression de m’être arrêtée à temps et d’avoir limité les dégâts, mais le mal est fait.
Un peu de taboulé et une glace chocolat-myrtille plus tard, nous sommes sur le retour. Le sentier forestier nous promène pendant un peu plus d’une heure, mais il n’y a rien de trop pour que M. m’expose la situation professionnelle qui la préoccupe. Elle expose tout méthodiquement (c’est son habitude, je sais qu’il ne faut pas l’interrompre), recommence depuis le commencement (cela me remet en tête les épisodes précédents) et y revient par des boucles qui réordonnent et autojustificent autant qu’elles ressassent (c’est là que je commence à me dire qu’elle ne va pas bien). Elle le dit elle-même, que ça ne va pas, mais c’est la manière de l’exposer qui m’inquiète plus encore que le constat partagé sur sa santé mentale. Le chemin met fin à un cheminement qui n’en a pas.
Le soir, on souffle mes bougies. Je me vois offrir un gâteau et un lama d’anniversaire. <3 Et un cadeau plus orange tu meurs. She knows me well.
Mercredi 23 août
Randonnée au glacier du Tour : 3h de bus, 4h de grimpe et de désescalade, 1800 pas, 510m de dénivelé. Et ce que les chiffres ne disent pas, ou mal, à commencer par la qualité du silence dans les œufs puis la montage. Le bruit se raréfie comme l’oxygène, et pourtant, il y a la musique d’alpage à l’arrivée et la conversation quasi incessante tout du long. Pour des raisons de souffle, il s’agit essentiellement d’un monologue — je marque mon écoute par interjections et monosyllabes. Je saurai tout de G., si je ne la confonds pas avec L.
J’ai du mal à faire attention à, simultanément, où je mets les pieds, ce qu’on me raconte et ce que j’aperçois quand j’immobilise mes pieds et relève la tête. M. s’étonnera de ce que je traîne à plat et accélère en montée ; c’est seulement quand je découvre au détour d’une falaise la montée qui nous attend que je comprends le quiproquo : ce que j’imaginais une promenade, certes exigeante physiquement, a été prévu comme sortie sportive, seulement adaptée à mon piètre niveau. On ne s’arrête pas pour admirer, contempler, s’imprégner ; on s’arrête pour boire, remettre ou enlever un vêtement — à la limite pour photographier, c’est mon passe-droit de touriste. Les gens parlent toujours des paysages spectaculaires, mais je n’ai jamais compris : dans la randonnée et l’alpinisme, on regarde toujours ses pieds. Voilà qui a le mérite d’être clair.
Je fais le deuil de la promenade en embrassant de mon mieux la dimension sportive. M., surprise, remarque avec satisfaction que j’ai une bonne proportion de muscles pour mon poids : je crache mes poumons, mais remercie mes quadriceps de danseuse. M. me rassure, m’encourage et me cravache en alternance. Il ne faut pas lambiner, ni à l’aller (le refuge cesse de servir à déjeuner à 14h) ni au retour (les œufs cessent leur rotation à 16h). La dernière portion jusqu’au refuge est caillouteuse, il faut mettre les mains. L’odorat décuplé par les règles, je suis envahie par une odeur souffreteuse : ça sent la meuleuse.
Au refuge Albert 1er, la tête me tourne presque. Nous sommes au bord du glacier, de ses crevasses bleu féerique, gris sale, et nous rentrons comme si de rien n’était dans un restaurant surpeuplé. Des familles, des sportifs et des étudiants d’école de commerce bavardent, mangent des morceaux, boivent des coups. Cela me semble incongru, mais on rentre en chaussettes, les chaussures laissées à l’extérieur comme à l’entrée d’une maison japonaise ou d’une mosquée. M. ressort mettre mon T-shirt à sécher, alors que j’enfile à même la peau la polaire technique qu’elle m’a offerte. On se retrouve comme si de rien n’était devant une espèce de welsh montagnard pour elle (une croûte) et une salade aux falafels pour moi — improbable. La digestion à peine entamée, on repart déjà : on a toujours l’impression que c’est trop tôt en altitude, mais en reprenant doucement, ça va. Et ça va.
Ça va moins à Paris, au téléphone : le boyfriend risque de ne pas avoir son prêt, et des emmerdes financiers.
Jeudi 24 août
Mon amie M. reprend le boulot, c’est une journée solo tranquille pour moi, malgré les monceaux de recommandations impliquant de se lever tôt et d’aller se frotter aux touristes dans des remontées mécaniques onéreuses. Tu ne peux pas venir à Chamonix sans — si, je peux. Par paresse, par pingrerie, par envie de tranquillité… parce que je suis venue rendre visite à mon amie avant de visiter la vallée.
On est à la montagne, mais on est en ville ; paradoxalement, la nature est partout, mais presque nulle part accessible à pieds. J’ai envie de promenade simple, sans arsenal organisationnel et me rends à un petit lac voisin, qui n’était pas pour rien absent des recommandations. Après quelques chapitres de Les Débuts, Par où recommencer ? (et encore, je ne suis pas certaine du pluriel), me voilà dans le bus pour retourner au lac des Gaillands.
Bis repetita placent, je peux vérifier que le sorbet myrtille se marie décidément divinement bien avec la glace au yaourt. Je recommence Les Débuts, Par où recommencer ? là où j’avais laissé le marque-page. Je n’en finis pas de reprendre ce livre, qui n’en finit pas de commencer, même après en avoir dépassé la moitié. J’essaye de m’arrimer au lieu par la lecture, de profiter de ces sorties de chapitres pour retourner plus attentive à ce qui m’entoure, mais je papillonne de l’un à l’autre.
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Dans le centre de Chamonix, je découvre une librairie dans laquelle il fait bon flâner. Je regarde avec une curiosité désintéressée des sélections pour moi inhabituelles, essais sur la montagne, récits d’alpinistes, ce que nous fait le paysage, bien se nourrir pour un trail. On reste pourtant dans une librairie généraliste, avec des romans qu’on trouverait partout ailleurs, mais elle est, comme le reste de la ville, la vallée, ses habitants, ses touristes, tournée vers la montagne et les activités qui s’y déroulent. D’habitude, les passionnés se rencontrent dans des lieux circonscrits (un théâtre, un gymnase, un champ le temps d’un festival…) ; ici, le microcosme fonctionne à l’échelle de la ville entière : les boutiques de vêtement sont des boutiques de sport, les bus sont plein de gens équipés, aux mollets galbés, et les T-shirt affichent leur allégeance à telle course ou trail passé. Pour une fois, les chaussures de marche que je porte comme baskets tant elles sont confortables ne dépareillent pas (« des Merell, non ? » note le compagnon de M. au premier coup d’œil).
La librairie, donc. Haute sous plafond, lumineuse, des tables qui ne gênent pas la déambulation. Il y a même une exposition au sous-sol, des collages de paysages — montagneux, évidemment. Des papiers déchirés avec délicatesse pour faire sentir quelque chose de notre fragilité face à la dureté des roches. Ça m’interpelle assez pour que je laisse un mot dans le livre d’or. Il y a l’espace pour ça, dans cette librairie. Je flâne sans m’excuser mentalement de ne rien acheter — d’ailleurs j’achète un livre, pour offrir. C’est un poche, mais la libraire ne m’en fait pas moins un magnifique paquet cadeau. Tout en dévidant le rouleau de scotch, elle me raconte que c’est son père qui lui a fait découvrir ce roman, et que depuis, elle le fait découvrir au plus de monde possible. La dame avant moi à la caisse le connaissait déjà (mais pas par la libraire : ses montages à elle sont dans le Jura) ; elle s’est enthousiasmée quand elle m’a vue le soulever de la pile, c’est génial, et de moduler-minorer : comme lecture facile, ça se lit très bien et c’est… (un mot ou un geste qui provoque de l’enthousiasme), ça fait… (un geste suivi par un verbe que j’ai oublié : mouliner, réfléchir, penser, mais dans un sens moins abstrait, plus lié à l’expérience). J’ai oublié les mots, retenu l’élévation de l’attention, l’enthousiasme qui relie.
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Soirée sushis, vite écourtée par la fatigue de ceux qui ont bossé. Flagrant comme le travail ruine le temps personnel.
Vendredi 25 août
Je le sens arriver sous la douche : le lumbago. C’est tout une épopée pour sortir de la baignoire et aller m’allonger à même le sol dans le salon où télétravaille M. Je dérange et ne peux faire autrement. Elle continue tant bien que mal, après m’avoir demandé si ça allait : non. On attend son compagnon, qui doit avoir une ceinture lombaire quelque part, et qui en a effectivement une, beaucoup trop large.
[En rédigeant ceci, je pense à l’ostéo-psy qui, à propos de mon dos bloqué pour la énième fois, m’a demandé si je me sentais à ma place dans ma vie ces temps-ci. Chez M., je me suis sentie à la fois chez moi et de trop — parce que trop comme chez moi, alors que je n’y étais pas ? Peut-être ai-je trop pris mes aises. Je me suis tout de suite sentie bien dans leur appartement bien pensé bien aménagé, et ils m’ont très gentiment laissé leur chambre, dont la mansarde m’a rappelée celle que j’occupais chez mon père après son divorce — un abri ouvert, la porte sans pêne à la place de la mezzanine à découvert.]L’aller-retour à la pharmacie sera ma sortie du jour, à petits pas de mamie geisha. Je me fais un nouvel ami : la bouillotte mouton déguisé en licorne, qu’il est fort étrange de devoir placer au micro-onde. Le chat me regarde comme s’il était le prochain animal à poil que j’allais griller.
M. m’a laissé sorti à feuilleter La communication en BD et La PNL en BD. Je feuillette, et doute : ne serais-je pas envahissante à essayer de ne pas être un boulet ?
La fatigue est moins immédiate que la veille : on entame un jeu de cartes, un escape game qu’on abandonne avant de l’avoir terminé. Esc escape game. Ma principale contribution aura été de penser à prendre les cartes étalées en photo avant le rangement — c’est dire si j’ai le neurone vif lorsqu’il s’agit d’être créatif avec du calcul mental.
Vendredi 25 août
Rêve chelou (inspiré de conversations sur la drogue du zombie ?) : je suis avec le boyfriend dans une maison de plein pied aux multiples ouvertures, dans l’excitation douce du désir, mais il y a intrusion, nous nous munissons d’une arme de fortune, une râpe-à-pieds géante en plastique mou, et surgit une créature inquiétante le buste à angle droit des jambes, sans visage, un pied ou un bec inopérable en guise de tête — instant de soulagement (ce n’est pas le plus dangereux) vite repris par l’inquiétude (comment s’en débarrasser ?).
Matinée pluvieuse, à goutte et à verse. Le chat dort sur le canapé. Je cuve mon lumbago.
Samedi 26 août
M. passe la matinée à bosser en ville sur son roman, seule. Je ne sais pas si je suis déçue ou soulagée. J’élude. Le boyfriend à Paris me parle à l’oreille tandis que je piétine seule sur une place à Chamonix, avant de retrouver les autres au restaurant : mon amie M., son compagnon et une quatrième personne, qui me rappelle Anne-So la blogueuse. Je ne sais plus trop ce qu’elle ou moi fait là, mais la pizza est bonne et rester penchée sur ma chaise blanche soulage un peu mon dos. La semaine a été longue, se bornera à remarquer le compagnon de M alors que nous remontons en voiture en faisant de l’humour noir à base de conduite et d’airbag.
Dimanche 27 août
L’ambiance est plus détendue pour cette dernière journée, peut-être parce que tout le monde le sait.
Dernière virée dans le centre de Chamonix. Je m’esquive pour acheter une carte d’anniversaire et la rédige avec un peu d’émotion sur un coin de comptoir, avec le stylo enchaîné dédié aux grilles de loto et de PMU. C’est n’importe quoi, ça m’amuse beaucoup. De retour, je glisse la carte dans le paquet de la librairie et confie le tout au compagnon de M. pour qu’il le lui offre le jour J.
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Changement de TER. Un monsieur blanc de cheveux et de peau dit au revoir à un monsieur noir un peu plus jeune, et pénètre avec lui dans le train. Son regard glisse sur la couverture en anglais de la femme qui me fait face, s’arrête sur moi. Après m’avoir demandé si je parle français, il me confie son compagnon qui n’a pas l’habitude de prendre le train et ne voudrait pas rater sa correspondance TGV. Ça tombe bien, vérification faite, nous sommes dans la même rame 17. Serons : le TER n’a pas de rame ni de place numérotée.
Mon nouveau voisin a des chaussures de marche, comme tout le monde ici, mais pas de bagage, pas d’en-cas, pas de distraction. Rien qu’un billet imprimé sur une feuille A4 pliée. Les montagnes cessent d’être un terrain de villégiature pour redevenir une frontière — voici l’Italie proche, la migration lointaine. Calais et tout le cours du semestre passé sur les frontières se matérialise à Chamonix, installé à côté de moi. Je ne voudrais pas l’ignorer, mais ne sais pas comment engager la conversation sans que mes questions tournent à l’interrogatoire et le mettent dans l’embarras. Ni lui ni moi n’avons envie de discuter, et d’un commun accord mal accordé, tout de gêne dissimulée, nous vaquons qui à ses rêveries qui à ses inquiétudes. J’échange davantage de banalités avec ma voisine lectrice, qui à ma surprise parle français : comme le monsieur aux cheveux blancs, j’avais supputé une étrangère à sa lecture costaud en VO.
Au changement, je ne réussis pas à masquer ma douleur et mon voisin sans bagage propose de prendre le mien. Ça me semble le monde à l’envers, que ce soit lui qui m’aide ; je décline, sans voir que je nous prive d’un pied d’égalité. Tout le train se dirige vers le quai du TGV, je suis autant que lui. On attend devant le repère de notre rame, je propose, il refuse de partager mes carottes-houmous au pesto (qui coulera dans mon sac), je ne sers décidément à rien. Nous sommes soulagés de nous quitter en montant à bord, lui à l’étage, moi en bas. Je retourne à mes problèmes simples, mon petit lumbago de privilégiée qui trouve le temps long, mais un chez-soi en arrivant.
From Mont-Blanc to Montrouge real not quick.
Lundi 28 août
Je retrouve le boyfriend, et la facilité d’être chez soi même si chez lui. Il m’a manqué, je le lui dis. Plusieurs fois. Je me rends à peine compte de la répétition. C’était si horrible que ça ? m’interroge-t-il en retour. Non, évidemment. Mais c’est clair comme jamais que c’est de lui que j’attends du réconfort.
The French Dispatch. J’ai du mal à suivre, mais ne m’ennuie pas un instant. Ennui-sur-Blasé, cette trouvaille toponymique est du génie. (Timothée Chamalet remplace pour sa génération Louis Garrel dans le rôle de l’étudiant parisien agaçant.)
Mardi 29 août
Mon ancienne ostéo parisienne me reçoit dans son si joli cabinet. Elle porte un T-shirt avec un jeu de mot où mère remplace mer, comme si son rôle familial ne transparaissait pas sur son visage cerné (2 ans à ne pas faire ses nuits).
Quitte à être dans le quartier, je vais chercher des banh mi. J’ai beau avoir des réticences, je finis toujours sur les traces de mon ancienne vie. La progression est laborieuse.
L’Île aux chiens. Les meilleurs moments : quand Wes Andersen prête un flegme britannique à ses toutous d’animation.
Mercredi 30 août
Grasse matinée de récupération après l’ostéo.
Rêve proche du réveil : le boyfriend s’écartait de moi et je ne comprenais pas le rejet, je ne voyais qu’ensuite l’enfant qu’il tenait-protégeait dans ses bras et qui s’interposait entre nous.
J’ai tellement bien visé pour le livre offert à M. qu’elle l’a déjà. Damned. Il ne me semblait pourtant pas l’avoir vu dans sa bibliothèque ; et pour cause : son compagnon lui avait emprunté pour le lire à son tour. Je maugrée d’avoir raté mon coup et rappelle l’existence du ticket d’échange à l’intérieur de la couverture, mais M. ne semble pas gênée par le doublon, hésite même à le conserver comme porte-bonheur.
King’s Man, première mission. À part une scène de combat fort drôle où Raspoutine attaque en déboulé et esquive en danse cosaque, le film m’a ennuyée par sa grandiloquence.
Serait-ce la fin de la trêve du ciboulot ? Les appréhensions reviennent.
Jeudi 31 août
Rêve proche du réveil : je dois préparer un court cours de danse jazz, je revois x fois le premier exercice d’échauffement, pourtant simple, avec des bras qui se balancent. Doute sur la musique : faut-il un 2 ou 3 temps ? Je dirai(s) trois, ça balance plus.
La rentrée s’approche.
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En plein aprèm, on se décide pour Kodawari Ramen.
Quelques jours avant le terme de ma grossesse, lecture de ton mois d’août. J’attendais que la charge mentale se calme et plus d’espace mental pour pleinement en profiter. Je retiens particulièrement l’idée du ‘feuilletage sonore’ et je pense ne pas être la seule lectrice qui se sent provoquée par l’évocation de ce livre de poche sans qu’une seule fois tu n’en dévoiles le titre !! On veut savoir 🙂
Ça me touche, cette anticipation de la lecture de ce blog alors qu’il y a tout autre chose en jeu. Non mais cette annonce, au détour d’un complément circonstanciel de temps, comme ça, là ! Sacrée tornade en perspective.
Le titre du roman m’avait échappé. Après une recherche Google pointue (roman autrice montagne start-up), il s’agit de Kilomètre zéro, de Maud Ankaoua.
Haha j’adore, moi qui aime tant chercher, tâtonner et combiner les bons termes (et trouver !), je suis déçue de ne pas avoir eu l’idée seule de la requête Google pour essayer d’identifier le titre en question. Merci !
Il ne faut pas être déçue, on ne tombait pas dessus avec roman-autrice-montagne ; il m’a fallu ajouter « start-up » pour le voir apparaître, et l’indice ne figurait pas dans le post de blog. 😉